Godless
7.4
Godless

Série Netflix (2017)

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En ce moment, je suis l'heureuse victime d'une folle et inépuisable envie de me retrouver dans le Far-West. J'ai donc visionné plus de westerns cette semaine que dans toute mon existence. Un après-midi, j'eu encore plus le besoin de voir des chevaux et d'entendre des coups de feu... mais je déteste regarder des films en pleine journée. L'idée de ressortir ma console poussiéreuse et d'enfiler les bottes de John Marston pour quelques merveilleuses heures m'a effleurée l'esprit, mais sans la découverte, un jeu vidéo a tout de suite moins de charme. J'ai donc cliqué sur le raccourci menant sur Netflix pour trouver une série reprenant les codes d'un de mes genres cinématographiques préférés. Westworld se présentait à moi. Trop longue ! Puis, après de longues minutes de recherche, j'ai croisé le chemin de Godless. Je ne me suis même pas penchée sur les détails, il m'a suffi de voir les termes de "mini-série" pour appuyer sur "play".



"Welcome to no man's land"



Le premier épisode d'une série est primordial. Un pilot, comme on dit, est censé éveiller en nous l'irrépressible besoin de connaitre la suite de ce que l'on regarde. Pour moi, Un incident à Creede ne fait pas ce travail là.
C'est vrai, au début, j'étais à la fois charmée et pétrifiée devant le massacre découvert à Creede. Le prologue m'a donc fasciné. Je me suis dit : "Voilà ce qu'un western doit faire ressentir à son public ! Voilà ce que nous avaient promis Hostiles et tant d'autres sans y arriver !". Puis, ça s'est gâté. Après le générique d'introduction, l'Episode 1 prend trop son travail inaugural au sérieux et perd son auditoire (ou en tout cas moi). Les défauts sont nombreux.
Le principal étant le montage. Les séquences centrées sur un personnage en particulier se succèdent, coupées sans justesse et avec une brutalité dévoilant un manque de travail assez conséquent. Les expositions des différents protagonistes sont courtes, bringuebalantes. On a donc le temps de rien, même pas celui d'apprendre à connaître les héros, ni celui de les différencier les uns des autres. On sait juste une chose : il y a un méchant et il tue des gens pour le plaisir.
L'histoire, a donc, pour l'instant bien des lacunes. Elle ne sait même pas accrocher le spectateur. Car, comment faire lorsque après 1h10 de visionnage on ne comprend toujours pas dans quel genre d'intrigue nous sommes plongés ? J'ai failli, moi, m'arrêter à la fin du premier acte et partir me chercher une autre occupation.
Deux raisons sont la cause de mon obstination à achever l'œuvre :
- Jack O'Connell ;
- eeeeeet... Jack O'Connell.
Oui, je sais, ce n'est pas très sérieux de s'arrêter sur le physique de quelqu'un. Mais, depuis que j'ai vu Money Monster il habite mes pensées jours et nuits. N'empêche que grâce à lui j'ai vu Godless en son entier et que j'ai pu apprécier ses sept heures restantes à leur juste valeur. Car, le tout s’améliore dès le second épisode.



Premiers séjours à La Belle



A partir de Les dames de La Belle, les défauts du premier épisode s'estompent. On entre mieux dans l'univers et l'œuvre nous emporte.
La qualité principale de la série se révèle très vite être sa capacité à nous faire entrer dans le quotidien de La Belle. On ne se lasse pas de voir les personnages progresser dans leur village. Roy Goode, Alice Fletcher, Mary Agnes McNue et Whitey Winn sont ceux qui sortent le plus du lot. On a envie de les voir toujours à l'écran parce qu'ils sont différents, plus construits. Et finalement, c'est grâce à eux que l'intrigue devient addictive et qu'on ne peut s’empêcher de regarder le plus d’épisodes possible. On finit même par nous attacher au lieu lui-même car on en connait les moindres recoins et tous les habitants, ne serait-ce que de vue.
Les points visuels visiblement négligés dans la première heure de la production sont travaillés jusqu'à sa fin. Le Far-West n'a jamais été si beau. Les cadrages et les couleurs font honneur à l'Ouest comme peu l'on fait avant. Les massacres angoissants sont filmés avec justesse pendant ou après, et contrastent avec les paysages aux tons chauds et rassurants des plaines désertiques. Le montage n'est plus aussi brusque et les changements de séquences se font plus lentement, nous laissant le temps d'apprécier.



Des êtres sans Foi ni Loi



Au sein de La Belle et partout autour c'est hostilité et cruauté. Le désir de tuer n'est pas qu'une simple idée agressive mais un acte réel. Tout le monde a son arme chargée sur lui, personne ne laisse de chance à l'autre. Il n'y a pas que le méchant pour se montrer aussi impitoyable. Personne n'est totalement bon, même les gentils qui ont tous, ou presque un passé douteux. La brutalité est alors montrée comme ce qu'elle est vraiment : une part de l'humanité. Et "il est (aussi) humain d'aimer" comme le signale un pasteur.
Frank Griffin est un Homme. Pas un Méchant. Frank est croyant, bien veillant, aimant. Il ne participe pas aux massacres dont il est le commanditaire, il ne se sert presque pas de son arme, il s'habille en pasteur, aide son prochain et aime tout être comme son propre fils. Et quand il est poussé par sa névrose à faire le mal il ôte ses habits de prêtre. Mais Frank a un passé douloureux, le jour où il a foulé le sol du Nouveau Monde il a participé à une boucherie. Une boucherie qui ne le quittera jamais plus. Et il est obligé de faire le mal. Même, il fait le mal par gentillesse. Un méchant nuancé comme Frank l'est c'est rare. Et une valeur rare est appréciée à son juste prix.
Finalement, un seul personnage n'est pas suffisamment façonné : le Sheriff Bill McNue. Il est absent de l'écran une bonne majeure partie de la série et quand il est là il ne sert pas à grand chose. Pourtant, l'acteur (comme tous les autres du casting) se montrait particulièrement bon.



Un contrat de 8 heures c'est un contrat de 8 heures !



Godless a un défaut récurant : son manque de rythme créé par les flashbacks et certaines scènes "meublage".
La série use de flashbacks plus de fois qu'il ne le faudrait. D'abord, c'est un procédé cinématographique que je déteste particulièrement. Mais, dans certains cas il se tolère, voire, il est essentiel ! Ici, ça n'a rien à voir, on sent que le réalisateur a voulu faire durer le suspense le plus longtemps possible et les nombreux flashbacks ne rajoutent rien d'important à l'histoire. Le passé d'Alice aurait pu, par exemple, être exprimé autrement.
Les scènes de "meublage" sont nombreuses, il y a même un épisode entier de "meublage" : l'avant dernier, plus court que les autres, présent pour retarder le final. Parfois, c'est lassant et du coup le contenu devient plus lent, moins appréciable. Mais, toutes les séries font ça, et celle-ci n'est pas celle qui en use le plus (je pense notamment à Stranger Things qui a bien trois épisodes de "meublage" en seulement une saison).



"Quand la musique s'arrêtera..."



Le final de Godless est décevant et bon à la fois. Déjà, on sait qu'on a finit, et pour ça on est triste. Triste de quitter La Belle après tous ces moments passés en compagnie de ses habitants, et on est pressés de savoir la fin. Mais il y aussi des qualités et des défauts.
La bataille de fin est capable de clouer le bec à Les Sept Mercenaires 2016. Elle nous montre que les pertes doivent être des deux côtés pour être réalistes. Et puis, elle est plutôt bien mise en scène avec cette fumée, ces coups de feux et ce petit endroit défendu par des femmes de caractère. Par contre, elle soulève un problème majeur : on ne s'est pas attaché aux personnages. C'est vrai, je ne suis pas une grande sensible, mais aucune des pertes ne m'a fait verser une larme, je n'ai même pas ressenti l'ombre d'une anxiété avant le combat final.
Et, la toute fin m'a un peu déçue à cause de son retour au "Happy Ending" bien trop rapide.


Donc, Godless est une œuvre qui commençait mal et qui a quelques défauts comme un rythme ralenti par certains procédés et un montage parfois trop sec. Mais, elle sait se rattraper et devenir addictive par son traitement des lieux et son travail sur certains personnages.

LapinouBleu
6
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le 18 juin 2018

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