À point

Cet avis concerne principalement la seconde saison de cette série, qui est un petit bijou audiovisuel.

J'avais regardé la première saison car j'étais fan de Mikkelsen et du Silence des agneaux. Je l'avais trouvée très correcte, et l'interprétation de M. Mikkelsen m'avait tenu suffisamment en haleine pour que je regarde l'ensemble des épisodes. Malheureusement (selon moi), le format du "monster of the week" choisi pour cette saison initiale ne fonctionne pas très bien: à part quelques épisodes, il faut bien dire que le monstre le plus intéressant dans tout ça, c'est notre psychiatre et foodie préféré, le Dr. Hannibal Lecter. J'en étais donc venu à attendre avidement qu'il apparaisse à l'écran, en espérant que le tueur de la semaine se fasse vite choper. Hugh Dancy s'en sort également pas mal en Will Graham, profileur tourmenté qui a tapé dans l'oeil du Dr. Lecter.

La seconde saison change de rythme et de déroulé: fini (ou presque) l'arc épisodique unique, on explore principalement, et avec délectation, la relation ambiguë, manipulatrice, violente et amoureuse qui unit Hannibal Lecter et Will Graham. Ce qui fait de la seconde saison d'Hannibal une de mes préférées, toutes séries confondues. Bryan Fuller, le showrunner de la série, prend son temps et s'amuse: on filme des escargots en gros plan, on suit notre émission de cuisine favorite (à déconseiller aux végétariens) avec Hannibal, ...

Là où je trouvais que Jonathan Demme dans le silence des agneaux faisait ressortir la monstruosité du Dr. Lecter en prenant un parti pris réaliste et en utilisant un style de mise en scène assez dépouillé qui permettait à Anthony Hopkins de manger littéralement l'écran, Bryan Fuller prend une autre route. Hannibal Lecter a ici des habitudes bien ancrées: il se définit par son côté civilisé, élitiste, raffiné et plein de retenue. Il vit par ailleurs dans le faste qui sied à sa condition. Exit la tenue blanche d'hôpital d'Anthony Hopkins, in les costumes 3 pièces à motif (sur)chargé. Et quand il cuisine, c'est toujours avec les meilleurs ingrédients (les plus frais ?), en suivant des recettes compliquées, et les plats sont servis sur une table impeccablement dressée et luxueuse.

C'est un monstre bien particulier qui est décrit ici: un monstre civilisé auquel il suffit une simple impolitesse pour vous considérer comme du vulgaire bétail et finir dans son assiette. S'il ne s'abaisse pas à reconnaître votre existence, c'est finalement le sort le plus enviable de ceux qui entrent en contact avec Hannibal. S'il vous respecte, c'est un jeu de chat et de souris bien cruel qui se met en place, et vous n'en sortirez pas avec toutes vos plumes (si vous en en sortez). Pire encore, il pourrait tomber amoureux de vous. Et là, vous êtes mal barré... C'est ce qu'on explore dans cette saison d'Hannibal, et c'est une réussite.

Cette saison donne faim. C'est je pense le meilleur argument qu'on peut faire en sa faveur.