"This is all I ever wanted for you"

Je ne peux décemment pas conseiller Hannibal. C'est une série qui enchaine les défauts et qui en rajoutent à chaque saison.

La saison 1 souffrait de son format "feuilleton" dans lequel il y avait un nouveau tueur en série à chaque épisode. Malgré tout, on y trouve déjà toutes les qualités qui me font aimer la série. Les acteurs, déjà, sont fantastiques et si je voulais voir la série uniquement pour Mads Mikkelsen (et croyez-moi, il le mériterait), force est de constater que les autres sont aussi au top, à commencer par un Hugh Dancy interprétant un Will Graham déjà bien torturé et qui ne cessera d'être manipulé par Hannibal. On trouve déjà aussi l’esthétique hyper soignée et surtout réfléchie. Ça fait vraiment très plaisir de voir une photographie de série où chaque plan est pensé et dont il se dégage une ambiance visuelle marquante.
Malheureusement c'est aussi déjà le début d'histoires secondaires dont on se fiche un peu (à commencer par les intrigues policières de chaque épisode) et de séquences tirées par les cheveux.

Ce "tirage de cheveux" est encore plus présent dans la saison 2 qui abandonne son format feuilleton pour se concentrer sur un fil rouge prenant mais qui n'a peut-être pas assez de contenu pour s'étaler sur 13 épisodes. Du coup, on se retrouve devant des moments "bouche-trou", des intrigues inintéressantes mais on reste devant. Parce qu’Hannibal est une série élégante, intelligente, bien écrite,… Elle a ce côté envoutant.
Et puis, cette saison 2 a au moins l’intérêt de faire progresser le fil rouge à chaque épisode. Les masques sont tombés et les relations entre les personnages sont toujours aussi passionnantes (encore une fois le duo Will/Hannibal en tête). D’autant plus que la fin de la saison est d’une violence et d’une beauté très impressionnante.

Enfin, il y a la saison 3 découpée en deux parties : une première à Florence qui mélange flash-back et points de vue et la seconde qui raconte l’histoire du Dragon Rouge (à nouveau brillamment interprété).
Globalement, cette dernière saison est une digne représentante de la série. Ça peut paraitre idiot comme remarque mais la première partie est véritablement ennuyante. L’intrigue n’avance pas, on se trouve en face d’un Will en quête de réponse sur Hannibal. Quand à ce dernier, il passe ses journées à organiser dîners (qui sont réellement appétissant…oui) et à débattre d’art. Alors, oui on s’ennuie mais cette première partie donne l’impression de vivre un rêve : que ce soit esthétiquement ou en terme de montage, on sort de chaque épisode assez dérouté, sans pouvoir reconstituer ce qu’on vient de voir et pourtant, c’était envoutant. Et puis, il est intéressant de retrouver les personnages et de voir à quel point Hannibal a influencé leurs vies. Will n’est plus le seul à être obsédé par lui.
La seconde partie reprend une structure plus classique. Peut-être moins ambitieuse mais définitivement mieux rythmé, elle nous fait suivre l’enquête pour arrêter le Dragon Rouge. Et à nouveau, chaque séquence entre Hannibal et Will est d’une force émotionnelle impressionnante. Et puis, cette fin… Cette fin qui s’éloigne totalement de l’œuvre originale mais qui est tellement jouissive pour le spectateur. Cette fin qui se termine dans le sang, ce sang qui est constamment présent dans la série et constamment utilisé de manière « artistique ».

A choisir, je crois que ma saison préférée restera la seconde. Pour moi, elle demeure la mieux rythmée malgré des soucis de cohérence évident. Mais qu’importe Hannibal est aussi une série absurde, pince sans rire et j’ai fini par accepter ces séquences tirées par les cheveux et même les aimer.
Au final, je dirais que mon ressenti sur la série est à l’image de la relation entre Will Graham et Hannibal. Motivée par la haine et animé par le sang, mais passionnée.
Jamais une série ne m’a laissé un tel sentiment à la fois mitigé et extrêmement satisfait.