En fait d'histoire secrète, C8 ne fouille pas bien profond dans l'histoire officielle.


On nous présente un affrontement limité au Special Opération Executive (SOE) contre la gestapo, comme si la résistance se limitait aux réseaux Buckmaster (SOE). Présentées comme ça, les choses sont simples. Des agents anglais recrutent en France des volontaires pour organiser des sabotages et les gestapistes les traquent et les font parler par tous les moyens.


Par exemple le cas Déricourt devient extrêmement simple: cet agent du SOE trahit et livre plusieurs réseaux à la gestapo. On omet de nous dire qu'il fut jugé après la libération, que des officiers anglais sont venus témoigner en sa faveur, certifiant qu'il avait rendu de très grands services aux alliés pendant la guerre, sans vouloir préciser quels services. Libéré après le procès, il part en Indochine où il meurt officiellement d'une piqure de guêpe (calibre 38). Savait-il des choses compromettantes?
L'hypothèse a été émise qu'il n'aurait pas été un agent double, mais un agent triple. Introduit par le MI6 dans le SOE pour le trahir, il devenait un agent fiable pour les allemands qu'il pouvait intoxiquer. Mieux encore, il pouvait faire capturer des agents innocents du SOE qui résistaient tant qu'ils pouvaient pour ne pas livrer leur secret qui ne leur avait été confié que pour intoxiquer les boches.
Dans quelle mesure Maurice Buckmaster était-il conscient que ses services étaient intoxiqués par ses collègues du MI6?


Ce fut une pratique qui semble avoir été très prisée au MI6, car derrière les amateurs du SOE et les flics sadiques de la gestapo, la vraie guerre du renseignement se livrait entre l'Abwehr et le MI6, les services secrets professionnels allemands et anglais. Ces spécialistes se considéraient comme des seigneurs. Les uns sacrifiaient sans scrupules les agents non britanniques d'un service qu'on leur avait imposé contre leur gré pour infiltrer leurs agents dans les services allemands, tandis que les autres infiltraient les services britanniques sans se salir les doigts jusqu'au moment où ils en savaient suffisamment pour abandonner le dossier à la gestapo qui se chargeait des arrestations et des interrogatoires.


Les uns comme les autres avaient lu Sun Tzu et son "art de la guerre". Ils savaient que pour gagner une guerre, il ne suffit pas de découvrir les secrets de l'adversaire, mais il faut le tromper sur ses propres intentions et mieux encore, l'inciter à agir de la manière que l'on souhaite. Les journalistes de C8 n'ont semble-t-il pas lu Sun Tzu.


Par contre, il y a longtemps que les services britanniques ont révélé l'affaire folklorique du faux cadavre, montée par Dudley Clarke et Ewan Montagu pour inciter les allemands à défendre les côtes où ils n'avaient pas l'intention de débarquer en Méditerranée. Mais c'est sans doute parce qu'elle est tout à fait fantaisiste et atypique qu'ils l'ont révélée. Mais dans la réalité il a fallu plus d'une source pour tromper les boches, car ils recoupaient leurs renseignements et il fallait une concordance de renseignements pour les convaincre.
Après la guerre, lorsqu'on a étudié leurs archives, on a estimé que 85% des renseignements obtenus par les allemands sur le débarquement de Normandie étaient de faux renseignements fournis par le MI6 (notamment par des agents envoyés en mission pour être sacrifiés).
La fin justifie les moyens.


Je vous invite à lire:
"Fortitude" de Larry Collins
"Nous atterrissions de nuit" de Hugh Verity


Maintenant, je vous invite à vous interroger. Si les anglais ont à ce point dominé la guerre secrète, ils devaient savoir après la guerre qui a fait des petites magouilles pas très reluisantes, qui a trahi, qui s'est livré à des actes de barbarie, qui a commis des crimes contre l'humanité dans toute l'Europe. Il parait que cela leur a bien servi dans le cadre de la guerre froide avec certains pays du bloc de Varsovie, mais qu'en a-t-il été de leurs alliés de l'Europe de l'Ouest? En tout cas, ils n'ont dénoncé personne.
Je ne peux m'empêcher de m'interroger sur les avantages étonnants qu'ils avaient obtenus au sein de l'Europe (et qu'ils viennent de perdre en en sortant). On admirait Margaret Thatcher qui frappait du point sur la table et obtenait des concessions de tout le monde en criant: "I want my money back!". On râlait contre lord Brittan qui bloquait à la commission européenne toutes les initiatives des entreprises autres que les anglaises (et en particulier les françaises), sans qu'aucun gouvernement ne proteste.


Heureusement, tout cela est du passé. Les gens qui pouvaient avoir quelque chose à se reprocher pendant la guerre n'ont plus l'âge d'être aux affaires ... à moins qu'ils n'aient recrutés leurs successeurs ... Souhaitons que les anglais n'aient pas partagés leurs sources avec les américains comme ils en ont l'habitude...


Cocoricooooooooooooo

-Marc-
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le 29 juil. 2017

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-Marc-

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