How I Met Your Mother
6.9
How I Met Your Mother

Série CBS (2005)

Voir la série

Pourquoi la fin de How I Met Your Mother est ratée

(Cet article spoile bien entendu la fin de la série)


Des années qu’on l’attendait, ce final. Neuf ans pour les fans de la première heure, qui ont eu le courage de regarder la série jusqu’à la fin, la voyant inexorablement baisser de niveau au fil des années. Alors que les premières saisons donnaient à espérer une série du même calibre que la cultissime Friends, HIMYM n’a fait que s’enfoncer dans sa médiocrité depuis quelques saisons déjà. Loin de prendre exemple sur son aînée, la sitcom s’est même payée le luxe de reproduire certaines de ses erreurs, sans toutefois les corriger.


Il est des séries qui ne devraient pas exister plus de quelques saisons. How I Met Your Mother fait assurément partie de cette catégorie. Victimes du succès de la série, et de la narration qui ne pouvait pourtant pas permettre une trop longue échéance, les auteurs ont du étirer le récit et y installer des intrigues amoureuses douteuses, juste pour pouvoir tenir plus longtemps. La poule aux oeufs d’or s’était vite essoufflée et nous, téléspectateurs, perdions patience. Si la rencontre de la mère se faisait tarder, c’était un choix scénaristique compréhensible qu’on pouvait excuser tant que la série était drôle. Mais quand les rires s’estompèrent pour ne laisser place qu’à des demi-sourires (et encore) on recommença à penser à cette mère qui faisait attendre. Quel était l’intérêt de nous montrer les conquêtes (même sérieuses) de Ted puisqu’on savait que la mère n’était pas l’une d’elles ? A part étirer le récit, à rien. Le show avait de toute manière suffisamment montré son mode opératoire pour qu’on se doute que quand la fameuse Mother ferait son apparition, on le saurait. Et en effet, quand vint le moment fatidique à la fin de la saison 8, la narration ne laissa aucun doute sur l’identité de cette jolie brunette : la mère, c’était bien elle !


Lundi soir a donc été diffusé le dernier épisode de la série, qui met fin aux souffrances. Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il rompe totalement avec ce qu’avaient pourtant construit les scénaristes depuis ces dernières années. Explications.


Le principal symptôme du déclin de la série est arrivé assez vite, à savoir l’intrigue amoureuse entre Robin et Barney. Débutée dès la saison 3 mais reprise en force au cours de la saison 7, elle n’est pas sans rappeler le rapprochement improbable entre Rachel et Joey. Mais alors que les scénaristes de Friends s’étaient empressés de se débarrasser de cette mauvaise idée, ceux de How I Met Your Mother ont poussé le vice jusqu’au bout, allant jusqu’à marier le couple. Mais un Barney (en tout cas pas celui qu’on aime), ça ne se marie pas, tout le monde le sait. Transformer le personnage était donc nécessaire ; il fallait le rendre romantique. Barney romantique ? Pourquoi pas un Marshall qui trompe Lily, pendant qu’on y est ? Et depuis quand on marie la fille destinée au personnage principal, avec son meilleur ami coureur de jupons ?


Au pire, si on avait VRAIMENT voulu marier Barney, d’accord, mais autant que cela se fasse avec Quinn la strip-teaseuse (saison 7) ! L’alchimie entre ces deux-là fonctionnait en effet bien mieux (la demande en mariage de Barney à Quinn, pour exemple, avait donné lieu à une scène très originale et hilarante, bien plus que celle de Robin une saison plus tard, tirée par les cheveux).
Qui plus est, transformer Barney a pris du temps. Temps qu’on ne passait plus à rire, mais à contempler avec impuissance notre personnage préféré devenir un Ted de seconde zone. Il avait même fini par brûler le Playbook. Pas du tout legendary.


Mais ce n’est pas fini, loin de là ! A court d’idées, les scénaristes ont concentré toute l’action de la neuvième et dernière saison sur un week-end, celui du mariage de Barney et Robin. Alors pour tenir les vingt-quatre épisodes, on nous a balancé des flash-back a tout va. Flash-backs se situant souvent avant la relation entre Robin et Barney, bien sûr. Cela permettant alors de retrouver notre bon vieux séducteur à la bonne vieille époque, mais aussi de recycler les blagues (Playbook et compagnie) qui ont fait le succès de la série. Sauf qu’on les connaît par coeur, ces blagues. Et faire revenir le Barney d’avant (histoire de montrer le moins possible le Barney romantique, ennuyeux au possible) alors qu’on vient de supporter sa transformation durant toute une saison, c’est comme avouer votre défaite, messieurs les scénaristes. Barney était le principal atout comique de la série, et vous l’avez achevé en le mettant avec Robin. Vous n’avez pas su le garder intéressant, gâchant ainsi l’un des meilleurs personnages de sitcom jamais créés. Merci.


On en arrive donc au dernier épisode, qui renie totalement ce que la série essayait de construire jusque là. Alors qu’on venait de passer toute la saison 8 à voir la relation entre Robin et Barney se construire, et toute la saison 9 à attendre leur mariage, on apprend après quinze minutes d’épisode que le couple divorce. Autrement dit, l’arc scénaristique principal de ces deux dernières saisons est balayé d’un revers de la main. Vous avez dit arnaque ? On en est pas loin.
Barney, après sa rupture avec Robin, redevient le dragueur invétéré qu’on connaît, mais en devient franchement pitoyable, puisque les flashforwards le montrent dans la quarantaine. Là aussi donc, les scénaristes ont fait machine arrière : Robin avait pourtant réussi (à notre grand désespoir) à assagir son fiancé, après nombre d’épisodes. Pourquoi casser aussi brutalement ce qui avait pris tant de temps à se construire ? La seule bonne idée de l’épisode concernant Barney (mais qui aurait très bien être abordée autrement), est de le faire devenir père. D’abord réticent à voir le bébé, il tombe pourtant immédiatement sous le charme de sa petite fille et lui jure son amour éternel (ce qu’il n’a jamais pu donner à une femme).


Si la relation entre Robin et Barney avait son lot d’inconvénients, elle comportait toutefois un avantage : Robin n’étant pas la mère des enfants de Ted, il fallait bien que ce dernier se détache de celle qui faisait battre son coeur depuis tant d’années. Et c’est finalement lors du week-end du mariage qu’il réussit à se défaire de ses liens avec elle, à tel point qu’il refuse de s’enfuir avec la mariée quand elle lui demande. Il ne la considère plus que comme une amie. Il va enfin pouvoir aller de l’avant («I’ve got to move on » était devenue la phrase fétiche de Ted). L’avant dernier épisode marquait donc la fin de la romance entre Ted et Robin : Robin allait pouvoir vivre un mariage heureux avec Barney, et Ted allait pouvoir rencontrer sa future femme sans qu’il n’y ait d’ambiguïtés avec Robin.
Des années donc, que Ted devait arriver à oublier la belle canadienne. Et comme pour beaucoup d’éléments de ces dernières saisons, l’épisode final vient tout gâcher. En effet, on se rend compte que s’il racontait à ses enfants comment il avait rencontré leur mère, c’était surtout une façon d’obtenir leur bénédiction pour qu’il puisse inviter Robin à sortir, six ans après que la femme de Ted soit décédée d’une maladie. On dit donc next à la mère (vous savez, celle dont parle le titre de la série, la femme que cherche le personnage principal durant neuf saisons !), et on revient à cette chère tante Robin. Des années qu’on nous bourre la crâne comme quoi Ted doit réussir à l’oublier, pour au final qu’ils finissent ensemble. Alors oui, c’est beau, la boucle est bouclée, etc… Mais si les rebondissements, c’est sympa, encore faut-il qu’ils soient cohérents avec ce que construisait la série jusque là. Et ici, ce n’est pas du tout le cas. C’est comme si les saisons 6, 7, 8 et 9 avaient été complètement inutiles. Arnaque, on vous dit !


La sitcom étant le format de série le plus formaté, on peut bien sûr saluer les prises de risques des auteurs, qui ont su faire évoluer l’histoire de manière inattendue et la faire exister durant neuf longues années. Il est cependant dommage que ces évolutions entachent la cohérence de l’univers et de la psychologie des personnages développés durant les premières saisons. Au contraire des sitcoms The Big Bang Theory et Community (je prends ces exemples car ces séries présentent toutes deux un groupe d’amis évoluant au fil des années), qui ont su se renouveler et garder en qualité* grâce à l’introduction de nouveaux personnages hauts en couleur et qui peuvent de plus s’appuyer sur une culture geek inépuisable, How I Met Your Mother n’a pas su trouver les clés pour tenir dans la durée.
Succès oblige, la série s’est traînée en longueur alors qu’elle aurait pu se conclure dignement bien plus tôt. Mais quoi qu’il en soit, la bande de Ted restera l’une de plus attachantes qu’il nous ait été donné de voir à la télévision, et chaque fan a assurément dû ressentir un petit pincement au coeur quand vint le générique de fin de l’épisode final.


*si l’on oublie la quatrième saison désastreuse de Community, à laquelle Dan Harmon, le créateur de la série, n’a pas participé.

Lydra
7
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Les meilleures séries comiques

Créée

le 31 mars 2015

Critique lue 284 fois

Lydra

Écrit par

Critique lue 284 fois

D'autres avis sur How I Met Your Mother

How I Met Your Mother
Karrie
5

The twist would be that there IS no twist.

Bon eh bien voilà. How I Met, c'est terminé. Quelle déception. Quelle. Déception. Les saisons 1 et 2, à ce jour, me déglinguent de rire à chaque visionnage. La saison 3 fait pouffer. La 4 fait...

le 15 mai 2012

103 j'aime

13

How I Met Your Mother
Vnr-Herzog
4

I'm waiting for it...

Que faire lorsque l'on est un adulescent pré-trentenaire et que "Friends" vient de se terminer ? Regarder une nouvelle série générationnelle pardi ! Tombant à pic pour reprendre le flambeau laissé...

le 30 janv. 2011

90 j'aime

11

Du même critique

Divines
Lydra
7

Money, money, money

Divines est un film brutal, viscéralement pessimiste. La poésie et l’humour qui le parcourent ne seront qu’un leurre, avant que l’enfer de la réalité ne rattrape les personnages mais aussi nous,...

le 20 sept. 2016

5 j'aime

The Lobster
Lydra
7

L'état de droit et l'état de nature

(Plus qu’une critique, j’ai eu envie de me lancer dans une sorte d’analyse de l’univers de The Lobster ; je m’abstiendrai dans la grande majorité du texte tout jugement de valeur. Ce texte s’adresse...

le 27 janv. 2016

5 j'aime

2

Whiplash
Lydra
8

Une partition sans bémol ?

Bien plus qu’un simple film de mélomanes, Whiplash a dernièrement conquis la critique et le public, profitant d’un excellent bouche à oreille. Le long-métrage du jeune réalisateur Damien Chazelle a...

le 31 mars 2015

5 j'aime