La Gifle
7.2
La Gifle

Série ABC (AU) (2011)

A quand l'adaptation en jeu video ?

Je m'étais préparé au pire en lançant cette série. D'abord parce que le pitch ne me semblait pas adéquat au concept. Ensuite parce que l'affiche, typique des séries que je n'aime pas, horriblement moche, m'a tout simplement laissé penser que ce serait vraiment chiant.

ERREUR ! ERREUR !

Je me suis bien fourré le doigt dans l'oeil jusqu'au coude ! Je suis pourtant resté sceptique jusqu'au deuxième épisode. Moi qui me faisais une joie de descendre cette série. Et bien j'ai apprécié. Et la regarder jusqu'au bout fut un réel plaisir. Je suis tout de même resté méfiant tout du long, puisque j'estime qu'au delà du 6ème épisode, il devient difficile pour une série de rester convainquante. Ce fut le cas.

Ce qui m'a étonné dans cette série, c'est que cette gifle, elle n'est qu'un point de départ, ou plutôt un élément déclencheur. Il est vrai que toutes les histoires qui suivent tournent autour de cette gifle, mais finalement elle n'est qu'un prétexte pour parler d'autre chose. Elle sert à structurer les épisodes, donner du corps, un début-milieu-fin, après les thèmes peuvent être très différents, mais tournent principalement autour de l'amour et de la famille.

La famille, c'est pour le meilleur et pour le pire. Ici, c'est surtout pour le pire. Le constat à la fin de la saison est d'ailleurs terrible, et il est bien rare de voir ça à la télévision dont les programmes sont souvent monopolisés par la toute puissance américaine qui elle, prône le plus souvent l'esprit de famille comme étant une bonne chose. Ici, que nenni, c'est un véritablement emprisonnement pour chaque personnage qui en devient aliéné.

Les personnages sont tous très durs à supporter dans un premier temps. La raison est que, dans le premier épisode, mais aussi dans les suivants dans une mesure différente, ils sont présentés comme étant des personnes peu sympathiques. Mais entrer dans le point de vue de l'un ou l'autre, c'est permettre au spectateur de comprendre ce comportement. Non pas de le justifier et de pardonner. Mais juste de comprendre. Un peu comme dans la seconde partie de "The Boston strangler" où l'on nous propose d'entrer dans la tête du tueur. Et comme ces personnages sont mauvais, c'est assez bizarre de devoir s'identifier à eux lors de conflits. Cela met un peu mal à l'aise. Au fond, c'est comme si on nous imposait de remettre en question notre jugement et de faire preuve d'une réelle neutralité, à savoir, laisser l'autre s'exprimer jusqu'au bout.

Il y a pas mal de sexe dans cette série aussi. Je n'ai pas estimé ces séquences gratuites. j'ai eu l'impression que ces scènes étaient un point de repère justement pour comparer les personnages entre eux. Certains ont un rapport doux et tendre, d'autres sauvages. Cela colle avec leur personnalité.

Si le fond m'a séduit, j'ai tout de même émis quelques réserve sur la structure dramaturgique de certains épisodes. Ce qui m'a gêné, c'est la façon dont chaque histoire se résoud. À chaque fois, le personnage est poussé au bout de lui-même, au fond de ses retranchements mentaux, et c'est là qu'une explosion interieure le remet sur les rails, lui fait comprendre qu'il/elle doit changer. C'est quasi systématique, et souvent facile car cette remise en question est uniquement interne (à quelques exceptions près, comme pour le final, par exemple) ; le truc, c'est qu'une remise en question interne fonctionne mieux si elle trouve sa cause de l'extérieur. Ce serait comme bourrer une histoire unqiuement de conflits internes et aucun externes. Ça devient difficile de s'identifier au personnage car on a juste envie de dire : 'te prends pas la tête' . Ici ce n'est heureusement pas le cas grâce à des conflits externes bien présents pour chacun (à commencer les répercussions juridiques de cette gifle).

Autrement, c'est assez bien écrit : les personnages sont à caractère simple et traîtés radicalement. C'est pourquoi il est difficile de les aimer. Ce qui m'a plu le plus, c'est le changement de point de vue sans pour autant stopper la narration. Je pensais, en lançant la série, que toutes les histoires seraient en parallèle avant, pendant et après la fête un peu comme dans la trilogie Belvaux. Mais non, l'histoire continue. C'est un peu comme si la série était un train de 8 wagons, chaque wagon étant un point de vue différent. Les wagons se suivent et se dirigent tous vers une fin. Ils ne se superposent pas.

La mise en scène est assez léchée. J'avais peur d'effets de style agaçant avec ces 5 premières minutes du premier épisode, et puis en fait non, c'est assez sobre. C'est clairement une mise en scène indépendante, calme, ça se sent à la photographie et à la musique. Mais c'est agréable. L'équipe n'en fait pas trop. Les musiques m'ont plu, les images aussi. Les acteurs sont bons. Certains gossent jouent mal dans le premier épisode, mais ça se rectifie au fil des épisodes. Et les adultes sont vraiment bons aussi.

Bref, "The Slap" est une très bonne série. Difficile à entrer dedans à cause de personnages antipathiques et d'un élément déclencheur qui donne de l'urticaire (tout ça à cause d'un évènement aussi insignifiant; se dit-on) mais je pense que c'est justement ce qui rend la série intéressante d'un point de vue sociologique et philosophique. Enfin, la réelle réussite, hormis le fait d'avoir le droit de matter les beaux nichons de Melissa George, c'est d'avoir limité cette série à 8 épisodes ! Même s'il est vrai qu'on aurait pu traiter d'autres personnages de cette soirée et que ça aurait pu être aussi intéressant. Les meilleures choses ont une fin !
Fatpooper
8
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le 5 janv. 2014

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12 j'aime

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