Le Jeu de la dame
7.6
Le Jeu de la dame

Série Netflix (2020)

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Avec The Queen’s Gambit, mini-série de sept épisodes d’une heure environ, qui se focalise sur une orpheline devenue championne d’échecs, on peut affirmer que Netflix réalise un coup intéressant. La plateforme nous surprend là où on ne l’attendait pas forcément et choisit d’avancer ses pions dans un créneau qui pouvait de prime abord ne pas sembler si grand public que cela. Mais ils ne sont pas fous : pour réaliser une telle performance, ils pouvaient compter sur une équipe de qualité. Ils se sont équipés du roi Scott Frank, auteur de la série Godless, déjà hautement qualitative, et de son cavalier Allan Scott, entre autres réussites de casting, en plus de baser leur histoire sur un roman à succès.


The Queen’s Gambit, doit déjà beaucoup à la qualité de son interprète principale, la reine Anya Taylor-Joy, hyper convaincante dans ce rôle qui semble taillé sur mesure pour elle, au-delà de sa divine beauté et de son charme indéniable. D’ailleurs, en termes de présence à l’écran et de charisme, cette dame écrase littéralement tous les seconds rôles, même quand ce n’est pas son tour. A la limite, il y a bien toute une panoplie de joueurs qui deviennent fous d’elle, mais à part le personnage campé par Thomas Brodie-Sangster, qui tire son épingle du jeu, elle ne fait qu’une bouchée des autres.


La série vaut aussi pour la teneur de sa réalisation, basée sur une mise en scène toujours très soignée et épurée, et de son emballage esthétique : les tenues et les décors sont très réussis et retranscrivent bien l’époque de la guerre froide, dans les pays où a lieu l’action (on n’échappe pas vraiment aux clichés sur Paris et la Russie mais ça reste acceptable). Ce véritable tour du monde que la série nous propose est particulièrement dépaysant et nous fait presque regretter les ajournements de nos visionnages, lorsque ceux-ci ont lieu.


D’ailleurs, l’ambiance qu’arrive à nous faire vivre la série dès son ouverture est particulièrement luxueuse et feutrée. Presque tout dans cette création fait très propre et raffiné, y compris les compositions de Carlos Rafael Rivera, véritable maître international, ce qui rend cette œuvre bien agréable à regarder, mais aussi à écouter. J’ai quelques réserves sur le scénario, assez prévisible, voire cousu de fil blanc, et donc sans grandes surprises ou rebondissements qui m’auraient fait me précipiter sur l’épisode suivant à chaque fois. En l’occurrence, comme dans une partie à l’aveugle, la série annonce ses coups à voix haute, presque à l’avance, et les ajournements de visionnage sont donc devenus plus fréquents que je ne l’aurais souhaité.


Néanmoins, le dernier tour de force de The Queen’s Gambit c’est tout de même de réussir à choisir comme thématique les échecs, un sujet plutôt ennuyeux sur le papier, sans pour autant trop s’attarder sur les arcanes de ce sport mental et chercher à être trop explicative et didactique. Finalement, à la fin, on ne comprend pas mieux ce jeu et c’est tant mieux, car le contraire aurait été beaucoup trop rébarbatif. C’est donc une série qui sait se rendre intéressante et créer de la tension dans les matchs sans qu’on n’ait besoin d’y comprendre quoi que ce soit. Il n’y a donc aucun prérequis nécessaire pour apprécier la série. Elle s’adresse totalement aux débutants et a l’intelligence de développer d’autres thématiques comme celle de l’addiction d’Elizabeth Harmon aux tranquillisants, voire à l’alcool, ou la naissance de sa vie de jeune femme, pour rendre le tout suffisamment varié et donc digeste. Les tournois sont même parfois relégués au second plan dans certains épisodes, et c’est pour le mieux.


Il est donc nécessaire de reconnaître que même en n’ayant jamais utilisé un échiquier de sa vie, y compris en ayant une ouverture d’esprit assez limitée, Anya, euh.. la série, pardon, reste captivante à bien des égards et vaut plus le détour que la majorité des productions actuelles de la plateforme de SVOD. Ainsi, Netflix, par la force des échecs, surpasse ses précédents échecs en la matière, et met en échec et mat ses principaux concurrents. La boucle est bouclée.

Albiche

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38
3

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