Il faut vraiment aimer les individus hâbleurs et roués pour supporter six épisodes des errances de ce dieu des farces et attrapes... Mais même dans son domaine de prédilection, Loki échoue à s'extraire d'une médiocrité infantile qui fait peine à voir, parce qu'au bout de trois épisodes, on aura compris qu'il fallait faire de lui un personnage sympathique et gentil, qui se contente d'une petite pique spirituelle (dans la mesure de ses capacités...) de temps à autre au lieu de poignarder tout le monde joyeusement dans le dos. Comme un champion olympique à la retraite, "the god of mischief" vit sur sa réputation passée (celle qu'on lui a taillée dans les longs métrages de la franchise) et radote désormais, à l'heure où on lui consacre sa petite série à lui. Mais passons sur l'incohérence du personnage, après tout, c'est un être de fiction, rien ne l'oblige à pointer chaque matin au Ministère de la Vraisemblance. Je préfère m'appesantir sur la réalisation poussive de cette historiette pompeuse à souhait : on dirait bien que ses créateurs ont tout misé sur le surnaturel, à grands renforts d'effets spéciaux prétentieux, et complètement délaissé les enjeux psychologiques, si on en juge par les travellings interminables, l'action mollassonne et les répliques puériles. J'ai la main lourde, je sais, mais j'ai passé les six épisodes à compter les secondes entre deux plans, et les pas effectués au ralenti par des acteurs bridés qui suent à grosses gouttes pour avoir l'air de faire quelque chose quand l'unique enjeu de la séquence est de les faire se déplacer. Autant dire que j'aurais volontiers sacrifié un poulet au Dieu de l'Ellipse... Une balade en Suisse sous Valium, que je vous dis. Le pompon, c'est l'entrée en scène d'un alligator à casque cornu, tenu sous son bras par un vieillard que le ridicule a dû tuer à l'habillage, quand il a sauté dans son slip jaune après avoir filé son collant vert. J'ai failli pleurer de compassion pour l'acteur qui s'est commis dans une panade pareille. Je n'en jette plus, mais je pourrais continuer des heures (sur les erreurs de raccord, notamment), juste pour évacuer la tension nerveuse accumulée au fil de ces plans poussifs et boursouflés. Je dirais que ça n'est pas la peine de m'envoyer le DVD promotionnel de la saison 2 pour m'amadouer... ^^