Marvel's Daredevil
7.2
Marvel's Daredevil

Série Netflix (2015)

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Saison 2 - Un peu de féminisme dans ce monde de super-héros

https://leschlamedias.wordpress.com/2016/03/31/marvels-daredevil-saison-2-un-peu-de-feminisme-dans-ce-monde-de-super-heros/


Daredevil, Jessica Jones et bientôt Luke Cage et Iron Fist, Marvel s’est définitivement installé sur le petit écran. Après une arrivée incontestablement réussie l’année dernière, Marvel’s Daredevil revient dernièrement pour une deuxième saison, sur un ton différent mais tout autant réussi.


Ayant abandonné le démon de Hell’s Kitchen dans son costume pourpre flambant neuf à la fin de la première saison, la seconde ère s’ouvre naturellement sur le héros, accomplissant son travail dans le quartier de New-York. Là encore, la technique est toujours au rendez-vous, avec une première scène incroyable lors de laquelle on ne verra Matt Murdock (Charlie Cox) dans son costume qu’à la fin. S’il ne voit pas, on ne pourra le voir non plus.


Cette saison sera marquée par l’arrivée de deux personnages emblématiques de l’univers Marvel, le Punisher et Elektra, qui redonnent de la fraîcheur à la série. L’arc narratif est donc subtilement divisé en deux parties. La première, s’intéresse à Murdock, l’avocat, et se tourne vers sa lutte civile à la fois pour et contre le Punisher. La seconde, s’intéresse à Daredevil, le justicier masqué, et son association avec Elektra contre une mystérieuse organisation mafieuse ancestrale japonaise. La où la première saison ne racontait qu’un seul combat, contre le Caïd, la deuxième met beaucoup plus en valeur la difficulté du héros à concilier sa double identité puisqu’il mène deux batailles en même temps. Le seul faille résidera dans une épopée scénaristique quelque peu extravagante qui nous éloigne de la vraisemblance avec l’implantation de mysticisme et de spiritualité aux deux tiers de cette l’histoire. Elle laisse cependant une grande part à la réflexion et fait place à des personnages féminins forts.


La lutte contre le Punisher, animé uniquement par son désir de vengeance contre ceux qui ont ruiné sa vie, nous laisse méditer sur la question de la peine de mort. Si Daredevil s’est toujours résigné à exécuter le moindre de ses ennemis, ce n’est pas le cas de son acolyte. En ces temps troubles ou certains ont oublié le discours de Robert Badinter du 17 septembre 1981, la question nous est posée à nouveau de savoir s’il faut tuer ceux qui font le mal. Si bien sûr, la réponse est que nul ne peut décider de la mort d’autrui, les scénaristes réussissent tout de même à malmener l’opinion de chacun bien qu’arrivant finalement à cette solution, on ne devra répondre de nos actes devant nul autre que la Justice. Deux idéologies s’affrontent alors : la nécessité des héros pour protéger le monde et les limites de la loi que ces derniers ne doivent outrepasser.


En plus d’ouvrir les esprits à la contemplation, cette nouvelle saison a su créer des figures féminines puissantes. Au delà d’en parsemer ça et là dans le décor (une juge, une chef d’escadron d’élite yakuza, etc), elle en développe également au premier plan dans le panel des protagonistes.


Celui qui frappe le plus, c’est Karen Page (interprétée par Deborah Ann Woll), l’assistante juridique du cabinet Nelson & Murdock. Si son rôle n’avait auparavant pas de grande importance si ce n’est la demoiselle en détresse à sauver, elle est désormais l’un des piliers centraux de cette série. Autonome et indépendante, elle en a sensiblement fini de faire des café et distribuer le courrier. Elle prend des initiatives, mène l’enquête de son côté et en a raz la soupière que tout le monde la prenne pour une godiche et essaye de la protéger. C’est également elle qui assure l’interface principale entre le Punisher et le cabinet d’avocat, d’où la prépondérance de son rôle.


Les créateurs introduisent ensuite un deuxième personnage féminin fort, la procureure Samantha Reyes (interprétée par Michelle Hurd). Dévorée par l’ambition, influante et sans pitié, rien ne résiste au passage de Reyes. Érigée en grande méchante de cette première partie de saison, sa férocité met à mal les deux avocats qui se sentent désarmés face à cette dernière. Il est cependant extrêmement dommage que toutes ses aspirations s’effondrent dès lors qu’il sera question de ses enfants, remettant sur le tapis ce triste rappel à l’ordre : une femme, c’est avant tout une mère.


Mais la femme puissante de cette saison, c’est avant tout Elektra Natchios (interprétée par la française Élodie Yung). Ancienne petite amie de Murdock, elle réapparaît dans sa vie pour lutter avec lui contre la mafia japonaise. Bien qu’elle soit la métaphore d’un personnage sexuel, l’allégorie de la tentation, c’est aussi une guerrière hors pair et il est agréable de voir la conciliation des deux à l’écran, les femmes combattantes étant généralement représentée comme très masculines (comme Brienne de Tarth dans Games of Thrones par exemple), rendant presque impossible l’association guerrière et féminine. Si Daredevil peut parfois faire preuve d’un léger paternalisme à son encontre, elle n’hésite pas à le remettre allègrement à sa place. Déjà conquise par le « côté obscur », elle pousse d’ailleurs ce dernier à la rejoindre.


Enfin, plus éparse, le personnage de Claire Temple (Rosario Dawson) est aussi une figure de force puisque le héros est largement dépendant de cette dernière. La série laisse aussi plus de place au développement de Foggy Nelson (Elden Henson). Présenté antérieurement comme le cliché du type un peu enrobé, rigolo, malchanceux dans sa vie sentimentale e vivant dans l’ombre permanente du charismatique Matt Murdock, il prend cette fois les choses en mains, n’hésite pas à affronter son associé et se révèle être un brillant plaideur, là où son ami, lui, brillera plus par son absence.


En somme, la série réussit à s’intégrer dans la banalisation du féminisme et à nous faire réfléchir sur des problématiques actuelles au prisme métaphorique des super-héros. Cette nouvelle saison de Daredevil est donc une grande réussite et concrétise un avenir pérenne pour les séries de l’univers Marvel chez Netflix. Bonne soirée.

Clepot
8
Écrit par

Créée

le 21 avr. 2016

Critique lue 307 fois

2 j'aime

Clément Capot

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2

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