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La réunion tant attendue entre les 4 justiciers est enfin là. Il faut avouer que c’est un plaisir de retrouver certains des personnages que l’on avait plus vu depuis plus d’un an, comme l’antihéroine Jessica Jones, toujours aussi franche et impertinente.


Avec cette équipe, équivalent « street » des Avengers, on retrouve bien le concept d’équipe de super-héros, où chacun est complémentaire et palie les faiblesses des autres, affrontant des ennemis qu’eux seuls ne pourraient pas affronter. Ainsi alors que Matt Murdock avait mis son costume au placard et que Jessica Jones, malgré sa récente victoire contre Killgrave, ne souhaitait toujours pas mettre à profit ses pouvoirs pour aider les autres, Luke Cage lui s’engage pleinement à aider sa communauté, mais répugnant utiliser la violence, et Danny Rand, dévoré par la culpabilité, est plus que jamais déterminé à détruire la Main et ses ramifications de par le monde. La caractérisation des personnages est assurément un point fort de cette série. Chacun a un temps de présence égale et tous sont bien mis en valeur.
Chacun a sa propre histoire et ses propres motivations, et sa propre façon d’agir, et surtout aucun n’a envie, à ce stade, de s’associer à d’autres personnes. Egalement, chacun traine son propre fardeau, à l’image d’un Daredevil toujours hanté par la mort d’Elektra, Jessica par le spectre de Killgrave, Power man par son passé en prison et l’Iron Fist par le poids de sa responsabilité écrasante. Autant de troubles qui non seulement les affaiblissent, mais aussi qui les empêchent de coopérer ensemble et qui rendent la confiance difficile, surtout quand l’un refuse de dévoiler son identité. Ce qui ne s’arrange pas quand ils apprennent que la machine à tuer qui les traque s’avère être une ex-copine ressuscitée…
L’Iron Fist est le premier à réaliser la nécessité de travailler ensemble. Malgré les trahisons qu’il a subies par le passé, son naturel confiant reprend le dessus. Il faut dire qu’après avoir affronté la Main de front, il est aussi bien placé, avec Daredevil, pour savoir que c’est un combat qu’il ne peut mener seul.
C’est dans ce contexte tendu qu’apparait Stick, le mentor de Daredevil, au grand désarroi de ce dernier. Il cherche alors à recruter les apprentis héros dans sa guerre qu’il évoquait déjà dans Daredevil. Si ses nouveaux partenaires partagent la même aversion pour les moyens expéditifs, l’ampleur de la menace poussera chacun dans ses limites. Une menace en lien avec le gigantesque trou découvert par Daredevil (saison 2), de quoi apprécier la cohérence de l’ensemble.


Le grand ennemi, déjà rencontré dans deux séries, est donc cette organisation secrète la Main, incarnée ici par Sigourney Weaver, en leadeuse plutôt mystérieuse. L’occasion d’en apprendre plus sur cette fameuse organisation maléfique, ses liens avec Kun Lun, ceux qui la dirigent et leurs objectifs. S’il n’est plus bien rare de nos jours de voir un acteur célèbre de cinéma incarné un rôle sur le petit écran, cela surprend toujours un peu.


Les deux premiers épisodes mettent en place nos 4 héros, juste après la fin de leurs séries respectives, et dévoilent comment ils se retrouvent impliqués et finissent par se rencontrer, jusqu’à être forcés de combattre ensemble. Un temps d’exposition nécessaire, fidèle avec ce qui avait déjà été mis en place, que d’aucun ne manqueront pas de trouver long (ce reproche générique a tendance à m’agacer à force de l’entendre dès qu’il n’y a pas d’action dans une série… Un rythme lent n’est pas forcément un défaut, et s’il provoque l’ennuie, cela provient parfois de notre propre tolérance à la lenteur, ou au niveau de fatigue !). Les dialogues sont ciselés, les échanges, punchlines sont intelligents et plaisants à voir.
C’est aussi l’occasion de retrouver tous les seconds rôles sans lesquels les séries n’auraient pas eu la même saveur : la douce Karen Page, la redoutable Colleen Wing, l’intègre Misty Knight, et bien entendu la compréhensive infirmière Claire Temple, point commun à tous ces personnages.


Cette réunion tant attendue tient-elle donc toutes ses promesses ? Malheureusement pas tout à fait. Car force est de constater que niveau intensité, elle n’a rien d’exceptionnelle, surtout comparé aux deux saisons de Daredevil. Si Jessica Jones sortait du lot pour sa confrontation psychologique, Luke Cage pour son atmosphère imprégnée de la culture afro-américaine, « the defenders » ne présente pas de caractéristiques notables qui la distinguent de ces séries constitutives. Au final, l’apothéose tant attendue apparaît presque anodine, une impression renforcé par le choix un peu étonnant de tenir l’histoire sur 8 épisodes, au lieu des 13 sur les autres séries (qui avaient d’ailleurs un peu de mal à tenir la longueur).
La réduction du nombre d’épisodes n’est pas le seul choix douteux des créateurs. Si Alexandra, l’ennemi incarné par Sigourney Weaver, a connu un dénouement inattendu, elle n’a pas eu le rôle primordial tel que la promotion le suggérait, le rôle de nemesis de l’équipe lui ayant été volé par Elektra. De quoi se demander pourquoi avoir choisi une actrice de renom et avoir fait toute une annonce dessus…
Et si l’on peut apprécier de voir que plusieurs éléments de l’histoire avaient déjà été placés dans les séries précédentes, certains points restent un peu flous, comme en ce qui concerne les chefs de la Main. Par exemple concernant madame Gao, qui dirigeait sa propre branche en opposition avec les autres, une opposition qui semble ne plus exister... Il semble que les trahisons et réconciliations soient tellement monnaie courante dans cette organisation qu’on ne prend même pas le temps de les développer !


Ces erreurs expliquent la réception un peu mitigée de la série. Il faut dire qu’il doit y avoir à peu près 75% des spectateurs qui appréciaient seulement Daredevil, et qui s’irritent de voir les personnages qu’ils n’aiment pas (Iron Fist en tête), et de voir leur héros préféré en retrait car partageant l’écran avec les autres…
C’est un peu surprenant de voir en lisant des avis par-ci par-là, qu’au départ considéré comme possédant une qualité novatrice, les séries Marvel sont maintenant perçus au même titre que les films comme représentatif de la médiocrité des productions super-héroïques… Devant le nombre croissant de productions, on devient plus exigeant, moins tolérant envers les défauts ou les ressemblances et le manque d’originalité. Maintenant être correct ou bon ne suffit plus il faut se distinguer sinon direction les oubliettes (je pense à Wonder Woman). Une attitude très compréhensive, mais je trouve que la lassitude se manifeste bien vite !


« The defenders » n’est donc pas la claque attendue. Ce qui ne l’empêche pas d’être très agréable et d’une qualité plus que correct, partageant avec ses consœurs des personnages caractérisés, des scènes d’action sympathiques (mieux que « Iron Fist » mais sans égaler « Daredevil ») mais aussi des choix scénaristiques parfois malavisés.


Reste à espérer que la prochaine rencontre (s’il y a), et les saisons suivantes rehaussent un peu le niveau et corrigent des défauts un peu trop récurrents.

Enlak
7
Écrit par

Créée

le 5 sept. 2017

Critique lue 287 fois

Enlak

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