Mildred Pierce
7.3
Mildred Pierce

Série HBO (2011)

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J'ai vu le film de Curtiz il y a si longtemps que je ne me souvenais plus du tout de cette histoire. Deux noms m’attiraient d’entrée de jeu : Todd Haynes et Kate Winslet. Indéniablement le premier m’a quelque peu déçu, alors que la seconde a réussi à m’épater encore une fois.


Commençons par ce qui fâche et l'emporte au final sur le sentiment général qu’a suscité cette mini série. Le traitement formel à l'image comme dans la mise en scène m’a déplu. Le parti pris central, à savoir faire de Veda, fille de Mildred Pierce, une enfant aussi “monstrueuse” d’égotisme et de bêtise, tout en maintenant sa mère sous cette emprise sans que cette dernière soit capable de se rebeller donne un résultat à l'écran qui, sur plusieurs heures, devient vite insupportable. Il me semble (je peux me tromper étant donné le fossé qui s'est creusé entre le film et ma mémoire d’amibe) que dans la version de Curtiz la fille et par conséquent toute sa relation dysfonctionnelle avec sa mère étaient beaucoup moins outrancières. Je m'appuie sur le fait que je n'avais pas été si frappé par ces excès comme c'est le cas avec cette mini série. Ici, l'incapacité des deux personnages à communiquer est telle qu'elle paraît disproportionnée, éléphantesque dans son excès tellement lassant que le visionnage devient parfois pénible.


Cette exagération dès l'écriture du scénario comme dans la mise en scène frôlant l'hystérie par moments m’a irrité. Cela m'a déçu surtout trouvant le procédé grossier si inhabituel avec Todd Haynes. Le mélodrame est un art complexe et difficile à maîtriser. Haynes amoureux de Sirk le sait bien pourtant et il ne parvient pas à mettre de la subtilité dans la caractérisation de ses personnages qui apparaissent soit naïfs, soit cruels. La lente mais sûre descente en enfer de maman Mildred est alors sans surprise, longue, pénible.


Heureusement qu’il y avait Kate Winslet en tête d'affiche ! Elle m’a beaucoup aidé à ne pas décrocher. J'ai trouvé son jeu sûr, même si son personnage m’a tapé sur les nerfs à plusieurs reprises. La comédienne ne parvient pas toujours à incarner la nuance qu’on attend d’un personnage crédible, mais comme je l’ai souligné, cela vient du traitement boursouflé de cette relation parent / enfant que le scénario et la mise en scène nous infligent. Lors de certaines scènes intenses, elle réussit à rester dans une heureuse retenue tandis que ses partenaires lâchent un peu trop les rênes. Elle m’a semblé être l’une des rares parmi les comédiens à mieux garder le contrôle sur le jeu.


Malheureusement, cela n’a pas suffi à me faire avaler la pilule.


http://alligatographe.blogspot.fr/2017/07/mildred-pierce-winslet.html

Alligator
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le 22 juil. 2017

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