Mr. Robot
7.6
Mr. Robot

Série USA Network (2015)

« Mr Robot » est une série atypique. Plongeant autant dans les arcanes des programmes informatiques que le cerveau humain, la série raconte l’histoire d’un génie de l’informatique, Elliot Alderson, qui souffre de gros problèmes d’intégrations sociales. Hackant les gens avec une facilité dérisoire, il contemple ainsi leurs failles, leurs souffrances ou leurs dérives. Il est recruté par un groupe de hackers activistes, Fsociety, qui projette une attaque massive contre une grosse entreprise multinationale, E corp. E corp incarne à leurs yeux l’ennemi de l’humanité, qui appauvri et enferme les gens dans une prison qu’ils ne soupçonnent même pas. Des idéaux auquel le génie asocial adhère, bien que rebuté par leurs méthodes un peu extrême. D’autant que leur leadeur, Mr Robot peut se montrer très violent.
Mais ceci n’est que le début. A l’image d’un écran d’ordinateur qui ne montre aucune indication des programmes qui la créent, la réalité va s’avérer plus complexe. D’autant qu’Elliot a une forte tendance à se réfugier dans des illusions pour échapper à la réalité ou se préserver de ce qui pourrait le faire souffrir. « Il faut parfois se réfugier dans l’illusion pour mieux contrôler la réalité ». Des illusions qu’il peut créer en toute conscience, mais pas toujours…


Pour Elliot, il va des esprits humains comme des programmes informatiques, ils sont imparfaits et faillibles. Une observation peut permettre facilement de trouver la faille et de l’exploiter. Pourtant, il n’a nul envie de faire souffrir, et ne se sert de ces capacités que pour des causes justes ou punir ceux qui le méritent vraiment, même si cela peut avoir des conséquences imprévus sur son entourage. Il est divisé entre son envie d’agir et ses angoisses et inhibitions.


Raisons pour laquelle il a finit par inventer une deuxième personnalité, en la personne de Mr robot, véritable cerveau de Fsociety qui n’est d’autre que lui-même. Il représente son esprit subversif, celui qui agit malgré le danger, mais aussi sans problème moral. Avec cette deuxième personnalité, il peut accomplir des actes discutables qui pourraient mettre à mal sa fragilité psychologique.
Le thème de la double personnalité a été maintes fois traité. Dans les séries notamment, les exemples abondent de confrontations avec un alter ego que personne d’autre ne voit (Dexter, Battlestar Galactica…), au point que cela devient parfois lassant. « Mr robot » n’échappe pas à la règle et les confrontations sont un peu trop nombreuses. Si une amélioration apparaît en saison 2 avec un accord provisoire entre les deux partis, on retombe vers la fin dans un schéma classique où Mr Robot agit dans l’ombre de Elliot, devant l’incompréhension de ses partenaires.


Mr Robot surfe sur les nouvelles inquiétudes liées au développement des technologies de communication et de surveillance. Les traces que nous laissons malgré nous en naviguant innocemment sur internet, la possibilité effrayante d’être surveillé à notre insu, la perte de la vie privée... mais pas seulement. Ce sont également nos propres comportements qui sont épinglés. Nous qui sommes trop occupés à se divertir devant des émissions de télé-réalité bas-de-gamme, contempler des photos de chat sur facebook ou jouer à pokémon go, compensant notre manque d’interaction sociale par le virtuel, nous liant à distance mais nous privant des vraies contacts. Et profitant de notre aveuglement, il y a les riches entreprises qui en profitent pour nous exploiter.


Critique de la société, thriller, délires psychologiques, les épisodes se suivent et ne se ressemblent pas. Et pour cause, des réalisateurs différents se succèdent, ce qui contribue au style particulier de cette série.
Il en résulte un résultat étrange, où l’on ne sait pas toujours dans quelle direction va l’histoire, et il est parfois difficile de se rappeler des tenants et aboutissants, tant les scénaristes entremêlent parfois les fils. Les autres personnages qui gravitent autour ont également leur propre personnalité étrange, à l’image de l’homme d’affaire aux pratiques sexuelles déviante qui devient un meurtrier. Mais comme en langage informatique, une ligne de code peut sembler inutile mais avoir son importance, liée à une action lancée plus tard. Même si effectivement pour certaines lignes on peut se demander s’il n’était pas possible de les simplifier…
Ceci est probablement la raison pour laquelle certains n’accrocheront pas et s’en détourneront. Pour d’autres, ils resteront, envoutés par la réalisation atypique, le jeu de l’acteur principal, qui incarne un personnage complexe, et par ce que les réflexions révèlent de nous. Ils auront envie de regarder les épisodes suivant, même s’ils peuvent être énervés ou frustrés de ne pas tout comprendre.


Des défauts peuvent pourtant être reprochés. En premier lieu une inspiration un peu trop marquée pour « fight club », le chef-d’œuvre de David Fincher, qui aborde également avec une critique incisive nos sociétés de consommation, l’illusion de la technologie et la torpeur dans laquelle les hommes se sont plongés. Film qui exploitait également la complexité psychologique du protagoniste, parfaite idée pour des révélations détonantes… Pour sa thématique et certaines révélations, il n’y a donc rien de véritablement révolutionnaire. L’intérêt réside donc dans l’ensemble, le mélange des genres, la réalisation, le personnage principal. Autant d’éléments qui font de « Mr Robot » bien plus qu’une pâle copie, mais une série véritablement à part.

Enlak
8
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le 28 déc. 2016

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Enlak

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