Orphan Black
7.1
Orphan Black

Série BBC America (2013)

Saison 1 :


Je n’avais aucune idée de ce que j’allais voir. J’ai suivi ma femme dans son envie de découvrir cette série, et cette fois, c’est passé.


Pourtant, à y regarder de près, la série frôle parfois le carton rouge. Dans la deuxième partie de saison, le scénario s’octroie quelques dangereuses libertés avec le réalisme.
Il y en a bien quelques unes sûrement aussi dans la première partie, mais elles sont noyées dans le mystère. A ce moment là, on n’a pas encore d’explication, on peut alors s’attacher aux personnages, à la très efficace alchimie entre humour et rythme pour apprécier le plaisant voyage que propose ce récit vif, volontiers rigolo et astucieux. Ensuite, quand les grosses ficelles apparaissent, cela n’a plus d’incidence, on est déjà emporté par le flot de l’histoire et les incongruités semblent bénignes.


Quand je parle d’incongruités ou d’incohérences, attention : on n’est pas non plus dans The Blacklist ni dans The following, deux séries (que j’ai eu le malheur de découvrir récemment) à l’écriture grotesquement pourries et qui m’ont donc marqué de manière plutôt pénible. Non, Orphan Black est une série divertissante, légère, dotée de certains attraits qui permettent de mettre un mouchoir sur ce qui aurait pu chagriner.


D’abord, la comédienne principale Tatiana Maslany joue de façon convaincante. Manifestement, elle a un sacré boulot avec toute cette galerie de personnages. Et elle arrive à donner vie à ces personnalités avec vraiment très peu au final. Un foutu challenge qu’elle relève assez bien.
Le personnage “auxiliaire” qui me plait énormément est joué par Jordan Gavaris. Il campe un frère très typé, hors normes, mais ô combien drôle et sympathique. Je n’en dirais pas autant de Dylan Bruce, très fade, mono-expressif et vite transparent. Je suis encore assez réservé sur Kevin Hanchard, pas suffisamment utilisé, il m’a l’air bon cet acteur, mais je n’en suis pas totalement sûr. Il n’est que sur un seul registre lors de cette saison.


Le fin de saison part un peu dans tous les sens, nourrissant quelques craintes pour la suite, mais le plaisir tout simple que cette saison a suscité m’invite à remettre le couvert au plus vite.
http://alligatographe.blogspot.fr/2018/01/orphan-black-season-1.html




Saison 2:


A la fin de la première saison, on avait déjà la nette impression que l’histoire était pour le moins alambiquée, mais cette saison 2 en rajoute : de nouveaux personnages, de nouveaux méandres et le spectateur peut se perdre entre deux ou trois épisodes, se demander ce que fait ce personnage ici ou ce qu’est devenu tel autre. Mais par un procédé miraculeux, on finit par retomber sur ses pattes et à globalement comprendre.


Surtout, on prend du plaisir. Je crois que, en dépit d’un rythme très soutenu et de très courtes plages de respiration, le cerveau s’accommode de cette frénétique aventure, aidé en cela par l’empathie qui croît pour les personnages de plus en plus attachants.


Mis à part pour le personnage de Tony, une vraie fausse bonne idée, le jeu de Tatiana Maslany est toujours épatant.


On voit également que l’équipe des effets visuels s’amuse encore plus, la technique s’améliorant, prenant plus de risque.


Quoiqu’il en soit, cette saison 2 provoque aussi bien, sinon mieux, du plaisir pur. L’histoire aussi complexe soit-elle n’a en fin de compte peu d’importance : le spectateur est emporté par le mouvement perpétuel et les enjeux nombreux mais bien concrétisés par de très bons comédiens dans l’ensemble. Même si Orphan Black n’est pas une très grande série, elle fait le boulot avec une belle et réjouissante efficacité.


Saison 2 Captures et trombi




Saison 3:


Hé, plus on avance dans les saisons, plus on s’attache à ces nombreux personnages!


Malgré l’impression, parfois encore au début de cette saison 3, d’être submergé par une histoire complexe, on parvient à garder une ligne directe avec les personnages et des enjeux tout de même plutôt clairs. De nombreux nouveaux personnages viennent s’ajouter aux premiers, amenant de nouvelles problématiques tout aussi compliquées à intégrer, mais paradoxalement, au fur et à mesure que les épisodes s'enchaînent, j’ai l’impression que cela devient de plus en plus fluide et simple à comprendre. La démarche de la série ressemble à celle du célèbre Mcguffin d’Hitchcock en fin de compte. Sauf qu’ici, c’est comme s’il y en avait plusieurs, des lièvres après qui plusieurs personnages courent en simultané.


Paradoxalement, on s’en fout de ne pas tout comprendre en détail, on s’accommode des quelques explications scientifiques oiseuses suggérées par le récit et donc on suit cela avec plaisir. D’autant plus que les incohérences sont minimes, voire très judicieusement écartées quand on les voit grossir de façon périlleuse.


Le lien reste très fort grâce aux personnages qui eux mêmes tissent des relations fortes. Peu à peu, la série gagne en émotions plus variées, plus riches.


Il faut encore une fois souligner l’apport essentiel des comédiens pour créer cette base puissante qui permet au spectateur de rester happé par le flot du récit. En premier lieu, Tatiana Maslany est magistrale. De plus en plus à l’aise avec ses personnages multiples, elle va de l’un à l’autre avec beaucoup de grâce, mais surtout avec une justesse tellement surprenante. Elle impressionnait déjà avant, mais sur cette saison 3, elle fait davantage mon admiration.


J’adore toujours Jordan Gavaris qui joue un flamboyant Felix. Je ne suis toujours pas convaincu par Dylan Bruce en Paul et suis donc ravi de l’apparition de Michiel Huisman en challenger.


Parmi les personnages secondaires qui retiennent véritablement mon attention sur cette saison 3, la petite Zoé De Grand Maison est troublante, très émouvante et inquiétante à la fois. J’ai l’impression de découvrir en Kristian Bruun (Donnie) un comique qui était un peu plus réservé lors des saisons précédentes. Il assure ici un rôle beaucoup plus prépondérant il est vrai.


Pour Evelyne Brochu et Maria Doyle Kennedy je suis encore un peu dans l’expectative.


Il n’en demeure pas moins évident, qu’à la fin de la saison 3, encore une fois, une énorme envie de continuer s’impose d’elle même.


Captures et trombi




Saison 4:


Déjà la saison 4! On aura dévoré en famille ces 4 saisons en quelques jours! L’addiction ne vient pas d’une histoire de plus en plus complexe, pour ne pas dire tarabiscotée à l’extrême, mais bien par ses personnages attachants.


Cette 4e saison, un brin plus gore que les précédentes, me semble-t-il, n’en est pas moins compliquée. Peut-être que la 3e saison avait déjà été très clarifiante si l’on puit dire, mais celle-ci, faisant craindre un renouveau d’embrouillamini, finit somme toute par donner beaucoup d’explications laissées en suspens depuis le tout début de la saison 1.


A la fin de cette saison 4, on a le sentiment que les scénaristes ont bel et bien éclairé la trame générale. On peut se demander si ce qui s’annonce pour la saison 5 ne relève pas d’enjeux secondaires. Les nouveaux périls paraissent plus restreints. Cette fin de saison prépare une sorte de bataille finale.


La part de mystère qui faisait aussi la force des saisons précédentes est moindre dorénavant : on veut juste un point final à cette longue et méandreuse histoire.


Du point de vue du jeu, autre grand atout de la série dans son ensemble, la saison 4 produit toujours un spectacle de belle tenue avec des comédiens très à l’aise dans leurs rôles respectifs.


Je suis encore impressionné. Les scénarii aussi compliqués soient-ils retombent toujours très bien sur leur récit. C’est élégant, propre, rondement mené. Même si la série ne vise pas la profondeur des séries maîtresses, elle joue dans la cours des grands dès lors qu’on lui assigne une place dans le divertissement. Dans ce registre, elle tape juste et fort. Le mot efficacité n’est pas galvaudé avec Orphan Black et ce, depuis 4 saisons. Bravo et ouvrons vite le dernier chapitre!


Captures et trombi saison 4




Saison 5:


La dernière saison finit en une belle apothéose. tenant à peu de choses près les promesses affichées par les saisons précédentes, ajoutant des surprises bienvenues dans la trame qui donnent d’intenses émotions et concluant cinq années avec toujours cette maîtrise dans le spectaculaire, équilibre entre suspense, émotion et action.


Tatiana Maslany tient toujours la baraque avec maestria cependant que le reste de la distribution est mis largement à contribution pour finir la saison en beauté. On se rend vite à l’évidence que pratiquement tous les acteurs sont plus ou moins évoqués ou invités à faire une apparition en signe d’adieu pour ce feu d’artifice final.


Sinon, je trouve que les rôles secondaires sont très bien mis en valeur, me semble-t-il. C’est une constante dans la série, certes, mais j’ai l’impression que cette dernière saison prend un soin supérieur à le faire, comme un remerciement appuyé.


La tension mélo-dramatique est montée d’un cran. Comme il est temps de mettre un terme à toute l’aventure et ses questionnements, dire adieu à tous ces personnages auxquels on s’est attachés, la façon dont on le fait ici avec certains est pour le moins intense en émotions diverses. Même si dans l’ensemble le happy-end est de rigueur, cela ne se fait pas sans heurt, ni sacrifice haut en couleurs.


Même si c’est un crève cœur de quitter ces personnages, la réussite de ces adieux procure un vrai plaisir de fan. Et je suis d’ores et déjà sûr que de futures revoyures aboutiront de nouveau à ce que cette série de pur divertissement espérait produire : un rendez-vous de plaisir renouvelé.
Captures et trombinoscope de la saison 5

Alligator
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le 19 janv. 2018

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Alligator

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