Gros soap mou

J'aime assez les rythmes lents, les développements paisibles, les ambiances qui se posent peu à peu. Mais là, c'est trop. Une galerie de personnages plus ou moins intéressants (qui parlent tous anglais où qu'ils soient... c'est d'un cheap) unis par le pouvoir de ressentir les émotions des uns et des autres, de se projeter en eux. Bref, il y a un pitch techno-métaphysico-surnaturel qui se laisse prendre aussi bien que les tribulations d'une équipe de mutants ou du Scooby-gang mais les Wachowski, trop occupés à se mater en train de révolutionner la série télé, se sont embourbés dans leurs effets de manche et leurs prétentions philosophiques totales. La vie, l'amour, la mort, la perte, l'identité, la famille, la renaissance, tout se mélange dans un gruau délayé au possible, sans surprise, chiant jusqu'à la berlue, où se croisent ces personnages quasiment tous totalement dépressifs.
J'avais du mal à ne pas croire au second degré de certaines scènes gluantes de pathos bon marché. Et quand, précisément, un peu de recul et d'humour vient épicer l'histoire (notamment ce qui concerne Lito), comment ne pas voir cette vague mise en abîme autour de la violence portée par un acteur comme un prétexte bidon pour balancer un peu d'action, bien putassière dans ce contexte.
Il faut 9 épisodes pour que l'équipe commence à percuter qu'ils peuvent faire quelque chose de ce pouvoir d'échange de corps et d'esprits. Ils s'en servent donc pour baiser, balancer des mandales et chialer. Et tenter de régler leurs pénibles problèmes quotidiens tout en étant confrontés à l'immanquable multinationale scientifique dont le patron en costard/blouse blanche cherche à les disséquer.
Finalement, on est appâtés par toutes les accroches et codes, y compris visuels, de la série mystico-conspirationniste pour découvrir après coup un bon vieux mélo augmenté d'un argument télépathique. Un peu comme le traitement du vampire dans un Twilight, c'est un prétexte pour espérer créer des situations pleines d'émotions faciles et de pauvres prises de conscience adolescentes.
Dois-je rajouter que la vision des différents pays, notamment l'Inde et le Kenya, me semblent bien pétrie de clichés, mais ce n'est pas le plus grave.
Sinon, Van Damme est cool.