Sense8
7.3
Sense8

Série Netflix (2015)

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Van Damn, Résonance Limbique et Lance-Roquettes / Saison 1

Après le four de Jupiter Ascending, que fallait-il attendre de Sense8, la nouvelle série annoncée par les Wachowski ? Seize ans après le premier volet de Matrix, qui leur assurait un certain statut dans le monde du cinéma, ils s'attellent pour la première fois à créer un contenu pour le format télévisuel; ou plutôt le format streaming, puisque c'est Netflix qui produit et diffuse la série. Au programme: huit individus, disséminés partout dans le monde entier, se retrouvent connectés par la pensée.


Ce phénomène, appelé la "résonance limbique", se caractérisera d'abord par l'échange de simples sentiments, puis leur permettra de parler entre eux, voire de partager leurs compétences physiques ou mentales. Présenté comme cela, le concept est plutôt original mais apparaît difficile à mettre en scène. Il faut pourtant reconnaître que les Wachowski relèvent le défi avec brio: à l'aide de mouvements de caméra (le plus souvent rotatifs) et de champ-contre-champ, dont l'arrière-plan changera à chaque changement de plan, ils rendent le phénomène parfaitement lisible et crédible.


Au-delà de l'appréhension du phénomène par le spectateur, l'appréhension par les personnages est elle aussi prise avec des pincettes: il s'agit pour eux d'accepter l'idée d'accueillir un étranger dans leur tête et la série prend le temps qu'il faut pour rendre cette adaptation réaliste. Sense8 apparaît d'autant plus comme une série fluide que les intrigues de chaque personnage, développées dans les premiers épisodes, se suivent sans transition, et avec une légèreté et une facilité plutôt fascinantes, qui nous ôte presque l'impression de regarder une série. Malgré quelques dialogues, quelques personnages et quelques situations très clichés, on est rapidement happés par cette série d'un genre nouveau.


Lorsque j'ai commencé la rédaction de cette critique, SensCritique m'a propose d'attribuer Sense8 à la liste des meilleures séries sentimentales. Je dois dire que j'ai longtemps hésité. Lorsque l'on entend "série sentimentale", on pense généralement aux soaps sirupeux du genre Les Feux de l'Amour. Sense8 n'a aucun point commun avec ces séries, mais elle n'en demeure pas moins une série très axée sur les sentiments. La résonance limbique, qui implique un partage permanent d'impressions et d'émotions, est retranscrite à l'écran à travers des scènes frappantes par la chaleur qu'elles dégagent: on en veut pour preuve la scène du karaoké de l'épisode 4, où les huit personnages se mettent à chanter en chœur "What's Up" des 4 Non Blondes, ou la scène finale de l'épisode 10, où ils ont tous la vision de leur propre naissance, à l'écoute d'un morceau de musique classique. Sense8 est une série intimiste et réconfortante pour le spectateur, une série prête à nous accueillir entre ses bras; même les Wachowskis semblent faire partie de cette séance de confidence puisque certains éléments apparaissent clairement comme vécus par les deux réalisateurs (par exemple, le personnage transgenre de Nomi, et les péripéties qu'elle rencontre).


Sense8 dispose également d**'un certain côté série B totalement assumé, caractérisé par **des scènes d'action totalement surréalistes et jouissives, qu'il s'agisse de combats ou de courses de vans effrénées au cœur de Nairobi, parsemées de références à Jean-Claude Van Damme. On peut même pousser l'audace jusqu'à désigner le cliché de certains dialogues et de certaines situations des personnages comme volontaire, tant il colle avec cet aspect de la série qui lui confère un charme certain. On lui pardonnera à cet égard certains écarts verbeux qui percent bien trop à jour le mystère autour de la résonance limbique.


Le personnage coréen qui fait du kung-fu, l'attaque au lance-roquettes, le passage à tabac de Lito par Joaquin en sont autant d'exemples.


Supportée par des acteurs méconnus du grand public mais pourtant tous convaincants, et mixant sentiments et scènes d'action, Sense8 pourrait bien être la révélation de cette année 2015 en terme de séries. Cette première saison, qui sur ses derniers épisodes dessinait une trame principale qui semble déjà lancer les bases de la suite de la série, paraît surtout être une introduction mais parvient tout de même à passionner, prometteuse, à travers personnages attachants, intrigues clichés mais diversifiées et scènes d'action explosives embaumées par une atmosphère chaleureuse, presque lyrique. Encourageant pour une série qu'on attendra de pied ferme l'année prochaine: rien ne porte pour l'instant à croire que la série sera sans suite.

Créée

le 7 août 2015

Critique lue 547 fois

7 j'aime

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Kevin Soma

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