Comme les huit doigts de la main.

Première série conçue par les Wachowski (ainsi que par Joseph Straczynski), Sense8 est étonnant à plus d'un titre. Fortement ancrée dans la thématique identitaire des Wacho, cette série parle de huit personnes (4 hommes et 4 femmes) qui sentent peu à peu qu'ils sont liés par une femme qui se suicide au tout début de l'épisode 1, ainsi que par un mystérieux messager. Ils sont tous à des endroits différents de la planète (USA, Angleterre, Kenya, Inde, Corée, Mexique, Allemagne), mais chacun peut vivre ou ressentir ce que font les autres, que ce soit des gestes, des sensations, des paroles.

C'est justement là que la série est excellente ; c'est que malgré sa multitude de personnages principaux (nommés les sensitifs), on ne se sent jamais perdu, les créateurs laissant largement vivre chacun d'entre eux. On peut avoir nos préférences, mais tous portent un trauma, un décès, une secret inavouable. Quelque part, ça rejoint totalement le sujet préféré des Wachowski qui est l'identité ; qui suis-je ? On voit ça depuis leur premier film, Bound et bien entendu la trilogie Matrix, mais la recherche de soi est ce que caractérise ces huit personnages.

Bien que ce ne soit qu'une série T.V., celle-ci dispose de moyens gigantesques ; pas loin de 170 millions de dollars pour la réalisation des douze épisodes qui composent la saison 1 ! En effet, le tournage s'est effectué en Asie, en Allemagne, en Afrique du Sud, et bien entendu aux États-Unis, sous la direction des Wachowski (qui ont réalisé sept épisodes), et plusieurs de leurs partenaires au sein de leur carrière ; Tom Tykwer, James MCTeigue et Dan Glass, qui s'est non seulement occupé des effets spéciaux, mais qui est un collaborateur privilégié (il a travaillé tout au long de sa carrière avec les Wacho).

Je ne veux pas trop déflorer ce qui fait le charme de la série, mais la relation, je dirais même la connexion qui s'effectue entre les huit personnages est souvent magnifique. Ça peut être via des chansons (What's up, Knockin' on heaven's door) ou par le sexe, qui a son importance, et notamment la fameuse scène d'orgie dans l'épisode 6. Ce sont presque de moments de stase, sans réelle incidence dans la scénario, mais qui sont comme des moments de jouissance pour ces huit personnages, qui dans leur bulle, à sourire.

L'action a également son importance, et là, on voit les moyens souvent impressionnants, avec quelque chose de très fort au niveau du montage. Souvent, les personnages vont devoir se battre, et à un instant donné, un des huit sensitifs peut prendre part au combat, et une autre personne intervenir au plan d'après. L'effet recherché est vraiment bluffant, donnant l'impression de tous pour un.

Quant à l'histoire principale, ce qui lie les sensitifs, elle laisse largement la place à une deuxième saison, car au fond, on n'a pas envie de quitter ces personnages, qui ont tous un côté attachant. Je citerais par exemple Capheus (fan de Jean-Claude VanDamn, avec la faute d'orthographe), Lito la star du cinéma d'action, Riley la DJ que je veux épouser ou bien encore Nomi. Je prend juste quelques secondes pour parler d'elle et de l'audace d'avoir inclus tel personnage. Comme l'actrice dans la vie, Nomi est une transsexuelle, qui vit en couple avec sa petite amie, et il n'a pas interdit de penser en la voyant à Lana Wachoski, où je reviens encore sur l'identité. C'est une personnage qui m'a beaucoup touché, de par les regards de haine que sa mère lui jette (et qui l'appelle encore Michael), et qui assume sa différence.

Au final, je ne peux que recommander les gens de voir Sense8 ; c'est bien simple, j'ai complètement adoré de A à Z en ayant eu cette sensation rare de voir un film de près de 13 heures. La suite !!!!!