The Hateful Atlas

Sense8 fait immédiatement penser à Cloud Atlas : on suit un ensemble de personnes qui ne se sont jamais vues, qui vivent leur propre histoire chacun dans son coin, et dont les actions vont se répercuter sur les unes et les autres. Le montage aussi y fait énormément penser, ce qui est excellent vu que c'était la plus grande qualité de Cloud Atlas. La série regorge de situations parallèles qui sont mises en avant par ce montage, ce qui nous offre des séquences tantôt belles, tantôt grinçantes, toujours bien vues. Cet art de la transition d'un personnage à l'autre est une merveille. Malheureusement, Sense8 a aussi la fâcheuse tendance à réutiliser des thèmes et surtout des scènes qu'on a déjà vus dans la plupart des production Wachowski, de Matrix à Jupiter Ascending. Il faudra varier un peu la prochaine fois avant que la lassitude ne guette.

Sense8 donne une très bonne idée de ce qu'aurait donné Cloud Atlas si ça avait été une série. Et pour le moment, je trouve que ce format de 12x50mn ne fonctionne pas. Chaque histoire de Cloud Atlas était finalement fort banale dans son fond mais sublimée par son fameux montage, or ici ces histoires durent beaucoup trop longtemps pour que cette astuce nous fasse avaler les mêmes couleuvres. On a 8 points de vue à suivre, c'est beaucoup. Et malheureusement ces histoires stagnent. Je me suis fait bien suer devant ces banalités, comme cette indienne qui va épouser un homme merveilleux qu'elle n'aime pas : c'est très bollywoodien, donc en phase avec la patrie du personnage, mais c'est aussi inintéressant. Les évènements s'en montrent d'autant plus prévisibles. Je suis resté jusqu'au bout de cette saison 1 pour profiter du fil rouge qui relie ces 8 personnages et devinez quoi ? Ce n'est finalement qu'une longue introduction pour la saison 2. Oh, on a bien un season finale qui relance le fil rouge. Mais j'ai quand même cette sale impression de n'avoir eu qu'une origin story de plus, en plus longuet que les Marvel habituels. La faute à un rythme dilué pour une intrigue qui peine à tenir sur les 12 épisodes réglementaires.

Il serait injuste de ne pas mentionner les qualités de cette série, car j'ai tout de même fort apprécié son début, lorsque tout était à découvrir. Les personnages sont parfois exaspérants, mais Capheus est tellement adorable qu'il compense tout. J'ai beaucoup aimé la réalisation, notamment pour ses moments de communion entre les 8 personnages. J'ai été conquis par une scène en particulier, qui montrait la façon dont les sensitifs s'entre-aident pour la première fois. Je suis peut-être une midinette, mais j'ai trouvé ça magique... jusqu'à ce que ce processus se banalise. Qu'il se répète, tout comme les effets de style utilisés lors des transitions. Ce montage que je louais dans Cloud Atlas finit par tourner en rond et à mettre en évidence la vacuité de ces histoires banales, malgré quelques éclats. Encore une fois, c'était tout simplement trop long pour ce qu'il y avait à montrer.

J'ai passé quelques bons moments devant Sense8, mais son rythme fait terriblement défaut. Maintenant que les personnages sont enfin posés, on peut espérer une saison 2 qui nous offre une histoire commune prenante plutôt qu'une multitude de téléfilms servant d'introduction. Mais n'est-ce pas ce qu'on attendait dès la saison 1 ? C'est un triste phénomène que je retrouve partout dans les industries du divertissement : on nous promet une œuvre saisissante à venir, et on réitère exactement les mêmes promesses à l'annonce de la suite en déclarant "Cette fois c'est la bonne !". Bien sûr. La première fois on vous a floué, mais promis juré la prochaine fois ce sera génial. La prochaine fois.