Sex Education
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Sex Education

Série Netflix (2019)

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Sex Education parle de cul, et c'est bien là ce qu'on lui demande. Seulement, comme son titre l'indique, le sexe ici n'est pas racoleur, pornographique ou machiste. On parle bien d'une éducation sentimentale, d'apprendre à jouir de son corps et du corps de l'autre, dans la bienveillance et avec un consentement des différentes parties impliquées.


Otis (Asa Butterfield) est le fils d'une sexologue, Jean Milburn (Gillian Anderson). Lui et Maeve (Emma Mackey), avec qui il vivra une relation, hum, compliquée, vont devenir des référents sexuels dans leur école perdue dans la campagne anglaise. Les cours officiels d'apprentissage à la sexualité y sont dispensés pour enseigner comment éviter d'attraper une IST ou ne pas tomber enceinte. Ce n'est cependant nullement l'attribut des petites villes de province. Des milliers de questions sur le plaisir à prendre lors des caresses sont laissés en suspens... laissant la place à Otis et Maeve. Tout le monde n'étant pas prêt à entendre ce discours, les problèmes suivront rapidement.


Sex Education présente une galerie de personnages se bousculant à l'intérieur de ce petit monde constitué majoritairement de l'école de Moordale, et des habitations respective d'Otis, Maeve, et d'autres élèves du collège : Eric (Ncuti Gatwa), Adam (Connor Swindells), Jackson (Kedar Williams-Stirling), Aimee (Aimee Lou Wood), Ola (Patricia Allison), Lily (Tanya Reynolds) ... Ce sont des adolescents, pour la plupart hauts en couleur, avec des personnalités qui s'affirment, se cherchent. Ce sont leurs moments de doute, de remise en question, qui dynamisent le récit.


La série ne laisse pas les adultes en chemin, et n'est pas désigné uniquement pour les adolescents. D'abord, parce qu'on apprend toujours et que la sexualité est un champ d'expérimentation immense. Et puis, parce qu'il y a des adultes qui ont bel et bien leur place dans cet univers : Jean, ses divers compagnons, les professeur.e.s, la direction, etc.


Sex Education parle de cul, je disais donc pour ouvrir cette critique, et c'est là qu'elle est la plus forte. D'abord, parce qu'il n'y a pas de honte (et heureusement d'ailleurs) à montrer le cul, pour ce qu'il est. Pas de pudibonderie, on parle de cul, on en montre. Et on déconstruit, comme il n'existe pas de normalité sexuelle, malgré les images porno et les stéréotypes qui tentent de limiter notre vue sur la chose. La sexualité est multiple, bizarre, belle. Ce qui est normal, c'est de poser des questions sur la légitimité des normes sexuelles qui nous gouvernent.


La série se déguste vite. La musique pop est omniprésente, les scènes sont vite emballées. L'univers dépeint est irréaliste, mythique : la magnifique maison d'Otis et sa mère Jean, au bord de l'eau, l'école d'une Angleterre fantasmée. Sex Education met l'accent sur le fun et la décomplexion d'idées préconçues, par sur le réalisme du monde. Parfois, elle s'égare, surtout dans la saison 3. Le sexe se perd, on développe cet univers de cartes postales qui n'était posé au début que comme cadre bienveillant pour accueillir fraîchement une nouvelle sexualité. Elle reste pourtant agréable à regarder, à défaut d'être indispensable (d'un point de vue esthétique).


Sex Education est une collection d'images et de scènes d'utilité publique, pour les jeunes et moins jeunes. Et par là, la série devient nécessaire. À la manière de Jüne Pla et de son livre dont le titre de ma critique rend hommage, Victoire Tuaillon et ses couilles/son coeur sur la table ou Charline Vermont et son compte insta orgasme_et_moi, le show semble appartenir à son temps, notre temps. La remise en cause d'idées reçues héritées de milliers d'années de patriarcat est devenue une priorité, sur nos écrans et dans nos mains. On sort de la caverne avec des étoiles pleins les yeux, de l'amour à revendre et des caresses à donner. Une sexualité toujours plus inclusive, partageuse et belle se met lentement en place. Laissons-nous rêver quelques instants, à leur écoute.

Cambroa
8
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le 10 nov. 2021

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Cambroa

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