Je pense qu'il est d'abord nécessaire de savoir pourquoi cette série a été écrite et par qui. C'est donc Alan Ball, le créateur d'American Beauty tout juste récompensé pour ce film en 2000, qui choisit de prendre sa plume et d'écrire Six Feet Under. Quelques détails qui ont leur importance : Alan Ball est gay, est passé par une école d'art et vient de perdre sa soeur quand il commence à écrire. Des thèmes qui devraient déjà vous être familiers si vous avez vu la série. HBO accueille à bras ouverts le projet, et lui demande d'aller encore plus loin. Un récit plus compliqué, plus noir, plus profond... en cinq chapitres.
Si la série a rencontré autant de succès après coup, c'est en premier lieu car l'histoire entière a été pensée d'un seul bloc. Il n'y a pas d'épisodes qui servent à meubler en attendant le final de la saison, il n'y a pas d'épisodes qui en font trop, l'écriture du récit est répartie équitablement sur les cinq saisons. Et j'aime bien voir dans chacune d'entre elles une thématique générale.
Chapitre 1 : l'introduction
La première saison donc, ne sert pour moi qu'à nous présenter les personnages, ce qui n'est pas une moindre affaire puisqu'il y en a une petite fournée. On peut en citer 7 principaux dans ce premier chapitre :
Nathaniel, le père, qui meurt dans les premières minutes du pilot et qui apparaît sous forme de fantôme pendant toute la série,
Ruth, sa femme, qui devient donc veuve dès le pilot,
Nate, le fils aîné, indépendant, qui ne vivait plus dans la famille et qui revient prendre les rênes de l'entreprise,
David, le second fils, gay et bon fils à papa, qui a toujours été dans l'entreprise,
Claire, la petite dernière, adolescente au début de la série et qui doit grandir au milieu de tout ça,
Brenda, la copine de Nate, qu'il rencontre dans le pilot,
Rico, l'employé de l'entreprise, considéré quasiment comme un troisième fils.
Tout commence quand Nathaniel, le père de famille, décède dans son tout nouveau corbillard dans un accident de la route. Son fils Nate revient temporairement aider l'entreprise familiale, soutenir sa mère Ruth, sa soeur Claire dans leur deuil, et va finalement rester plus longtemps que prévu. La première saison ne dépassera pas pour moi le stade du très bon soap, pour la bonne et simple raison qu'elle risquerait sinon de devenir rapidement invraisemblable.
La série aborde divers thèmes dans ce premier chapitre : l'homosexualité avec David, le deuil avec les diverses familles qui se présentent à chaque épisode, le début du couple (séduction, jeux...) avec Nate et Brenda, la différence avec Claire. La spécificité de cette saison repose sur la légèreté de son traitement, soit on effleure le sujet, soit on le traite avec humour. Les meilleurs exemples resteront notamment la transition de Ruth qui va se mettre à vendre des fleurs pour les mariages plutôt que des enterrements et qui semble redécouvrir la vie, Claire qui vole le pied d'un cadavre pour le refourguer dans un casier, et le constant affrontement entre la vie et la mort (le petit frère de Gabe qui se suicide vs. le naissance du fils de Rico par exemple).
Tous ces évènements vont nous donner envie d'aller plus loin encore, de creuser bien plus profond dans les sentiments de ces personnages. Le chapitre 1 se clot et déjà nous avons l'impression de vivre au coeur de cette famille incroyable à travers des histoires parfois marrantes, parfois touchantes, mais toujours réalistes.
Chapitre 2 : La famille
La deuxième saison va reprendre en partie ces thèmes et les approfondir. C'est véritablement là que Six Feet Under a commencé à prendre toute son ampleur pour moi, car cette saison commence à installer sa morale qui est "Cueille le jour sans te soucier du lendemain" (plus connue en latin mais ici we are in France, we speak french). Et quoi de mieux pour cela que de commencer par creuser encore plus la psychologie et les relations entre les personnages.
Elle commence d'ailleurs avec un repas de famille absolument mémorable où Nate se retrouve à table complètement défoncé. Les interactions vont dans tous les sens, et il n'y a pas un personnage qui est épargné. Le but est atteint : nous connaissons les relations qu'entretiennent tous les personnages entre eux. Vous vous êtes sûrement rendus compte dans d'autres séries, que parfois certains personnages ne se retrouvaient jamais ensemble ? Certaines essaient d'utiliser cette habitude pour la parodier (je repense là à l'épisode de How I Met Your Mother où Marshall se retrouve avec Robin en tête à tête), pour certaines on trouverait cela carrément invraisemblable. Pour une série qui ne contient pas de personnage principal, c'est essentiel et c'est ici maîtrisé à la perfection.
[....] Suite sur serieall (avec des spoilers) [...]