Stranger Things
7.6
Stranger Things

Série Netflix (2016)

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Un panne d'Internet, de la pluie et un peu de temps à perdre : c'est ce qu'il m'a fallu pour que je me décide enfin à ouvrir le fichier "Stranger Things" qu'on m'avait passé il y a deux ans en me disant "ça va te plaire, c'est super bien" (j'ai pas Netflix, mais j'ai quand même squatté un compte pour regarder la deuxième saison). Et puis depuis le temps que je voyais tout le monde en parler et s'extasier dessus, il fallait bien que je jette un œil à cette série qui affole les Internets.


Je vais aller droit au but : ça ne m'a pas spécialement plu. Non pas que ce soit vraiment mauvais, loin de là, mais parce que ce n'est pas original : cette série surfe complètement sur la vague du revival 80's en proposant un condensé de tout ce qui a eu du succès à l'époque. J'ai déjà vu cette série en regardant des films de Steven Spielberg, Robert Zemeckis ou John Carpenter datant des années 80 puisque Stranger Things reprend leurs codes, leurs styles et leurs gimmicks à la pelle. Au début de la saison 1, je me suis même demandé si je n'étais pas en train de regarder E.T. Et je ne suis pas spécialement un grand lecteur de Stephen King, mais je suis certain qu'il y a plein de trucs qui viennent tout droit de ses histoires. Cette repompe, plus qu'un réel hommage, rend le tout extrêmement prévisible.


La prévisibilité de l'intrigue est renforcée par une mise en scène aux choux et une écriture de personnages aux fraises : le trip 80's est parti tellement loin que la série est construite sur les codes de l'époque, comme si rien n'avait évolué en 35 ans. La mise en scène est illustrative, factuelle et jamais surprenante (autant le fusil de Tchekhov est un procédé classique et inoffensif dans la fiction, autant ça me gonfle un peu quand on se promène dans l'armurerie de Tchekhov), la série suit son cours sans jamais laisser de place à l'imagination ou à la spéculation et les partis pris ne sont pas franchement époustouflants : on a vu plus original que le personnage qui hésite à partir ou à rester avec en fond sonore Should I Stay or Should I Go du Clash.


Les personnages ne sont pas en reste puisqu'ils correspondent tous aux archétypes les plus éculés (la bande de nerds, les bullies, l'horripilant quarterback...), certains sombrant carrément dans le ridicule comme Billy, le rebelle à coupe mulet violent dans la saison 2, dont chaque apparition est accompagnée d'un morceau de hard rock. Les personnages et leurs schémas sont tous identifiables au premier coup d’œil, ce qui les rend parfois monodimensionnels et assez peu attachants. C'est aussi valable pour l'écriture des antagonistes : je veux bien croire que des scientifiques militaires de la CIA aient de sérieux problèmes avec des créatures venues d'ailleurs, mais qu'ils se fassent bolosser aussi facilement par des gamins de 12 ans à bicyclette... Leur crédibilité en prend un sacré coup et le docteur Brenner passe immédiatement pour un gros tocard tant il est à la ramasse.


Quant à la structure des saisons, on est quasiment sur des schémas de Donjons et Dragons : quête, donjon, boss final (ce qui expliquerait presque les personnages stéréotypés qui correspondraient à des classes). Autant la première saison qui a beau commencer comme E.T et finir comme Aliens est assez sympathique, autant la deuxième met beaucoup plus de temps à démarrer et se montre plus foutraque.
La bande originale ne relève pas la barre puisqu'elle se contente de singer les synthés de Carpenter.


Après, tout n'est pas à jeter, il y a quand même du bon, à commencer par les acteurs. Mettre des gosses en premiers rôles est un pari risqué puisqu'ils peuvent rapidement devenir énervants, ce qui n'est pas le cas ici, j'ai été assez surpris par les performances de l'actrice qui incarne Eleven et de celui dans le rôle de Dustin. Parmi les adultes, si Winona Ryder n'a plus besoin de faire ses preuves depuis longtemps, David Harbour (le chef Hopper) avait besoin de me convaincre en tant que nouvel interprète de Hellboy, et il m'a convaincu.
Et puis à l’œil, ce n'est pas laid, c'est même très joli. J'aime beaucoup le travail de la lumière et certains visuels (l'Upside Down est une bonne trouvaille, ça a de la gueule).


Stranger Things est une série anachronique qui tente sans trop se fouler de faire passer du vieux pour du neuf. Le spectacle n'est pas désagréable mais il peut vite devenir ennuyant tant il est prévisible et il manque d'originalité. Ça plaira à ceux que le trip rétro 80 ne dérange pas, aux nostalgiques et aux fans des années Reagan.


J'ai mis 6 parce que moi aussi j'adore E.T, le Clash et DEVO.

Baheuldey
6
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le 23 août 2018

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Baheuldey

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