Rien que le générique, j'étais sous le charme. Une valse lente envoûtante et la présence de l'eau, qui annoncent d'entrée la couleur. Car l'intrigue est comme une danse compliquée entre des partenaires aux intensions troubles, et l'eau ne va cesser de dégouliner, envahir, étouffer ou éteindre tout au long de ces 8 épisodes à la lumière somptueuse. On retrouve le Londres du XIXe siècle que Loisel avait déjà bien exploré dans son Peter Pan sinistre. Les bords boueux de la Tamise, les auberges glauques, les prostituées hirsutes, les gamins débrouillards, les demeures sombres, les ors arrogants de la noblesse... on y replonge avec ce même mélange si particulier de répulsion et de fascination. Et puis, il y a le personnage campé par Tom Hardy. Alors, j'avoue, dans le lamentable reboot de Mad Max, j'étais passée à côté de ce comédien dense et solide. Évidemment, il n'avait rien à y faire, à part trimballer sa grande silhouette massive et son regard limpide. Ici, finalement, il fait exactement la même chose, mais la qualité de la série change tout et lui donne l'occasion d'habiter, voire de hanter, ce rôle intrigant et complexe. Cerise sur le gâteau, la fin laisse des tas de questions ouvertes, qui n'appellent pas forcément une suite mais nous laissent à nous l'espace de lancer à plein galops les chevaux fougueux de notre imagination... Pas si fréquent, et pas souvent réussi. Carton plein donc pour cette machination diabolique au cours de laquelle s'affrontent trois systèmes dont on ne sait guère lequel est le plus antipathique et mortifère. Du grain à moudre si on transpose à l'époque actuelle...