1-Du roman à l’écran, une adaptation terrifiante


Adapté du roman de Margaret Atwood – La servante écarlate – The Handmaid’s Tale reprend l’intrigue principale du roman tout en l’étoffant. L’atmosphère pesante et misogyne du récit est ici amplifié par des plans d’une grande intensité visuelle et une bande son oppressante.
Le passage du roman à l’écran s’avère dès lors salutaire. L’univers, davantage développé, prend en effet le temps de s’intéresser à de nombreux personnages et n’axe plus uniquement la réflexion autour du personnage principal, la très remarquée Defred.


2-Charismatique Elisabeth Moss


Defred est en effet incarnée à l’écran par l’impressionnante Elisabeth Moss. Récompensée aux Emmy Award 2017 (meilleure actrice), elle donne réellement vie à son personnage à travers une interprétation sensible et toute en nuance. Charismatique et singulier, son personnage apparait plus courageux que dans le roman et devient une figure humaine, touchante et attachante.
A travers une interprétation réaliste et forte, Elisabeth Moss aura su retranscrire, en quelques regards, toute la complexité de son personnage et l’ampleur de son isolement. Mais si la comédienne illumine l’écran de sa présence changeante, les autres personnages se révèlent également d’une grande intensité. Du Commandant, incarné par Joseph Fiennes, insaisissable et inquiétant, à la très dure mais si humaine Epouse, Serena Joy (Yvonne Strahovski) en passant par le mystérieux Nick (Max Minghella), les personnages sont d’une troublante humanité et incarnent avec conviction toute la complexité des relations humaines.


3-Un conte cruel pour une histoire féministe


Dans un monde où les femmes sont condamnées à servir les leaders d’une société patriarcale, où elles n’ont plus la libre disposition de leurs corps, ni la possibilité de lire, d’écrire ou travailler, La Servante Ecarlate, apparait comme le miroir grossissant des maux de nombreuses sociétés. Dystopie glaçante, faisant du viol une pratique courante sous couvert de traditions (cf la cérémonie), The Handmaid’s Tale peut être vue comme une fable politique horrifique sur le droit des femmes. Une étiquette pourtant simpliste qui s’avère rapidement insuffisante tant les thèmes de la série sont complexes et variés. En effet, le spectateur comprend rapidement que cette société, piégée dans une épuration systématique des individus « nuisibles » ou « inutiles » au système, plonge l’avenir de tous dans l’obscurantisme. Une oeuvre dérangeante, dont l’horreur nous envahit progressivement, entre sidération et interrogation.


4-L’oeil du spectateur au coeur d’une société surveillée


Alternant entre passé et présent, l’oeil du spectateur – guidé par une caméra toujours plus proche de ses personnages – accompagne l’isolement, l’intimité, l’enfermement physique et mental et la soif de liberté de Defred. Le spectateur, témoin impuissant de son agonie, s’avère être également cet oeil silencieux et désarmé qui laisse faire, participant ainsi à la survivance même du système.
Une mise en abîme terrifiante, qui fait prendre conscience de l’importance des petites lâchetés quotidiennes. The handmaid’s Tale est en cela plus qu’une série, elle incarne un discours et une tension, celle qui accompagne les personnages, fait qu’ils se sentent tous surveillés, harcelés et souvent isolés.


5-Une utilisation des couleurs saisissante


En insistant sur le contraste entre les images précédant la mise en place du régime religieux de Gilead, et celles plus ternes du présent, la série met en lumière les différences qui existent entre les perceptions de ses personnages. Un point de vue que souligne intensément le cadrage et l’utilisation du rouge comme couleur principale très stigmatisante pour les servantes.
La mise en scène, précise et travaillée, apporte une structuration mécanique qui fait écho à la hiérarchie de la société pensée par Gilead, tout comme la cruauté de certaines scènes laisse poindre la possibilité d’une révolte et la prise de conscience des personnages.


Une série d’une grande violence psychologique qui rappelle avec force combien la liberté des peuples reste importante dans une société multiple et complexe et combien la différence est en soi une véritable richesse. Une oeuvre à découvrir pour la complexité de son propos et la force de son discours.


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le 28 sept. 2017

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