Hail to the grief
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Damon lindelof est un nom incontournable pour tout sériephile des années 2000 qui se respecte. On a tendance à l'oublier, mais avant Game Of Thrones et Benioff et Weiss ; celui qu'il fallait détester c'était Lindelof et sa fin forcément frustrante et ratée de la géniale série Lost.
Mais même considérée comme ayant une fin raté, LOST fut une sacrée réussite commerciale, et les gens qui tirent les ficelles des finances de ce monde s'en souviennent aussi très bien.
C'est donc tout auréolé de cette gloire boiteuse que Lindelof se présente à nous avec cette nouvelle proposition, The Leftovers, adaptation du roman de Tom Perrotta dont le scénario pourrait faire craindre une nouvelle accumulation de mystère résolus à la va vite au fil des saisons. L'idée est simple : 2% de la population mondiale disparaît brusquement, sans laisser aucune trace, tout autour du monde de façon (presque) uniforme.
Là où Lindelof va faire fort, c'est que, vacciné par son expérience de Lost, il va bien se garder de nous fournir des réponses mais va se contenter de nous présenter comment ceux qui restent (the leftovers) gèrent les questions. Toi qui entre ici abandonne toute espérance de réponse.
On va suivre une galerie de personnage gérant chacun le trauma plus ou moins important qu'ils ont vécu individuellement et toute l'incompréhension qui persiste pour chacun. Les acteurs sont tous très juste dans leur rôle, remplissant chacun le sillon de leur question personnel qui va venir faire écho avec les nôtres. Les premiers épisodes, ont essayera de comprendre ce qu'il s'est passé, pourquoi tel ou tel personnage et pas d'autres. Mais rapidement, on va comprendre que ces questions n'auront pas de réponses et on va commencer à réfléchir à comment vivre avec ces interrogations, comment on va gérer le visionnage d'une série qui va s'amuser à nous perdre.
Car une fois que l'on a abandonner la quête de réponses rationnelle arrive les réponses irrationnelles. Faut-il se tourner vers la foi religieuse ? Vers un nihilisme totale ? La folie en est-elle vraiment une, lorsque l'on entend des voix, est-ce que l'on entend les disparus ? Est-ce moral de faire fructifier financièrement son deuil ?
Chaque personnage va s'enfoncer dans la quête de ces réponses à défaut de pouvoir répondre à la question principale. Il faudra donc accepter que certaines réponses soient traitée de manière irrationnelles (certain épisodes sont presque Lynchiens dans leur volonté de nous perdre dans leur méandre).
Tout ceci est porté par une réalisation soignée sans non plus de grandiloquence. La musique vient apporter cette profondeur grandiose, grâce au travail remarquable de Max Richter, tout en minimalisme et en même temps des crescendo qui s'insinuent et permettront d'ancrer des sentiments très fort. Tout fan de The leftovers vous dira comment 3 notes au piano vous emportent à nouveau dans l'univers de la série ; un peu comme un parfum au coin d'un vêtement vous rappellera un être cher même s'il n'est plus là.
Au final, c'est la question de la foi, de la folie, du deuil et de comment on gère tout ça qui est traitée. C'est comment on gère ces grandes questions philosophiques quand elles sont mise dans l'incubateur de l'inacceptable et de l'incompréhensible. C'est finalement un visionnage quasi méta, où on doit accepter de ne rien comprendre en acceptant l'irrationnel de la gestion de l'incompréhension par les personnages. Si on accepte cette proposition faite par Lindelof, alors on vivra une des plus grandes expériences de séries de ces dernières années.
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Créée
le 16 mars 2021
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