Taxi driver
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On est dans une mini-série, et pourtant tout paraît long, si long, et poisseux. L'idée géniale des créateurs est de recycler une histoire d'erreur judiciaire, et, au lieu d'en faire un plaidoyer social, miséreux et condescendant et miser sur une reconstitution autant banale que satisfaisante oú l'enquête suit une progression chronologique, maintenir un suspense qui se mue très subtilement en portrait lyrique et mélancolique d'une certaine époque.
The Night Of est avant tout une oeuvre qui exploite pleinement les possibilités du dialogue. Il doit y avoir sérieusement 10 décors max dans cette série. Ces lieux sont torturés par la caméra qui fouille inextricablement les moindres recoins, attarde son oeil à travers une vitre, fixe le plafond le sol la table tout. Tout a une importance et rien n'en a. On finit par se lasser à croire que ce verre à une signification vu que la caméra reste focus dessus pendant 3 minutes, ce miroir, cet oeil... et on est dans l'état d'esprit du personnage, à l'affût de chaque détail qui pourrait le disculper mais tombe à l'eau, ce personnage qui finit par être désabusé et doute de tout. Ça, c'est de la mise en scène.
Dans cet effort de reconstitution où parties ne cessent de s'affronter pour défendre une version des faits (Naz est coupable, Naz est innocent, Duane est coupable, Naz est coupable, le père est coupable...), il ne se passe rien. Que des mots. Et les évènements qui peuvent arriver ne sont jamais justifiés (actes de violence). En bref tout tourne autour de ça et ça, c'est des mots. Exemple: on voit le couteau du crime. Mais rien ne va se passer avec: pas de flashback ni rien. On ne fait que l'enrober d'une certaine vision ou une autre.
Ces gars là ont saisi le potentiel théâtral de la situation. On est en huis clos, pratiquement pas de scènes d'extérieur, cloisonné entre les murs du domicile familial, du comissariat ou de la prison bien sûr. Pratiquement pas d'effets visuels. Le dernier épisode nous montre à quel point nous ne sommes suspendus qu'à des mots qui s'échangent en prenant leur temps.
Notons pour conclure une belle photographie, une écriture comique franchement réussie, un générique splendide et des acteurs en état de grâce: James Turturro, Michael K. Williams, Jeannie Berlin. Tout pour plaire.
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Créée
le 2 janv. 2019
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