Les joyeux campeurs à la ferme

SAISON 1 : Plus Survivor la vie : Operation Zombie

J'ai attendu de voir les six épisodes pour foutre une note mais j'aurais finalement pu le faire deux semaines avant. Pour tuer le suspense, je vais sortir une phrase définitive. The Walking Dead est une mauvaise série.

L'idée en soit, faire une série sur un groupe de survivants en plein milieu d'une apocalypse zombie, n'est pas mauvaise, Il y a une tripotée de bonnes scènes (mais une bonne moitié dans le premier épisode). Les effets spéciaux sont fabuleux, les zombies magnifiques, la musique parfaite, les décors soignés et l'histoire commençait bien. Mais en tant que série, The Walking Dead n'assure pas.

Car on se retrouve devant six épisodes décousus, avec des scénaristes n'ayant pas la moindre notion d'arc narratif et où l'on a l'impression qu'ils ont voulu caser trop de trucs dans une si petite saison, alors que dans les faits, il ne se passe absolument rien. Tout l'intérêt de faire un très long format sur les zombies étaient d'allonger le temps, d'observer la survie à la loupe. Mais là, on a l'errance d'un type qui cherche sa famille et qui la retrouve dès le deuxième épisode, un triangle amoureux foireux, une explication scientifique qui ne sert à rien, des déplacements incessants entre deux points et une saison qui se termine sur un putain de compte à rebours et une explosion gigantesque. Un épisode final absolument ridicule d'ailleurs puisque qu'il ne résout absolument rien et qu'il sert vaguement à en faire baver un peu plus aux personnages pour qu'on puisse se dire "Oh c'est pas de bol, il n'y a plus d'espoir, hou les malheureux !". Alors qu'ils sont entourés de zombies ! On le savait déjà que l'espoir était faible, c'est pas la peine de rajouter KABOOM derrière et de nous faire miroiter une nouvelle intrigue si c'est pour se retrouver au même point de départ que l'épisode 3.

Bref si l'idée est bonne, la narration est complètement foirée. Et je passerai volontiers sur ce cinquième épisode inutile où ils passent une demi-heure à dire adieu à eux qui n'avaient pas leur nom dans le générique. Ou sur la scène des vibromasseurs. Ou sur la partie de cache-cache dans les bois. Ou sur la première scène du premier épisode et la dernière du cinquième qui tuent tout suspense. Ou sur la maison de retraite tenue par des gangsters bisounours (et latinos). OU SUR LA CLE QUI TOMBE DANS LE SEUL TROU DU TOIT ! Ou sur les nombreuses scènes de bagarre et de pleurs, parce que la seule manière acceptable pour un homme d'évacuer son stress c'est de castagner de manière virile et la seule manière pour une femme c'est de chialer comme une conne. Avec six épisodes, ça ne m'aurait pas déplu de rencontrer la totalité du groupe de survivant à la fin de la saison. Les scènes de retrouvailles auraient été plus fortes et on aurait passé plus de temps avec Rick et le père de famille du début. Mais la série s'évertue à tuer tout suspense.

L'autre problème c'est évidemment les personnages. Si on peut pardonner à Rick sa naïveté confondante, son optimisme à deux francs et son envie de toujours tout régler (c'est vrai quoi c'était déjà un flic rigide avant l'outbreak), je me demande encore comment 1/ un tel groupe de tocards a-t'il survécu aussi longtemps ? et 2/ Comment ils ont fini par se retrouver ensemble ?

C'est là qu'on voit le plus grand mal qu'a causé la télé réalité. maintenant on peut poser tout un groupe de survivants qui n'ont rien à voir avec les autres et tout le monde se branle de savoir si c'est crédible. Il y a des moments où l'on se croit dans une version hardcore de Survivor, couplé avec un soupçon de Plus belle la vie. Parce que ce qui fonctionne pour écrire les bases d'un jeu à la con ne fonctionne pas vraiment. L'exemple le plus flagrant reste celui des deux rednecks (ça marche aussi pour Glenn dans une moindre mesure). Deux types pas forcément faits pour vivre en société, dont un particulièrement haïssable, s'encombrent de tout un groupe de survivants qui les détestent. Alors que les deux bouseux sont quand même sacrément débrouillards, ils gagnent haut la main la médaille du survival en équipe de deux. Mais non, ils ont décidé, on ne sait pas pourquoi, de rejoindre le groupe des joyeux campeurs. Alors que bon il y en a qui a l'arme ultime, qui sait chasser... enfin bref qui se démerde plus que celle qui lave le linge (ou celle qui se fait bouffer le bras sans rien dire, ou celle qui sait pas où est le cran de sureté après des semaines de survie), et l'autre, même si on ne le connait pas beaucoup, sait prendre des décisions rationnelles pour sa survie même si ça consiste à sacrifier une partie de soi. Pourquoi donc intégrer un groupe qui au premier coup d'œil te promet une espérance de vie de cinq minutes ? Et c'est pas l'amour du prochain qui les motive. Alors bien sur si on les enlève, on perd une bonne partie des intrigues du milieu de la saison, mais bon c'est jamais sympathique de sentir le souffle du scénariste sur ta nuque. On a l'impression de se trouver dans Lost. Sauf que dans Lost c'était un unique crash d'avion et qu'il y avait l'excuse du destin tagada-tsoin-tsoin. Et si The Walking Dead me sort un truc comme ça, je quitte définitivement le navire.

Mais j'ai encore la foi. C'est pas parce qu'ils ont raté leur entrée qu'ils ne peuvent pas se rattraper. La première saison n'aura servi à rien, certes, mais ça nous dérangera pas spécialement de commencer l'intégrale à partir de la saison 2 qui va commencer je le rappelle avec comme seul enjeu : "Mais qu'est-il donc arrivé au vilain bandit manchot ?". Plutôt faible comme point de départ, encore plus faible que celui du premier épisode. C'est comme si on nous avait plongé un orteil dans le bain mais qu'on nous laissait poireauter tout un an avant de nous laisser piquer une tête. Un banal prologue. Un prologue raté qui plus est. Voilà ce que c'est de filer un show télé à faire par des types qui viennent du ciné et de la bédé. C'est juste pas le même métier.


tl;dr : Narration bancale. STOP. Personnages pas crédibles. STOP. Maison de retraite tenue par des gangsters latinos. STOP. Saison sans enjeu. STOP. Putain de clé dans putain de trou. STOP. Jolie direction artistique. STOP. Concept toujours prometteur. STOP. Compte à rebours et explosion finale. STOP. Mérite une seconde chance. STOP. Regarder Terriers plutôt. FIN DE LA TRANSMISSION.

SAISON 2 (13 épisodes) : Les joyeux campeurs à la ferme

Après une première saison rabougrie où Frank Darabont et ses scénaristes en freelance essayaient tant bien que mal de caser 27 tentatives d'histoires en peu de temps et un été qui a vu le limogeage mérité du créateur et l'embauche en catastrophe d'un vrai scénariste télé au poste de showrunner, il était grand temps que je rajoute un chapitre à mon plus grand succès télé sur Sens Critique.

Ce début de saison 2 que l'on appellera sûrement dans les livres "la mi-saison de la transition" fait machine arrière de façon spectaculaire puisque la série fait du surplace autant narrativement que géographiquement. Puisqu'en sept épisodes, la tribu a seulement de temps d'être bloqué dans les embouteillages, de perdre Sofia, de trouver la ferme, de chercher Sofia, de faire du camping à la ferme, de ne plus chercher Sofia, de foutre la merde à la ferme et de retrouver Sofia. Les esprits chagrins me diront qu'il y a aussi 43 conversations EXTRÊMEMENT INTÉRESSANTES entre Rick et son allumette de femme, dont une bonne moitié sur l'avortement, mais j'ai oublié.

En gardant le principe déjà démontré en saison 1 que tous les personnages sont des cons, il n'y a pas vraiment besoin de remettre une couche sur eux. Mais là où un scénariste lambda aurait profité de la merveilleuse occasion de s'installer dans un endroit relativement calme pour développer les personnages, ceux de The Walking Dead on trouvé ça trop difficile. Donc en sept épisodes, Glen est amoureux, Shane se rase la tête, Andréa veut un pistolet, Rick ne veut plus de son chapeau, Carl récupère son chapeau, Laurie pleurniche, Dale est vieux, T-Dog est noir, la maman de Sofia veut qu'on retrouve Sofia et DARYL EST TROP BAD-ASS !!!!

Intermède : si la série veut bien se transformer en vingt minutes de traque hebdomadaires et silencieuse de traque du redneck à l'arbalète je lui mets 9 dès maintenant.

L'addition des personnages ne sert qu'à donner un copain à Rick. Puisque qu'Hershel a des convictions et un accent aussi ridicules que notre pauvre sheriff qui ne sert vraiment qu'à shooter des gamines à bout portant. Ceci dit, je chipote un peu. La transformation de Shane en supervillain de la saison est quand même bénéfique. Ne serait-ce parce qu'il est déjà aussi efficace que les zombies. Parce qu'en sept épisodes, deux personnages y sont passés : une gamine avec quatre répliques et un mec qu'on avait rencontré vingt minutes plus tôt. Et c'est bien ça le principal problème de The Walking Dead, c'est une série avec des zombies où personne ne meure. Et des monologues reloues. Et des dialogues neuneus. Et des personnages stupides.

Sa principale qualité reste qu'elle est quand même vachement marrante à critiquer.