True Detective
8.2
True Detective

Série HBO (2014)

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Je viens de finir le dernier épisode de la première saison.
J'avais décidé de ne pas écrire de critique sur cette série, car quoi dire sinon chanter ses louanges ?
Et pourtant, elle n'est pas parfaite. Par exemple, force est de constater que le personnage de Rust est souvent à la limite du caricatural, du trait un peu trop forcé pour vraiment fonctionner. Et pourtant, l'interprétation sans faille de Mac Conaughey en fait un des meilleurs personnages de série de ces dix dernières années. Voire de polar au sens large.

Mais au delà de ces personnages touchants, entiers, ne se contentant pas des archétypes collés à leur peau, du fonctionnel, mais vivant vraiment, pour le meilleur et pour le pire, ce qui m'a vraiment claqué au sol, c'est la force évocatrice de la série.
C'est une série policière, aucun doute, pourtant, une épouvante quasi surnaturelle réussit à s'instiller par les fissures du réel, à faire glisser l'ensemble dans ces zones fragiles, uniques, ces zones qui touchent à la magie, à l'âme, qu'on traverse dans Heart of Darkness de Conrad, dans certains romans de Faulkner (l'analogie peut sembler facile vu que la série, comme l'oeuvre de Faulkner, se déroule dans la moiteur des états du sud).
Cette force particulière est rare déjà dans les romans, mais elle est quasiment absente des série télévisées.

On ne se contente pas de suivre une enquête par bien des aspects sordide, on vit les fissures que celle-ci inflige au quotidien des deux enquêteurs.

Je ne vais pas m'étendre trop, car cette dimension a la spécificité de se dérober au langage.
Mais en tant qu'illustration de cette force sombre, plus encore que ce dernier épisode, que la première découverte des totems de bois, que la première "conclusion" d'enquête, parmi un respectable florilège de moments intenses, c'est peut-être ce long dialogue du septième épisode qui m'aura fait palper cette terreur. De simples mots, une cassette vidéo en hors champ, un point de basculement déterminant.

Que ce soit formellement (ce long plan séquence de la fin du quatrième épisode), en terme d'acting, ou en force d'écriture, cette série dépasse la plupart de ses contemporains, sans avoir recours à des plans maniérés comme dans la pourtant excellente série Hannibal.
Et cette musique. Non, vraiment, sans réserve, c'est un coup de maître, qui ne plaira peut-être pas à tout le monde, mais qui m'a comblé comme rarement.
toma_uberwenig
9
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le 11 mars 2014

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toma Uberwenig

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