SAISON 1 + 2
Difficile de se replonger dans la série avec assiduité, du temps est passé, la ferveur s'est amenuisée, et il est vrai que la découverte de l'objet est un élément non négligeable concernant l'effet qu'il procure.
Pourtant le plaisir revient assez vite quand même, l'écriture de l'excellente humeur de MacLachlan aidant beaucoup à cela, le mysticisme de Laura Palmer aussi, la singularité de l'oeuvre redevient fascinante, les filles sont magnifiques, le café se délecte, la cherry pie semble délicieuse, les donuts sont gourmands et la musique de Badalamenti s'accorde tellement avec l'intemporalité de la ville, qu'il serait quand même dommage de pas y jeter un oeil au moins une fois dans sa vie.
Pourtant il est vrai qu'une fois l'identité du meurtrier dévoilée, le charme s'estompe assez brutalement.
Les créateurs s'étant évaporés, personne n'arrive à faire rebondir une quelconque intrigue, ça devient ennuyeux, inconsistant, voir assez pénible à regarder les 10 épisodes qui suivent, même si pour le coup Lynch se déchire ce qu'il faut sur le dernier histoire de ne pas détruire l'aura qu'on portait à l'oeuvre, sans même parler du magnifique film qui suivra.
SAISON 3
Je suis vraiment très impatient de découvrir cette nouvelle saison, absolument pas pour l'intrigue d'ailleurs, mais presque uniquement pour constater ce que Lynch est capable de produire après quasiment une décennie sans nouvelle et une 70ème bougie soufflée.
Les deux premiers épisodes laissent un sentiment dont je n'arrive pas à trouver le terme.
On comprends bien qu'on est plus dans l'ambiance et qu'on y retournera pas, mais artistiquement ça commence à interpeller, ça prends bien le temps, on est pas pressé, la photo est somptueuse, le sound design titille ce qu'il faut, ça suffit pas pour savoir où on se trouve vraiment mais ça donne envie de continuer.
Le début du troisième épisode est difficile, c'est quand même hyper exigeant, j'suis en train de me dire que j'arriverais jamais à enchainer plus d'un épisode à la fois, mais juste après m'être fait cette réflexion, quelque chose semble enfin se poser, et ce quelque chose s'avèrera à mon gout assez incroyable.
Une petite routine s'installe donc, hyper confortable, ça y est on est inséré dans la série, c'est drôle, c'est hyper drôle, on est hyper bien, Dougie par là, Gordon Cole par ici, artistiquement je commence à me demander si c'est pas l'un des plus bel objet que j'ai vu de ma vie, et puis l'épisode 8 arrive vite, percutant à souhait, dingue, formidable expérience limite expérimental, littéralement absorbé par les images, impossible de bouger, j'en ressors le souffle coupé.
A partir de ce moment c'est bon, j'ai été attrapé à la gorge, l'épisode 9 fait heureusement respirer, tellement drôle, presque le genre d'humour que j'avais jamais vu, Lynch interprète son rôle à merveille, on passe 3 minutes à attendre que quelqu'un se casse d'une pièce pour que les protagonistes puissent discuter sérieusement, énorme idée, c'est génial, les chansons live de fin d'épisodes donnent un cachet fantastique, les dialogues sont ingénieux, j'suis épaté par l'artiste en question, par sa manière d'inclure les personnages, de faire des clins d'oeil, par la qualité plastique de ce qu'il propose, bref j'en fais l'éloge mais j'ai encore l'impression que le type réinvente le septième art, et honnêtement j'en attendais pas temps.
Bon après, et c'est probablement personnel, je trouve les deux derniers épisodes assez moyens, l'avant dernier est bouclé beaucoup trop vite et perd en justesse en comparaison à tout ce qui avait été installé auparavant, et le dernier traine beaucoup trop en longueur pour ce qu'il laissera sous-entendre, mais bon, c'est ça aussi Twin Peaks, l'étoile filante qui brille de milles feux puis s'estompe dans le vide intersidéral, mais quoi qu'il en soit, mon dieu, puisse Lynch vivre-t-il éternellement.