From behind a tree in the back of the woods is this very lonely girl. Her name is Laura Palmer and it's very sad...
A Twin Peaks il fait bon vivre. Les chutes d'eau qui bordent la ville et les sommets montagneux qui la surplombent tamisent les vices de ses habitants, entourés par des sycomores et des sapins de Douglas, qui les préservent d'un monde violent qu'ils semblent avoir occulté tandis que les pires méfaits s'opèrent dans l'ombre de la forêt, au cœur du cauchemar.
L'on y mange des tartes à la cerise accoudé au comptoir du Double R Diner de Norma Jennings, pendant que son truand de mari prémédite avec soin le meurtre du mari abusif de la belle Shelly Johnson en préparant des petits plats, tapis entre les murs de la cuisine. L'on y pêche des truites au bord d'un lac miroitant les rêves des adolescentes en fleur, sans connaître l'obscurité monstrueuse de ses profondeurs, jusqu'à ce qu'un corps refasse surface.
D'ailleurs, c'est bien connu, les beaux parleurs sont les pires menteurs, et Ben Horne manigance encore son avènement financier sur les cendres de sa maîtresse, aussi pourrie que lui, ignorant que c'est sa fille qui se cache derrière la silhouette masquée et immaculée qu'il rêve de dévêtir. Les gens ne sont jamais ce(ux) qu'on croit, les hiboux non-plus : seuls les bois connaissent la vérité, ils l'ont vu, sauvons la planète (et les belettes) !
Les murs, eux, ont des oreilles, derrière chaque porte se trame un secret de famille, la fringuante Audrey – meilleur personnage de la série soit dit en passant – l'a bien compris et observe son père depuis sa cachette, dernier rempart au mensonge et à la corruption, galvanisateur ultime d'une vérité qu'on aurait préféré balayer d'un revers de flamme mais qui se fraye un chemin dans les cœurs les plus purs.
Donna et James batifolent dans les champs printaniers, tandis qu'une tragédie d'une plus grande ampleur se joue dans leur dos. N'avez-vous donc pas encore compris qu'ici personne ne termine avec celui ou celle qu'il aime ? Maddy, comme Ed, Josie et le Shérif Harry, en ont fait les frais. Seuls Andy et Lucy, les deux tourtereaux candides, peuvent filer le parfait amour : ils ne chercheront pas à savoir.
Sous les feux d'une clarté lunaire, embrumée par le mal(e) qui rôde, Laura Palmer écume la nuit à la recherche d'un ange sauveur, de l'échappée belle ultime, de la fuite funèbre qui la prendra à sa morbide existence. Et son évanescente beauté s'éteint au creux de la terre, sous la main de la mort qui la fauche en pleine jeunesse et l'étreint jusqu'au petit matin.
Si elle avait su, qu'elle changerait la face de Twin Peaks, cette ville qu'elle abhorrait et sur laquelle elle finirait par projeter, avec le fabuleux et fabuliste Dale Cooper, ses vérités les plus difficiles, celles qu'il faut dire en premier. Adolescente a priori modèle rongée par la solitude dont personne ne pourra fuir le spectre éreinté.
En tout cas, elle ne saura jamais qu'elle hantera mes songes à jamais, entité fascinante, figure insondable et ineffable, mystère de jouvence éternel qui restera sans réponse, et dont les souvenirs obsédants et difformes sonneront pour toujours en échos avec les battements de mon cœur.
Goodbye, Laura.
It's happening again : Twin Peaks, on se retrouve en 2017.