Il y a quelques mois, j'ai visionné un film de SF des 70s, avec un synopsis assez original, mais avec un traitement au final plutôt banal, dans la longue lignée de ces films de SF mal vieillis.
Puis à peine une ou deux semaines après la nouvelle série d'HBO est annoncée "Westworld", je vous avoue que j'ai mis du temps à admettre que Jonathan Nolan avait délaissé son projet d'adaptation de Fondation (à ce que j'ai cru comprendre) pour faire un remake de Westworld (portant le titre infâme de Mondwest en vf).
Je ne me suis donc pas jeté sur la série, mais j'entendais avec amusement les premières critiques et les premières statistiques.
Le week-end dernier je me suis lancé, j'ai tout visionné d'une traite, et ben mon colon j'ai pas été déçu ! Alors je ne vais pas faire la liste des éléments qui m'ont déçu, parce qu'il n'y en a pas.
Le défaut récurrent des histoires centrées sur l'IA est qu'elles n'arrivent jamais à approfondir toutes les pistes et questions qu'elles soulèvent. Westworld traite de (presque) tout, hormis peut-être l'aspect politique, la série (pour cette première saison) aborde toutes les questions que soulèvent la possibilité d'une "conscience" artificielle. Je suis rarement sorti d'un visionnage avec autant d'interrogations, pas sur l'histoire, mais sur le fond. Et franchement ça fait du bien de voir une aussi grosse production développer à ce point des questions de fond.
Le nombre de clins d'oeil, d'inspirations (qu'elles soient voulues par les créateurs de la série ou qu'elles viennent de mes propres références SF) est assez impressionnant.
Le parfait arrangement entre Ghost in the Shell, Jurassic Park, Blade Runner, Zardoz, Matrix, The Truman Show, The Game, Dark City. Plus récemment on pourra reprendre les réflexions laissées par Ex Machina. Dans un autre registre on appréciera les notes sur Lewis Carroll, Shakespeare, De Vinci, Asimov.
Quelle surprise d'entendre les airs de The Cure, Radiohead, des Stones, sans pour autant tomber dans le surfait : les morceaux sont tous choisis en accord avec l'esprit de la série (Exit Music : sublime). Les morceaux originaux de Rawin Djawadi sont tout aussi puissants et marquants, créants très astucieusement le décalage entre les souvenirs étranges et insondables d'un côté et la routine froide et mécanique de l'autre. Alternant également entre des sonorités très Western et des morceaux électroniques rythmés rappelant plutôt la composition de Vangelis pour Blade Runner. Si on ajoute à cela des grands classiques (Chopin, Debussy) on obtient un résultat assez bluffant.
J'ajouterai que cette manière de fixer la BO dans l'univers même de la série par le biais d'un réel piano me fait penser à la manière d'ancrer la BO des Gardiens de la Galaxie via le Walkman de Starlord, et ça marche encore une fois à merveille.
Les acteurs sont assez bluffants, notamment tous les acteurs jouant les machines.
Anthony Hopkins parfait dans son rôle maintenant "classique" de patriarche tout-puissant, à la fois reconfortant et terrifiant, esthète et monstrueux. Je n'ai pas pu m'empêcher de faire la comparaison à Hannibal notamment lors de sa réflexion sur les hommes de Néanderthal ("We ate them.").
Ed Harris dont la présence seule est un clin d'oeil au Truman Show, dont l'avancée implacable au fil des épisodes fait écho à son alter-ego du film d'origine.
Bref je vais m'arrêter ici parce qu'il y a trop à dire, et qu'il est déjà 2h40, mais vous aurez compris que cette série est pour moi une réussite totale, dans tous ses aspects et que je vous la recommande ardemment ! Je ne sais pas ce qui me retient de glisser vers le 10/10, le recul je dirais ?