À découper suivant les pointillés
7.9
À découper suivant les pointillés

Dessin animé (cartoons) Netflix (2021)

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On connait Zerocalcare surtout pour sa BD Kobane Calling, mais Zerocalcare c'est aussi (et surtout?) des BD aux thématiques existentielles, personnelles, toujours autant teintées de drame que d'autodérision grinçante. Et cette série animée, c'est là qu'elle se situe : on suit Zero et ses amis pour un périple particulier (compliqué d'en dire plus!) où, c'est sûr, ils n'ont pas envie d'aller. Ce périple, pour le dessinateur, c'est l'occasion de se replonger dans une rimbambelle d'anecdotes de jeunesse qui soulèvent leur lot de problèmes - problèmes toujours bien réels des années plus tard. L'humour grinçant et absurde nous accompagne tout au long de la série, que ce soit par l'intermédiaire du tatou (qui est la conscience en chair et en os du personnage), de la loghorrée angoissée et pleine d'auto-dérision de Zero (avec un côté frénétique renforcé par l'utilisation du romanesco), ou des personnages des deux amis qui ont chacun leurs caractéristiques et leur humour bien à eux (le running gag de Secco, le je-m'en-foutisme personnifié, qui propose d'aller manger une glace dans les moments les plus incongrus, m'a fait éclater de rire à chaque fois). Mais cette série ce n'est pas juste de l'humour : si le 1er épisode commence par des thématiques adolescentes assez classiques qui font sourire de nostalgie, le ton est à chaque épisode de plus en plus grave et on finit par aborder des thématiques très sombres... mais toujours avec un piquant finalement très humain.


Généralement, j'ai tendance à me méfier de ces livres, ces films, ces séries qui se vendent comme "le portrait d'une génération" : on tombe souvent dans un portrait franchement chiant d'une jeunesse dorée qui n'intéresse personne et dans laquelle personne ne se reconnait. Ici on en est à des années lumières : oui, c'est le portrait d'une jeunesse désabusée, mais une jeunesse qui galère, qui se plante, qui connaît la précarité, la dépression, l'angoisse de l'avenir, le désespoir face à un monde qui tourne pas rond, face à la crise, face aux rêves d'enfant qui s'envolent en fumée. Et à la fin, il n'y pas vraiment de résolution, si ce n'est qu'on peut s'accrocher, s'entourer, serrer un peu plus les dents en attendant des jours meilleurs et essayer de prendre toutes les emmerdes avec humour.
J'ai fini les séries avec les larmes aux yeux, mais en ayant la sensation d'être un peu mieux comprise.

akaratlan-dallam
10

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le 5 févr. 2022

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