Adventure Time
7.7
Adventure Time

Dessin animé (cartoons) Cartoon Network (2008)

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Anthologie d’une série d’anthologie

J’ai remarqué que beaucoup de personnes qui aiment cette série ont une légère honte à l’admettre. C’est quelque chose que je ressens également. Cependant, je m’arrête alors à réfléchir et immédiatement, je me souviens de certains épisodes, de certains moments, de certaines images. Et c’est à ce moment-là que je réalise à quel point il ne faut pas avoir honte d’aimer cette série, et ce peu importe l’âge. Dans ma jeunesse c’était Pokemon et Yu-Gi-Oh ! qui étaient à la mode, mais mes séries préférées, et les meilleures sans doute, étaient indéniablement Samouraï Jack et Star Wars : Clone Wars, même si cette dernière, à la télévision, était entrecoupée toutes les deux minutes de publicités incessantes. Tout ça pour dire que, ô combien j’aurais aimé avoir eu cette série dans mon enfance.


Ce qui suit contient certains spoilers, étant donné que je veux discuter certains aspects clés de la série. Alors pour bien définir Adventure Time, il faut commencer par le début. Cette série, qui est donc un dessin animé plein de jolies couleurs, narre les histoires des héros atypiques que sont Finn l’humain et Jake le chien, était premièrement destinée à un jeune public. Cependant les créateurs se sont vite rendus compte du potentiel qu’avait la trame principale et ses protagonistes, et ainsi il est facilement observable comment au fil des saisons, le ton devient beaucoup plus mature, fataliste, voir même assez sombre. La saison 1 et la saison 2, sont évidemment pour les plus jeunes, et pour vous lecteurs de sens critique, ces saisons ne seront sûrement pas les plus intéressantes. C’est véritablement à partir de la saison trois que viennent les premiers éclats de génie. Et une fois que l’on s’aventure passé la saison quatre, je ne connais personne qui n’en soit revenu…


Adventure Time est magnifique tant sur la forme que sur le fond. Visuellement spectaculaire, haute en couleur, les animations sont splendides. Les musiques, que l’on pourrait qualifier d’électroniques expérimentales, s’imbriquent à la perfection dans cet univers. Les doublages sont tout simplement excellents en version originale, et les dialogues sont véritablement très bien pensés, et participent grandement à l’humour si caractéristique et au ton complètement second degré, voir barré de certains épisodes. Mais le véritable point fort de cette série est l’univers. On voit constamment l’imagination débordante des créateurs, et cela fait froid dans le dos, car elle semble sans limites. Les problèmes auxquels sont confrontés les deux protagonistes, Finn et Jake, sont vraiment parfois incroyables, et il en est de même quant à la manière de les résoudre. Un univers aux endroits dépaysants, et aux personnages d’une personnalité et au fond complètement inattendus pour une série de ce calibre. Jake a un charisme surprenant et est extrêmement attachant ; Finn est beaucoup moins lisse que n’importe quel héros principal de ce genre d’aventure. Il a un passé sombre qui s’éclairera petit à petit. Et aucun des personnages secondaires, la Princesse Chewing-Gum, Ice King, Marceline, ou encore BMO qui est complètement névrosé le pauvre, ne sont en reste. Mais là où débute véritablement cette série, comme dit plus haut, et où tous ces élément entrent en totale alchimie, c’est à partir de la saison trois.


C’est à partir de là que s’installe le fatalisme permanent caractéristique de cette série. On découvre rapidement que l’univers prend place dans un monde post apocalyptique, et qui s’est lentement formé après ce qui vraisemblablement semble être une catastrophe nucléaire. Est-ce cela une série pour enfants ? On se rend compte que le Ice King, le principal antagoniste lors des premières saisons, qui passe son temps à vouloir kidnapper les princesses du royaume et qui a tout l’air d’un véritable psychopathe attachant, a un background extrêmement fouillé. Il existait déjà avant la catastrophe nucléaire, et son histoire est des plus touchantes. Il en est de même pour la Princesse Chewing-Gum, où son importance dans la création de cet univers est complètement inattendue. L’une des plus grandes réussites de cette série est d’arriver à communiquer, avec une telle justesse au spectateur, la fragilité de l’univers. Cet univers si fragile s’est construit sur des ruines causée par un cataclysme, et à chaque nouvel épisode, on sent véritablement qu’à tout moment le monde est au bord de la destruction, et que les seuls éléments qui peuvent empêcher ce dénouement ne sont autres qu’un gamin et un chien qui parle.


Ici il y a deux types d’épisodes. Les épisodes qui font avancer l’histoire et les épisodes qui ne le font pas. Les premiers sont représentés généralement par une exploration du passé, pour faire le lien entre l’univers coloré actuel et le passé apocalyptique qui lui correspond. Ces épisodes sont une véritable partie de plaisir. Les seconds, qui généralement dans une série sont les moins bons épisodes, sont la manifestation de la créativité pure des réalisateurs de cette série. Ces épisodes eux aussi, sont une véritable partie de plaisir. C’est lors de ces épisodes qu’Adventure Time se permet de prendre le rôle de touche-à-tout de la pop-culture, et de parodier certains de ses aspects de manière absolument géniale. Ainsi, nous avons un épisode taillé comme un survival-horror face à des vagues de zombies, un autre qui prend le rôle d’un conte philosophique au travers des âges, ou encore un autre qui, d’un coup, est réalisé en animation 3D pour représenter les deux héros qui sont absorbés par leur console de jeu. Un autre représente la visite d’un donjon, terme qui pour tout fan d’héroic-fantasy représente énormément, ou ensuite dans la dernière saison, on a le droit à une surréaliste chasse aux vampires sur six épisodes, et même à un générique remanié pour l’occasion.


C’est comme si parfois les créateurs s’amusaient à choisir deux mots, qui n’ont en apparence rien à voir, et ensuite se forçaient à baser un épisode dessus. Un exemple simplement génial est l’épisode qui s’appelle « Furniture and Meat », donc « meubles et viandes ». Un épisode où Finn et Jake prennent conscience de la valeur de tout le butin qu’ils ont récolté au fil de tous ces épisodes, et se rendent compte ainsi ils sont extrêmement riches. Que vont-ils faire avec tout cet argent ? Tout dépenser en meubles et en viandes, évidents symboles de richesse. Il y a une mise en scène d’autres assimilations complètement improbables, comme celle de « pluie et noix » qui donne lieu à un des épisodes les plus bizarres, ou encore celle de « loup et câlins ». Les créateurs se sont véritablement lâchés, et ça se voit.


Les personnages antagonistes sont tout à l’honneur ici également. Ice King, qui était le méchant au début de l’aventure, se révèle donc être le produit d’une chute lente et fataliste d’un ancien homme au grand cœur. Cependant les autres sont tout aussi fascinants. Le Liche est poignant. S’il faut un antagoniste à ce genre de série, c’est véritablement lui. Les autres ensuite sont à chaque fois sur le fil du rasoir entre le bien et le mal, et à chaque moment ils peuvent tomber d’un côté ou d’un autre. Il y aura la venue d’une sorcière, qui semblera assez inoffensive, mais qui d’un seul coup s’amènera avec l’une des plus grandes menaces pour le pays de Ooo. Pays qui je le rappelle, est extrêmement cohérent. Il est ainsi divisé en différents royaumes, tous autonomes, avec leur lot de princesses, et même un roi que personne ne reconnaît, avec leurs différents conflits d’intérêts. Il y a même un organisme de justice suprême que je ne spoilerai pas ici. C’est véritablement dans la même veine que Game of Thrones.


Ainsi, la qualité générale de cette série est excellente, mais parfois, elle atteint véritablement des sommets lors de certains épisodes. Si jamais je ne vous ai pas paru assez convaincant pour vous incitez à regarder cette série, essayez de les regarder pour vous faire une idée de ce qui vous attend. Oubliez les deux premières saisons, elles ne sont pas intéressantes, mais essayez les épisodes « Jack the Brick » ou « Little Brother », ou encore le double épisode «Lemonhope Part 1 and 2 ». D’une beauté, d’une simplicité, c’est vraiment la bouche bée que j’ai regardé ce magnifique quatuor d’épisodes, et je le recommande vraiment à tout le monde.


C’est ainsi que, pour toutes les raisons du monde, je continuerai à regarder cette série, et ce, peu importe mon âge. Je ne peux tout simplement pas la laisser tomber comme cela après tout ce temps. Chaque personne a son petit côté un peu geek, un peu secret, que l’on a un peu de mal à admettre au reste du monde, je connais des gens qui sont fans en secret de One Piece, d’autres qui suivent encore Naruto, mais pour moi, c’est bien Adventure Time. Et qu’est-ce que l’on ne fait pas parfois pour satisfaire ses petits plaisirs cachés, moi en l’occurrence, c’était de m’asseoir à côté de mon petit frère sur le canapé, qui justement regardait Adventure Time, en prétextant que je n’avais rien d’autre à faire…

Ramsay
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le 6 déc. 2015

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