Je ne comprends pas trop la critique relativement virulente dont Alien Earth me semble faire l'objet, notamment de la part de certains Youtubeurs, pour lesquels j'aurais plutôt pensé qu'ils apprécieraient.
Est-ce que la série est parfaite ? Non bien sûr.
Est-ce que j'en attendais quelque chose avant de me lancer, sans grande motivation, dans le premier épisode ? Absolument pas.
Et c'est peut-être pour ça que j'ai apprécié (globalement). Je n'attends absolument plus rien de cette franchise. Romulus n'étant qu'un clone, plutôt habile, mais stérile des premiers épisodes de la série, Covenant et Prometheus utilisant le xenomorphe plutôt comme un argument marketing pour permettre à tonton Ridley de faire un peu de SF plus ou moins réussie, je ne croyais pas à une proposition différente. Et pourtant, c'est là que je trouve qu'Alien Earth réussit là où ses aînés échouent.
Dans cette série, le xenomorphe n'est qu'une créature parmi d'autres, qui cherchent leur place dans l'univers. Et comme James Cameron nous l'a bien montré : c'est la société humaine qui transforme le xenomorphe en monstre : "you don't see them screw each other over a god damn percentage" (de mémoire, tu confirmes Ripley ?). Ce sont les rêves de pouvoir, de domination, de vengeance des uns des autres; des entreprises sans coeur; des mégalomanes sans pitié; des cyborgs mus uniquement par une rage inhumaine... bref, les pires incarnations de ce que produit l'humanité qui font que le xenomorphe et ses collègues ont le loisir de tuer, massacrer, chasser et détruire. Ces créatures sont des forces pures, amorales. C'est bien l'humain qui les extrait de leur milieu naturel, les libère dans un milieu hostile et les pousse à la violence (souvent pour satisfaire leur propres intérêts).
Donc oui, il y a un ventre mou. Oui, l'écriture de certains personnages tourne un peu en rond. Oui, la narration se perd un peu dans des méandres pas forcément des plus percutants. Mais, et c'est un gros mais, il y a de l'excellent (je peux regarder Timothy Oliphant jouer un scientifique "synthetic" pendant des centaines d'heures. S'il décidait de steamer les caméras de surveillance de son labo de biologie de l'espace, Count me in !). Donc on est d'accord : le xenomorphe comme incarnation ultime de l'horreur sans nom, de l'ombre cauchemardesque qui habite les recoins de notre imagination, c'est fini. Mais c'est fini dès le premier Alien. James Cameron conserve une partie de cette altérité, mais lui donne une structure, une société, une logique. Dès lors, le xénomorphe n'est plus un mystère, c'est un symbole. Et j'aime bien la manière dont il est utilisé ici : un rebut, un enfant perdu parmi les autres enfants perdus de Peter Pan (la référence deviendra claire une fois la série visionnée). On est plus dans Freaks que the Thing. Un Alien, qui semble nous dire : "nous, les monstres, on a intérêt à se serrer les coudes..."