Alien: Earth est l’exemple parfait de ce qui arrive quand un studio achète une licence mythique… sans comprendre ce qui la rend culte. On croyait que Disney avait retenu la leçon avec l’excellent Alien Romulus. Grave erreur. Cette série est un contresens absolu, un objet télévisuel qui porte le nom Alien sans jamais en saisir l’ADN.
Le premier problème est aussi le plus impardonnable, le Xénomorphe est secondaire. Pas en mode “moins présent mais terrifiant”, non. En mode “on l’a presque oublié dans un coin du scénario”. Il débarque, tue en deux secondes, et repart aussi vite. Le monstre mythique qui, dans les premiers films, jouait avec ses proies, terrifiait, traquait, se faisait désirer… devient ici un Predator discount qui fonce tête baissée. Aucune tension. Aucun stress. Aucun plan qui exploite la peur viscérale que ce monstre inspire. Rien. Alien: Earth parvient à faire l’impensable, rendre le Xénomorphe banal. Ce qui prend la place de l’horreur, c’est une intrigue totalement déconnectée de la saga, des milliardaires qui se partagent la planète, dont un jeune héritier obsédé par Peter Pan (oui, oui…) qui finance la création d’hybrides. Des synthétiques dotés de consciences d’enfants malades condamnés. Le cœur du récit tourne autour d’eux. On passe plus de temps à suivre ces expériences que ce pour quoi on regarde une série Alien. On a l’impression de regarder un spin-off dystopique qui a atterri là par accident. Un vaisseau transportant plusieurs espèces Alien s’écrase sur une île privée. Sur le papier, ça aurait pu être LE point de départ parfait pour un huis clos étouffant, un survival nerveux, une montée de tension à la Alien Isolation. Dans les faits ? Une mission militaire plate où des soldats, accompagnés d’hybrides, “récupèrent” les créatures comme si c’était une sortie scolaire. Tout tourne mal, évidemment, mais sans jamais générer la moindre montée de stress. La mise en scène est molle, les enjeux sont brouillons, et le rythme manque cruellement de respiration.
Même quand la série tente de jouer avec les thèmes des synthétiques et de la création, elle n’a ni la poésie morbide de Prometheus, ni la profondeur mythologique que Ridley Scott avait essayé d’insuffler. Tout sonne creux. Tout semble bricolé. On cherche désespérément la moindre idée forte… et on ne trouve rien.
La saga Alien repose sur trois piliers :
la peur
la tension
l’inconnu incontrôlable
Alien: Earth ne respecte aucun des trois.
C’est une série qui veut être dystopique, philosophique, futuriste, mais qui oublie d’être Alien. Et quand ton titre est Alien: Earth… c’est un sacré problème. Disney avait une opportunité en or de prolonger le renouveau initié par Romulus. À la place, ils livrent une série qui donne l’impression que même le Xénomorphe n’a pas envie d’être là. Un produit sans âme, sans vision, et surtout sans horreur. Un naufrage sur toute la ligne.