Un puzzle impossible à assembler

Dans le genre des affaires non résolues, celle-ci se pose là, du genre à vous faire vous arracher les cheveux ou le peu qui vous restent ! Amy Bradley est une jeune Américaine de 23 ans, énergique et sportive, qui part en croisière en mars 1998 avec ses parents et son frère dans les Caraïbes, sur le Rhapsody of the seas, navire de la société Royal Carribean. Lors d’une soirée de fête bien arrosée, Amy est filmée en train de danser avec le bassiste du groupe du navire. Elle rejoint son frère sur le balcon de la cabine qu’ils partagent tous les deux vers 3h40 et ils discutent un moment. Son frère va se coucher, Amy restant sur le petit balcon. À 5h30, son père se lève puisque le navire doit accoster bientôt dans l’île de Curaçao et il aperçoit Amy encore allongée sur le balcon. Sauf qu’à 6h00, elle n’est plus là ! Après avoir fait un tour dans le navire pour essayer de la trouver, la famille se décide à prévenir la sécurité du bord qui refuse de passer un appel avant 7h30 afin de ne pas déranger les passagers. Le navire accoste dans l’île et le capitaine refuse de retarder le débarquement des passagers qui veulent aller la visiter. Les employés fouillent le navire, en vain et rapidement, alors que les passagers sont déjà pratiquement tous descendus à terre. Amy reste introuvable et elle s’est proprement volatilisée. Les recherches (dans les heures qui suivent) sur les côtes et l’intervention d’agents du FBI envoyés sur le bateau n’y changent rien…

À partir de là, toutes les possibilités sont envisagées : suicide ou accident ? Mais aucun corps ou même morceau de corps n’a pu être retrouvé. Reste la piste criminelle, à savoir un enlèvement ou un départ volontaire d’Amy. Mais alors pour quelle raison ??? Le navire repart, rentre aux États-Unis et la famille Bradley reste avec ses questions et un grand vide. L’affaire se complique sacrément quand au fil des mois et des années, plusieurs personnes affirment avec certitude avoir vu et parlé avec Amy, décrivant même ses tatouages et son accent du sud des États-Unis, à Curaçao ou encore à la Barbade. La description qu’ils en font la montre en fâcheuse posture, toujours accompagnée de gros bras armés dont un qui serait le fameux bassiste surnommé Yellow. En 1999, un Marine entre dans un bar illégal et discute avec une jeune Américaine qui lui dit s’appeler Amy Bradley et être retenue là contre son gré, devant 200 $ à ses ravisseurs. Ne croyant pas à ce qu’il pense être un bobard d’une prostituée pour lui extorquer de l’argent, le soldat s’en va et n’a rien dit de cette escapade pendant 2 ans, jusqu’à sa retraite, pour éviter les ennuis avec la hiérarchie militaire. Faute de preuves tangibles, aucune de ces pistes n’aboutit pour le FBI. Ces témoignages ouvrent la possibilité d'un trafic d'êtres humains et de réseau de prostitution dont Amy serait victime dans la région de la Barbade.

En 2005, la famille Bradley reçoit un mail anonyme avec deux photos d’une prostituée qui pourrait être Amy en très mauvais état mais là encore, les recherches ne donnent absolument rien : le FBI a pourtant identifié Amy à partir de ses logiciels mais l’authenticité des photos est contestée…Une affaire très étrange et prenante mais pour laquelle on n’a aujourd’hui aucune solution car trop de pièces du puzzle manquent et ce, dès le début de l’enquête. L’enquête est toujours ouverte par le FBI, le musicien Yellow a été à nouveau entendu car on le retrouve à de nombreuses reprises dans cette affaire, passé au polygraphe et libéré. La famille Bradley a porté plainte contre la société Royal Carribean, plainte rejetée mais elle reste persuadée qu’Amy est encore vivante… Douze ans après les faits, Amy est déclarée légalement morte. Aucune trace, aucun témoin, aucune certitude presque 30 ans plus tard sur cette disparition.