When you’re going to change the world, don’t ask for permission.

Bluffé. Je suis bluffé sur la qualité de cette première saison. Je ne connais pas du tout l’univers de League of Legend, et je n’avais clairement pas entendu parler du développement de cette série. Et pourtant, celle-ci ressort pour le moment comme l’énorme surprise de 2021. Histoire, personnages, enjeux, univers, rythme, dynamique, musique, animation… Chacun des 9 épisodes excellent dans pratiquement tous ces aspects et le plus incroyable, c’est qu’on a l’impression que c’est sans forcer et qu’ils en ont encore sous le ventre. Impressionnant.

Pourtant, l’intrigue elle-même n’est pas nécessairement révolutionnaire : on retrouve des éléments assez classique propre à l’imaginaire, avec des questions sociales et individuelles prises comme moteur du récit. On peut y dresser un tas de parallèles, anticiper certains éléments, reconnaître certains tropes ici et là ; et pourtant, ça n’empêche pas l’ensemble d’être conçu de main de maître avec brio. Une histoire qui nous prend par les tripes dès le début, qui ne fait aucune concession et n’hésite pas à prendre les chemins le plus brutaux et parfois inattendus pour parvenir à ses fins. Sans que cela ne paraisse gratuit pour autant, mais s’inscrivant dans une démarche narrative pour faire transcender l’histoire au-delà de son format, lui donner un caractère épique et dramatique, poser des enjeux crédibles et palpables pour les personnages.

Les personnages, d’ailleurs. Parlons-en. Rares sont les séries qui propose une palette de personnages aussi équilibrée, que ce soit dans les motivations et personnalités, mais aussi sur l’importance donnée à l’intrigue. On se retrouve ainsi avec plusieurs fils rouges qui finissent par se recroiser à un moment donné ou un autre, voir à s’enchevêtrer pour ne former plus qu’un. Des dynamiques qui a la fin nous paraissent évidentes peuvent n’apparaître qu’après plusieurs épisodes, voire à la fin, sans pour autant perdre d’impact. Des personnages attachants, écrits avec justesse, qui ont chacun-e leurs propres enjeux, leurs propres difficultés à surmonter. Sevika, Vander, Silco, Jinx, Vi, Caitlyn, Joyce, Mel, Viktor, Heimerdinger, Ekko, pour ne citer que les plus récurrents… Tou-te-s ont quelque chose à donner pour faire avancer le récit et lui donner son échelle incroyable, mais aussi sa profondeur émotionnelle. Au point qu’il peut être difficile de n’en choisir qu’un-e, tant iel sont passionnants et qu’on veut en apprendre plus.

La série aborde des questions comme l’héritage et le fardeau qu’il peut représenter, la famille et les liens profonds qu’elle créer et pour lesquels on est prêt à se battre, la loyauté et comment elle peut remettre en question nos convictions, l’inégalité des classes et les luttes qu’elle engendre, le savoir et ce qu’il permet d’accomplir, et puis bien sûr la guerre et les cicatrices traumatisantes qu’elle laisse derrière elle. Chacun peut y trouver quelque chose à réfléchir, interpréter, tant ces neufs épisodes sont riches. Sans pour autant sacrifier le rythme palpitant de l’histoire, qui nous amène à les dévorer tant on se laisse happer par l’intrigue et ses personnages, tant on s’y attache et qu’on adhère à leurs causes, même si elles s’opposent. La force de cette première saison n’est donc pas d’innover, mais de réussir à prendre plusieurs ingrédients déjà bien connus pour en concocter un plat incroyable, assaisonnée d’une sauce tout aussi sublime. Et pourtant, ça ne s’arrête pas là.

Parce qu’au-delà de son histoire et de ses personnages prodigieux, Arcane s’octroie le luxe d’être magnifique. L’animation est d’une beauté à couper le souffle. Que ce soit le design des personnages que j’ai adoré ou les décors à la fois riches et très épurés, participant à créer tout l’univers visuel d’une richesse inouïe, l’animation atteint des niveaux stupéfiants. Au point qu’il ne faut pas plus de quelques secondes pour oublier que tout ça est animé et croire qu’on se retrouve avec de véritables acteurs, tant les dessins et les mouvements sont réalistes. La mise en scène est vraiment au top, très fluide et dynamique tout en restant très lisibles et jouant très bien avec les notions d’échelles et de distance pour donner de la profondeur. On a même quelques idées bien inspirées pour des scènes ici et là (notamment le combat entre Ekko et Jinx). Clairement, ça écrase tout ce que j’ai pu voir récemment sur ce niveau.

Bref, Arcane débarque comme une surprise et explose tout sur son passage. Parler de frustration à la fin du dernier épisode n’est pas peu dire, tant le résultat final dépasse les espérances et suscite des attentes monstrueuse pour la suite. En d’autres termes, Arcane est la meilleure série de 2021 et l’une des meilleures séries animées que j’ai pues voir, au point que ce n’est que d’un orteil que ma sacro-sainte Batman, la série animée reste en tête. Bluffant !