Avatar : Le dernier maître de l'air
7.6
Avatar : Le dernier maître de l'air

Dessin animé (cartoons) Nicktoons (2005)

Voir la série

Depuis très longtemps, on servait à nos enfants de la soupe. Puis tout changea quand Avatar apparût

De nos jours, lorsque le hasard m’amène devant un programme du matin pour enfants, je ne peux m’empêcher d’y poser un regard déploré. Dessins animés abrutissants, humour douteux, personnages caricaturaux, animation peu travaillée, mythologie inexistante, scénario vide de sens, et j’en passe…
Je me rappelle alors avec nostalgie de ces quelques bons programmes que je suivais dans mon enfance, dominés notamment par un certain Tintin. Ah, ça c’était de l’aventure ! Une série qui n’hésitait pas à traiter de conflits géopolitiques, ou de trafic de drogue / de fausse monnaie, le tout avec des enfants pour public, on ne voit plus ça tous les jours. C’était l’époque où on pensait encore les enfants capables de saisir des sujets plus ou moins graves et de suivre un scénario plus poussé. Bercé dans mon enfance par la BD comme la série animée, je ne peux que l’approuver : oui, j’en ai bien été capable. Malheureusement, il apparaît aujourd’hui que les enfants sont de plus en plus pris pour des coquilles vides, pour rester poli…


Mais au milieu de tout ce chaos animé, en 2005, un duo de créateurs américains, Bryan Konietzko et Michael Dante DiMartino, décident de parier sur le contraire. Le résultat : Avatar : The Last Airbender, série animée de trois saison lancée sur la chaîne Nickelodeon.
De mon côté, je n’ai découvert cette série que sur le tard, n’étant pas particulièrement porté sur l’actualité de l’animation pour enfants. C’est seulement en 2010, lors de la sortie du film de M. Night Shyamalan, adapté de ladite série, que des amis plus connaisseurs m’ont poussé vers l’œuvre originale. Et bien leur en a pris !


Dans un univers où quatre grandes nations se distinguent par la capacité de certains de leurs habitants à contrôler l’un des quatre éléments (Eau, Terre, Feu, Air), l’Avatar est la seule et unique personne capable de contrôler les quatre éléments. Son rôle est non seulement de maintenir l’équilibre entre les peuples pour préserver la paix, mais aussi plus largement l’équilibre du monde, notamment grâce à sa sensibilité et sa relation privilégiée avec la nature, et surtout sa capacité à communiquer avec les Esprits qui régissent le fonctionnement de ce monde depuis le Monde Spirituel. A sa mort, l’Avatar se réincarne au sein d’une autre Nation, suivant le cycle Eau, Terre, Feu, Air. Il est traditionnellement révélé à l’âge de 16 ans et doit alors entamer une formation afin de maîtriser les quatre éléments.
Mais, alors que le dernier Avatar, appartenant à la Nation du Feu, s’est éteint depuis peu, l’empereur de cette Nation, en profite pour lancer une offensive mondiale dans un désir de conquête. Alors que la guerre a été déclarée, le nouvel Avatar, Aang, un jeune maître de l’Air talentueux et bon vivant, grandit parmi les Nomades de l’Air, ne sachant encore rien de sa condition. Mis au courant plus tôt que prévu, afin d’enrayer la guerre au plus vite, il a du mal à accepter ce fardeau et fait une fugue. On ne le reverra plus jamais durant les 100 prochaines années, Aang ayant mystérieusement disparu.
Ce sont deux jeunes frère et sœur de la Nation de l’Eau du Pôle Sud, Katara et Sokka, qui le retrouveront, 100 ans plus tard, prisonnier d’un iceberg avec son fidèle bison volant Appa. Et autant dire qu’en 100 ans, beaucoup de choses ont changé. La Nation du Feu est parvenue à établir sa dominance et a notamment exterminé les Nomades de l’Air, faisant d’Aang le dernier maître de l’Air.
Libéré de son iceberg, Aang devra, avec l’aide de ses nouveaux amis, apprendre à maîtriser les trois autres éléments et bien d’autres pouvoirs propres à l’Avatar, afin de s’opposer à la Nation du Feu et de mettre fin à la guerre. Tout cela en échappant à la Nation du Feu lancée à ses trousses depuis sa réapparition, notamment le jeune prince banni Zuko, cherchant à regagner son honneur par sa capture…


Alors, basiquement, Avatar raconte donc les aventures d’un jeune garçon doté de pouvoirs uniques dans sa quête initiatique pour stopper l’ascension d’un souverain ambitieux et belliqueux. Une histoire somme toute assez classique. Mais il ne faut pas oublier toutefois le traitement tout particulier et ses à-côtés qui en font tout l’attrait et le charme.
Tout d’abord, l’animation est irréprochable, et les dessins et le chara-design sont tout simplement beaux, vertu qui se fait rare dans les dessins animés actuels, privilégiant les personnages à l’aspect grotesque et caricatural et les décors peu travaillés. L’inspiration nippone est visible et assumée, et le petit côté manga qui en découle, notamment dans les expressions des personnages, est tout à fait charmant et reste de très bon goût, sans en faire trop.
L’inspiration orientale ne s’arrête pas là. Les quatre grandes nations puisent en effet leur inspiration dans les grandes ethnies orientales, aussi bien dans l’habillement des personnages que dans l’architecture. Les mouvements correspondant à la maîtrise de chaque élément rappellent quand à eux différents arts martiaux. Notons également que les légendes régissant les quatre territoires, notamment concernant les Esprits et leur monde, peuvent également emprunter leurs fondements dans le folklore oriental principalement. En bref, on a donc un univers recherché, riche et inspiré pour servir de toile de fond.
Mieux encore, les personnages ont une vraie personnalité, évolutive et parfois même complexe, ce qui les rend particulièrement attachants. Ils ont tous un grand charisme et des traits de caractère spécifiques. Mention spéciale aux antagonistes, très réussis. Tous ont des objectifs qui leurs sont propres et certains montreront une évolution très intéressante, révélant que l’univers de cette histoire n’est pas aussi manichéen qu’on pourrait le croire.
Un mot sur les musiques également, qui sont de très bonne facture. The Track Team, duo de compositeurs composé de Jeremy Zuckerman et Benjamin Wynn, nous livre une bande originale avec une forte identité, usant principalement d’instruments folkloriques et introduisant même par moment du chant, en toute continuité avec l’histoire. Il en résulte une musique inspirée, dont certains thèmes s’avéreront assez marquants, et qui contribue fortement à l’ambiance générale et unique de la série.


Au niveau du contenu, l’action est présente, l’émotion est là également (les amateurs de romance devraient y trouver leur compte), l’humour n’est pas non plus en reste, et attention, c’est un humour de bonne facture ! Le tout est savamment dosé, au service d’une épopée extraordinaire, emprunte également d’un réalisme plutôt rare dans une production pour enfants (vous en voyez beaucoup des dessins animés où les personnages évoluent physiquement, cheveux qui poussent, etc. ?). En clair, Avatar se présente finalement comme un dessin animé intelligent, auquel on a du mal à décrocher lorsqu’on y a goûté. A tel point qu’il est susceptible de charmer autant les enfants... que les adultes ! A conseiller toutefois surtout aux amateurs d'histoires épiques et fantastiques, et à regarder de préférence en VO : les voix des acteurs sont excellentes et collent très bien aux personnages. La VF me paraît bien plus fade, moins intéressante et moins vivante.


Vous l’aurez compris, Avatar a été pour le grand rêveur que je suis un véritable coup de cœur, qui m’a littéralement captivé, et pour lequel je donne un bon 10 sans sourciller, tant je n’y vois aucun défaut. Une animation superbe, un univers inspiré et cohérent, des personnages attachants et complexes, un humour savamment bien dosé, une bande-son unique, et une histoire fantastique qui se termine en trois saisons, garantie sans longueurs ni remplissages inutiles. Un dessin animé digne de rivaliser avec les meilleures séries télé américaines ou encore les meilleurs mangas, bien loin de ce qu'on sert à nos enfants actuellement, tout en restant accessible pour eux.
Je considère toujours cette série animée comme le bon exemple de ce à quoi devrait ressembler l’animation aujourd’hui, de telles œuvres étant bien trop rares. C’est pourquoi je me réjouis de l’arrivée de The Legend of Korra depuis 2012, suite de la saga basée sur le même univers et suivant les aventures d’un nouvel Avatar confronté à de nouvelles problématiques. Une nouvelle série qui promet un bel avenir également. Et pour les nostalgiques de la team Aang, sachez que ses aventures se poursuivent également dans les deux séries de BD, The Promise et The Search, que je suis également avec intérêt. Preuve que la série a également su laisser un bel héritage derrière elle ! Ne parlons pas du film, dont la réussite est malheureusement plus discutable…

Evanizblurk
10
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à ses listes Top 10 Séries, Les meilleures séries d'animation, Les séries qui ont changé votre vie et Les meilleures séries de fantasy

Créée

le 5 août 2013

Critique lue 2.3K fois

Evanizblurk

Écrit par

Critique lue 2.3K fois

D'autres avis sur Avatar : Le dernier maître de l'air

Avatar : Le dernier maître de l'air
cloneweb
10

Critique de Avatar : Le dernier maître de l'air par cloneweb

Le Dernier Maitre de l'Air, c'est tout simplement la meilleure série animée US depuis Batman de Bruce Timm. C'est incroyablement écrit, très riche, très très adulte et contrairement à la plupart des...

le 10 juin 2010

50 j'aime

2

Avatar : Le dernier maître de l'air
Neutrino
10

Remarquable.

J'ai toujours considéré Avatar comme une série pour enfants avec des personnages possédant des pouvoirs (ce qui est cool), une série de plus sans intérêt particulier. Je ne dois pas être le seul dans...

le 4 juil. 2011

49 j'aime

1

Avatar : Le dernier maître de l'air
Houblon-Warrior
9

Doctor Aang or How I Learned to Stop Worrying and Love the Fire Nation

Avatar fait partie de ces séries que j'ai commencé sur un coup de tête. Elle ne m'avait jamais beaucoup intéressé même si je savais quelle était plutôt bonne grâce à mes souvenirs d'épisodes que j'ai...

le 27 nov. 2014

26 j'aime

5

Du même critique

The Theater Equation (Live)
Evanizblurk
9

Sometimes the dream becomes reality

Lorsque j'ai commencé à m'intéresser à Ayreon il y a quelques années de cela, l'album The Human Equation était un peu passé à la trappe pour je ne sais quelle raison. Je trippais sur 01011001,...

le 28 juil. 2016

4 j'aime

2

Transitus
Evanizblurk
8

Ayreon in Transitus

Contexte de création Alors qu'en 2008, suite à la sortie de l'album 01011001 l'auteur-compositeur multi instrumentiste Arjen Lucassen déclarait en avoir peut-être fini avec son projet phare Ayreon,...

le 3 oct. 2021

3 j'aime

7

L'élève Ducobu
Evanizblurk
8

Cancre ?

Alors oui, il semblerait que je surnote par rapport à la moyenne de cette série de BD. Mais c'est mon ressenti. Parce que Ducobu n'est pas ce qu'il semble être, c'est à dire une simple BD pour...

le 30 mai 2015

3 j'aime