Barakamon par Skidda

Même si la vie quotidienne est souvent représentée dans les animes, le Slice of Life (SoL) est aussi un genre distinct, qui peut se manifester sous de nombreuses formes. Le type de de série SoL le plus populaire, que l’on retrouve à chaque saison, sont les animes relaxants, qui mélangent à la fois atmosphère paisible, humour léger, et bien souvent filles mignonnes. Mais Barakamon n’en fait pas tout à fait partie, pour la simple raison qu’il se concentre également sur la maturation de son personnage principal.

Voilà pourquoi deux animes comme Non non Biyori et Barakamon, deux SoL de la même année que l’on pourrait juger similaires à première vue, s’avèrent être des expériences largement différentes.

Barakamon suit l’histoire d’Handa Seishu, un calligraphe professionnel de 23 ans, qui pour avoir paffer un bourre-pif à un senior et collègue lors d’un gala après-concours, est exilé par son père bien au loin dans les îles Gotô. Dans cette province du sud reculée et isolée de tout, Handa va rencontrer des gens vivant différemment, dont la jeune et énergique Naru, et apprendre à composer avec leur mode de vie tout en se redécouvrant soi-même.

Grâce à une atmosphère chaleureuse particulièrement réussie, Barakamon donne vite le sentiment d’être chez soi. L’adaptation d’Handa à son milieu est une composante majeure de la série et l’histoire se veut avant tout être réconfortante avec beaucoup de gaieté à l’appui pour nous permettre de passer un bon moment en compagnie de personnages hauts en couleur.

Cela ne veut pas dire que l’on a simplement affaire à une histoire de citadin rencontrant le quotidien champêtre et idyllique. Obsédé par son travail, Handa est un perfectionniste, légèrement imbus de sa personne, même si de bonne nature, et préfère se concentrer sur son art plutôt que de vivoter sur les plages. Cet aspect reste central tout le long de l’anime, et bien que ses relations constantes, souvent forcées, avec la communauté finissent par influencer sa personnalité tout comme son inspiration, Barakamon apparaît davantage être l’expérience d’un homme ouvrant son esprit plutôt que de quelqu’un endoctriné par un air de la campagne idéalisé.

Bien que s’essayant à la subtilité, précisons que l’anime n’est que rarement sérieux et passe beaucoup de temps à nous présenter ses villageois excentriques ainsi qu’à faire sortir Handa de sa coquille. Malheureusement pour lui, notre héros a un don avec les enfants et les attire comme des mouches, ce qui l’amène à bien souvent devoir se plier à leurs lubies. Pour ne rien arranger, il a aussi la côte avec un groupe d’adolescents qui passent régulièrement chez lui afin de tuer le temps.

Naru, Hina, Kentarou, Tamako, Hiroshi, Miwa, les parents et les anciens... Barakamon est loin d’être avare en personnages. Pas exceptionnels mais variés et réussis. Leur multiplicité et leur présence donnent vie à ce cadre sympathique, et l’humour assez réussi qui émane presque constamment des épisodes renforce notre attachement envers tout ce petit monde.

Cependant, je dois avouer avoir été légèrement déçu par l’anime en tant qu’adaptation. En effet la série ignore pas mal de chapitres du manga dont il est issu. Malgré le caractère très épisodique de Barakamon, on aurait tort de croire que les libertés prises n’ont aucun impact. Beaucoup de personnages voient leur importance être réduite et le casting dans son ensemble devient ainsi moins mémorable. Certains détails, que je considère pourtant essentiels, sont étrangement omis et ternissent à petite dose l’intrigue principale. Mes reproches pourraient être considérés comme négligeables, mais même mineurs les changements apportés chamboulent quelque peu le bel équilibre maintenu par le manga, et cela est fort dommage.

Ce constat peut être relativisé. Après tout, ces choix étaient sans doute nécessaires afin de pouvoir apporter une conclusion satisfaisante à la série en seulement 12 épisodes. En tout cas, on peut complimenter le studio Kinema Citrus pour son travail sur les graphismes : c’est beau à regarder, plutôt bien animé et les paysages sont chaleureux. L’effort de donner aux plus jeunes personnages des voix par des doubleurs de leur âge est également des plus appréciable.

Il pourra paraître étonnant que je ne sois pas complètement énamouré par cet anime, alors que celui-ci touche tous mes points sensibles : SoL avec une bonne atmosphère, un protagoniste adulte, une approche assez subtile, et une bonne production à l’appui. Cela peut s’expliquer par sa courte durée ainsi que par les changements discutables opérés par l’adaptation. Mais cela ne change pas le fait que Barakamon est une série réussie, attachante, que l’on peut aborder avec l’assurance de passer un bon moment, tant que vous êtes un tant soi peu attiré par le synopsis et le genre SoL.