Ca y est c'est terminé, la série Better Call Saul tire sa révérence avec cette ultime saison 6 qui vient faire le lien parfait avec Breaking Bad. En commençant la série on se demande au début dans quoi on s'embarque, le ton est différent, beaucoup plus porté sur la comédie que le drame dont on connait bien plus le parfum avec BrBa. En même temps avec un personnage comme Saul Goodman aussi excentrique qu'exubérant difficile de faire autrement que dans l'humour. Et pourtant... La série glisse tout doucement vers le drame et finie en apothéose avec cette saison 6 qui vient dépeindre un personnage tel que Saul comme un individu de la pire espèce sans morale ni éthique qui finira par subir ce qu'il mérite. Et pourtant on s'est attaché à lui, on a rit avec lui, on a eu de la compassion pour lui. Bref on a adoré le détester et c'est là ou la série tire son épingle du jeu. Une fois de plus Vince Gilligan nous prouve son talent à nous attacher à des personnages aussi odieux que Walter White ou Saul Goodman. C'est un paradoxe intelligent et maitrisé qui nous fait même remettre en question parce qu'en s'identifiant et s'attachant à ce genre de personnages la morale finale vient forcément donner le ton de "leçons de vie". Je trouve même que Better Call Saul est plus subtil sur ce point que BrBa (même si je n'ai rien à reprocher à BrBa qui est sans aucun doute un chef d'œuvre de série) car celle-ci ne nous laisse clairement pas envisager une seule minute la touche dramatique aussi développée qu'elle est dans la saison finale renforcée par la touche Noir et blanc. Les ressemblances sont pourtant bien là avec BrBa dans cette lutte de vengeance excessive, le prêt-à-tout risquer, quoi qu'il en coute mais le rythme s'accélère progressivement en laissant toujours au premier plan Saul Goodman apparaitre presque comme le gentil innocent entouré de mafieux. Loin de là, Saul Goodman est peut-être un clown au premier abord mais comme WW dans BrBa, il est plus que malin voir même intelligent sur certains aspects et connait les failles de la justice. Preuve en est avec le procès final de la série qui viendra appuyer non seulement ce fait mais à quel point son implication dans le crime organisé fait froid dans le dos. L'écriture est parfaite...
Sinon encore une fois de plus, Vince Gilligan soigne la narration comme il sait si bien le faire et renforce l'histoire de chaque personnage les rendant haut en couleur. Même ceux déjà connus tel que Fring ou encore Mike, les Salamanca.. etc.. Cela ajoute une profondeur non négligeable et arrive même à donner encore plus de poids à Breaking Bad en renforçant une fois de plus le côté dramatique. Mention spéciale également pour les nouveaux personnages de cet univers tel que Kim Wexler (parfaite dans son rôle, bravo), le frère de Saul Chuck ou encore Nacho... Chaque personnage à son poids dans l'histoire.. C'est vraiment bien maitrisé.. J'ai beaucoup aimé également le parallèle des relations amoureuses entre Saul et Kim et WW et Skyler. Je n'en dirai pas plus au risque de spoiler mais leurs destins liés et les différences de décisions entre Kim et Skyler à propos de leurs conjoints respectifs renforcent encore une fois le poids des actes de Saul et WW. C'est du génie.. Au risque d'exagérer Better Call Saul s'affirme quasiment à la même hauteur de BrBa.. Le ton est simplement différent sur le lancement de la série et peut en dérouter certains mais la transition vers BrBa se fait sur un rythme parfait. Une fois de plus on assiste à une descente aux enfers et Vince Gilligan soigne la réalisation avec une touche de Tarantino. Même les plans sont poétiques. Cet homme à un talent fou et il l'a prouvé avec Better Call Saul car c'était un pari osé que de lier cette nouvelle série à BrBa qui s'élevait déjà au panthéon des œuvres cultes...