À l'image de son aïnée, Better Call Saul se conclue donc sur une saison finale brillante de bout en bout. Je me suis longtemps demandé comment ces deux séries ont-elles pu atteindre un tel niveau d'excellence et je pense avoir trouvé la réponse : leur simplicité .
Vince Gilligan et Peter Gould ont eu l'intelligence de toujours s'en tenir à une proposition simple se concentrant ainsi sur l'essentiel à savoir l'écriture des personnages, la mise en scène et l'interprétation. Rien de plus, rien de moins. Cela leur a permis une grande marge de liberté quant à l'évolution du scénario puisque celui-ci n'est uniquement régit que par les choix des protagonistes. Il suffit de savoir donner suffisamment de substance à ces derniers pour leur offrir différentes perspectives d'évolution tout en gardant une cohérence. Et Dieu sait que nos showrunners savent y faire à ce niveau-là ! J'avoue préférer ce genre de procédé narratif à un scénario solide pré-établi où les personnages ne sont finalement que des pions.
J'ai particulièrement apprécié l'écriture du personnage de Kim Wexler qui m'aura beaucoup surpris surtout à partir de la 5ème saison. Je m'attendais clairement à ce qu'elle plaque Jimmy après les mensonges autour de Lalo et son comportement envers son frère. C'était assez inattendu et pourtant parfaitement vraisemblable compte tenu de leur relation. Nacho aura également su marquer les esprits tant le personnage est ambigü, à la fois dur et touchant. Et la cerise sur le gâteau : Lalo Salamanca. Personnage insoupçonné mais tellement à l'image de l'univers : manipulateur, inquiétant et en même temps sympathique. Une excellente source de tension pour les deux dernières saisons qui aura abouti à l'un des épisodes les plus crispants qu'il m'ait été donné de voir.
Ensuite, il y a bien sûr la réalisation au combien élégante et singulière qui à mes yeux a surpassé celle de Breaking Bad. J'aime tellement cette manière d'amener un tension progressive à partir de trois fois rien.
On pense tout de suite à l'incroyable fin de l'avant dernier épisode de la saison 5 avec cette première rencontre entre Kim et Lalo. Ou encore aux deux épisodes de mi-saison 6... Pour ma part il y a aussi eu l'épisode "Nippy" de la saison finale qui certes n'est pas le plus mémorable mais contient quand même une scène de cambriolage à la fois comique et d'un suspens qui m'a une fois de plus fait douter de l'issue.
Et ça ne s'arrête pas là. On retrouve également ces introductions dont seuls Breaking Bad et Better Call Saul ont le secret qui prennent le temps de poser une atmosphère suscitant immédiatement l'intérêt du spectateur avant de lancer l'épisode. Ou encore ces moments contemplatifs, sans dialogues où tout passe par le jeu d'acteur et ce jusqu'à la toute dernière scène de l'épisode final... tout cela va tant me manquer...
Je n'ai même pas parlé du meilleur. Le jeu d'acteur. Il faut déjà le faire pour créer des personnages aussi iconiques mais ils ne seraient rien sans les comédiens pour les tenir. Je ne trouve pas une seule fausse note là dessus. Tous sans exception incarnent à merveille leur rôle y compris les secondaires. Rhea Seehorn est une révélation, Michael Mando également, Jonathan Banks et Giancarlo Esposito m'ont immédiatement fait oublié les quelques rides qu'ils ont pris mais alors Bob Odenkirk... Le personnage est tellement gris qu'on ne sait jamais comment se placer par rapport à ses actions et ce jusqu'à la fin à contrario de Walter White. J'ai tellement adoré suivre toutes ces manigances toujours filmées avec soin et dans les moindres détails...
Enfin voilà c'est fini. Je ne vais pas extrapôler davantage désormais car tout a déjà été dit de toute façon. Il va falloir de nouveau faire le deuil de ce qui est sans doute la meilleure série de sa génération. Nous ne sommes clairement pas prêt de retrouver une oeuvre de cette envergure de sitôt dans le paysage télévisuel.
Better Call Saul aura, à l'instar de sa grande soeur, su se bonnifier sur la durée pour atteindre l'excellence tel un grand cru.