Musique d'intro de la série.
Dans le monde des séries d'animations pour adultes avertis, Bojack Horseman connut en 2014 un succès d'estime qui poussa le groupe Netflix à commander une seconde puis une troisième saison.
Arrivé à la fin de la deuxième saison, que retenir des aventures de ce cheval antipathique, alcoolique, égocentrique et expert dans l'auto-apitoiement ?
Arrivant sur un terrain déjà fort bien occupé, allant des Simpsons à American Dad en passant par Futurama et autres Archer, la série de Raphael Bob-Waksberg a su creuser son trou en mélangeant une pincée de Family Guy, quelques ingrédients d'un Archer le tout en centrant son propos sur la vie d'un ex-acteur de soap usé, sorte de mélange pas si improbable entre Matt leBlanc et Charlie Sheen.
Bojack Horseman est un grand enfant, incapable de surmonter ses petits traumatismes d'enfance, il aborde la cinquantaine dans la dépression la plus totale, ne faisant la une des tabloïds qu'à l'occasion de ses déboires et excès. Cynique et égocentrique, l'ex-star de la série comique des années 90 Horsin' Around n'a plus jamais retrouvé sa gloire passée. Honni par tous, l'insupportable canasson dont l'évolution s'est arrêté à l'âge de ses vingt ans cherche constamment à attirer l'attention des autres afin d'exister.
Se voulant peinture critique du monde Hollywooien la série nous délivre un portrait drôle amère de cette société de grands enfants narcissiques égocentriques à la capacité émotionnelle ridiculement minuscule. Entre gros profits et caprices ridicules, vanité et avidité, Los Angeles et son élite dorée se donnent en spectacle. Raphael Bob-Waksberg convoque pour ce faire un panel de personnage amusant, allant du nègre littéraire Diane Nguyen - mise en voix par la délicieuse Allison Brie - jusqu'au parasite bourré de psychotropes qu'est Todd Chavez judicieusement personnifié par Aaron Paul. Reste le grand rival de Bojack, Mr.Peanutbutter, Golden retriver expansif et joyeusement idiot et Princess Caroline, un chat rose / agent de star impitoyable qui entretient avec Bojack une relation particulière.
Le casting vocal est léché, la palme revenant à Will Arnett dont la voix rocailleuse convient parfaitement au personnage de Bojack. Toujours juste, il donne une sacrée envergure au personnage, balançant avec conviction des répliques stupides au possible, parfait dans le rôle du grand enfant qui rappelle beaucoup son personnage dans Arrested Developpement.
Malgré son animation rigide et son style cartoonesque, Bojack Horseman parvient à attacher son spectateur sans accrocher autant l’œil qu'un Archer dont le style particulier démarque rapidement la série. Raphael Bob-Waksberg mise beaucoup sur l’anthropomorphisme comme gimmick visuel et la thématique. On notera tout de même quelques utilisations de la 3D au rendu très chouette et qui apportent un vrai plus visuel.
Côté thématique, la série enfonce des portes ouvertes en jetant un regard critique sur le star-système, sur le statut de ces enfants rois que sont les acteurs, sur l'indécence et l'étalage de fric, sur le constant besoin d'attention et la déprime qui guette les acteurs lessivés qui tentent un come-back, ne pouvant exister qu'à travers le regard d'autrui et la reconnaissance du public. Au demeurant, la série aborde ces sujets par le prisme de l'humour, humour insolent et effronté qui fait un doigt d'honneur au bon goût amusant. On regrettera que l’anthropomorphisme reste au stade de moyen de démarcation vis à vis des autres séries, plus visuel qui n'a pas plus d'impact au niveau de la caractérisation des personnages, à l'encontre d'un Fritz the Cat ou d'un Blacksad.
Si dans le monde des comédies d'animation pour adultes on aura vu mieux, l'humour grinçant du cheval-acteur a le mérite de faire rire et la série impose sa patte avec brio.
Raphael Bob-Waksberg réussi à rendre attachant son casting d'égocentriques à la dérive et l'humour ne faiblit pas tout au long des deux saisons tout en parvenant à instaurer quelques rituels et gags récurrents intéressant.
Bojack Horseman vaut le détour, indubitablement.