Bonding
6.2
Bonding

Série Netflix (2019)

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Toujours prêt à nous rendre esclave du binge-watching, Netflix ne cesse d’innover, notamment avec de nouveaux formats courts. Bonding se présente ainsi comme un concentré d’épisodes de 12 à 20 mn. Cette nouvelle stratégie permet d’enchainer vite et donne l’envie d’arriver à terme, que l’on apprécie ou non le contenu. C'est vrai, s'il ne reste que deux-trois épisodes, autant aller jusqu'au bout.


Là où Bonding est particulièrement bonne, c’est dans sa capacité à instaurer une véritable ambiance en si peu de temps. Pour les sitcoms comiques classiques, il est plus aisé de capter l’attention du spectateur en 20 mn, l’humour étant le moyen le plus efficace pour cela. Mais pour une série avec un thème aussi casse-gueule et un humour à froid, l’exercice est particulièrement difficile. Bonding y arrive haut la main et nous happe en quelques minutes avec sa réalisation sensible et intimiste, et son approche documentariste (on a souvent l’impression de tomber sur Viceland). L’interprétation est aussi très bonne et les personnages particulièrement singuliers, surtout Brendan Scannell et son charisme atypique. A part Tiff, notre dominatrice, qui je trouve reste un personnage cliché et particulièrement fantasmé, tous les autres sont crédibles et pourraient être ancrés dans notre quotidien. C’est donc non sans déplaisir que j’ai regardé jusqu’au bout.


Le point faible de Bonding toutefois, c’est de ne pas savoir dépasser le stade du comique de situation. On sent bien la portée politique de certains sujets, la volonté d’enrichir le propos, de balancer quelques messages engagés derrière l’absurdité apparente. Pourtant, tout est fouillis, succinct, à peine effleuré. Bonding finit même par provoquer l’effet inverse de ce qui semble être son intention initiale : Par sa mise en situation foutraque, les différentes sexualités décrites se limitent à des pratiques bizarres dont on ne peut en tirer que la moquerie (même si, ok c'est franchement hilarant à certains moments).
Il aurait été plus judicieux de se centrer sur un seul fétichisme par épisode, plutôt que d’exhiber des pratiques sexuelles sans aucune suite logique et de façon souvent gratuite (car l'humour trash y est aussi parfois poussif).
Tout n’est qu’excuse à provoquer le rire, et on tombe souvent dans le graveleux/rasoir. Alors lorsque la série se met à évoquer le harcèlement sexuel, l’injonction de l’homme à être viril et l’objectification de la femme, le spectateur est rapidement décontenancé et ne sait plus quel regard porter sur le contenu.



« Être dominatrice, c’est bien plus qu’attacher quelqu’un. Tout réside dans le nœud (de la corde avec laquelle elle attache ses partenaires). C’est la corde contre sa peau, le sentiment de sécurité et de danger si elle est lâche. La virilité est contraignante en soi. Ce qu’on attend de toi : domination et pouvoir, manque d’émotions. Du coup, les hommes viennent me voir pour fuir cette prison sociétale. Quand le
patriarcat sexuel sera mort, alors tous les genres seront égaux. »



Voici le parfait exemple de discours, maladroit et à développer certes mais non moins intéressant, qui tombe juste avant une scène d’uro bien grasse et gratuite. Ce chaud/froid constant et mal géré finit par nuire à l’intégrité de la série : on ne sait vraiment si elle se prend trop au sérieux ou pas assez. On ne peut donc qu’en ressortir mitigé.
J'ai souvent eu l'impression de voir une très mauvaise version de Girls de Lena Dunhan (en même temps, difficile de rivaliser).

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5
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le 29 févr. 2020

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5 j'aime

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