Éduquer par la vulgarité semble la nouvelle niche Netflix ; après Sex Education, voici venir Bonding, preuve s’il en fallait encore trouver de l’assaut exercé par l’identité et le communautarisme sur la culture actuelle. Il est terrible de constater que tout est amené aujourd’hui à se démocratiser, à être accessible au plus grand nombre en recourant, si besoin, à des couches de vernis qui donnent l’impression d’errer dans un kaléidoscope de filtres Snapchat. À l’honneur ici, le sadomasochisme, vaste prétexte peinturluré à une tambouille des genres sans queue ni tête (surtout sans tête), puisqu’il ne bénéficie d’aucune réflexion ni profondeur. Le sujet est effleuré, porte ouverte au voyeurisme de bas étage délivrant cet étrange sentiment de faire défiler les créations pop’art d’un collégien en plein éveil des sens. L’usage de la couleur et de la lumière échoue à trouver une quelconque signification, car de couleur il est question partout ; or, une désaturation du quotidien aurait permis, par exemple, de relever le temps onirique du fantasme. Ne cherchons pas trop loin dans une série aussi dépourvue de vision. Et encore une fois, le second degré n’annihile en rien la bêtise et l’indigence d’un ensemble trop hasardeux et grossier pour convaincre, réduisant le sujet qu’il prétend traiter à une collection de scènes au montage brutal – seul élément de brutalité dans une série aussi aseptisée – qui chasse les figures et les enjeux comme un index fait défiler sa story sur son réseau social.