Je viens de finir de regarder Breaking Bad au bout de six mois (interrompus entre temps par la fin du visionnage d'une autre série que j'avais fait traîner), et j'ai réussi à ne pas me faire spoiler (dur avec une série d'une telle notoriété quand tout le monde en parle autour). J'en ai entendu parler il y a quelques années et l'histoire m'intéressait, je m'étais dit que je regarderais un jour, puis j'ai vu de plus en plus à quel point cette série était aimée donc je me suis finalement décidée, un jour où j'étais malade et que je n'avais rien d'autre à faire. (D'ailleurs, c'est une TRES, TRES mauvaise idée que de commencer à regarder Breaking Bad quand on est malade et qu'on tousse, sachant que les premiers épisodes sont ceux où Walter tousse le plus)
J'ai bien vite compris d'où venait le succès de cette série, qui a des qualités scénaristiques et de réalisation que n'ont pas la plupart des séries (ce qui ne les rend pas mauvaises, simplement on voit bien la différence par rapport au format "habituel"). Sans être addictive dans mon cas, je l'ai trouvée intéressante à suivre, certains épisodes laissant plus de suspens que d'autres, et les 45 minutes ne se font jamais sentir. Il y a cet esthétisme que j'apprécie (les plans WTF avec Jesse qui "plane" littéralement ou la caméra qu'ils ont été placer on ne sait où, la caméra qui "tremble"...) puis on s'attache à l'histoire, aux personnages qui ne sont quand même pas si spéciaux que ça à la base.
C'est donc l'histoire de Walter White qui décide de produire de la drogue afin de laisser de l'argent à sa famille quand il mourra car il a un cancer. Enfin, ça, c'est l'excuse. Excuse que Walter fournira tout le long de la série pour justifier ses actes, que ce soit devant sa femme ou même à lui-même. Mais qui donne cette raison en premier ? Ce n'est autre que Krazy 8, qui est le premier auquel le héros révèle qu'il a un cancer, qui est aussi l'un des premiers qu'il tuera. Et enfin, lors du tout dernier épisode, devant Skyler, Walter admettra qu'il a fait ça avant tout pour lui, parce qu'il aimait ça. Et l'évolution du personnage est effrayante. Qui eût cru que ce gentil prof paumé qui découvre qu'en plus il est cancéreux devienne un baron de la drogue (en moins d'un an, ceci ne choque personne) ? Est-ce le milieu qui le rend comme il l'est à la fin ou n'était-ce qu'un instinct caché en lui qui ne demandait qu'à se réveiller ? Tout porte à croire que la seconde réponse est la bonne. Car dès le premier épisode, Walter se complaît dans son travail et tue même un homme. Bon, il a un peu peur, mais c'est déjà ça. L'autre indice est Jesse. Celui-ci aura beau rester associé à Walter jusqu'au bout, il restera un être moral qui a des regrets, des remords, des doutes, des angoisses, des colères, qui réagit à fleur de peau et ne demandera qu'à revenir à une vie normale, malgré lui. Walter, lui, deviendra de plus en plus froid et sans scrupules. Du meurtre pour éviter d'être tué, on passera au meurtre pour assurer ses arrières et éviter d'être possiblement tué pour arriver au crime passionnel (qui heureusement ne sera pas commis).
La relation Walter-Jesse est une des choses les plus intéressantes de cette série. Toujours entre amour et haine, entre étreinte et volonté de meurtre, on s'amuse, on s'étonne, on a peur de la violence entre ces deux personnages, qui possèdent pourtant un lien indescriptible et qui resteront complices jusqu'au bout malgré eux. Chaque déchirement est un drame car on se demande s'ils pourront se retrouver un jour, chaque retrouvaille est accueillie avec euphorie en attendant ce que les protagonistes nous réservent, chaque moment complice est merveilleux, car ces moments-là sont les plus comiques. Je pense que Jesse est le personnage que je préfère, toujours humain et touchant, pas très débrouillard mais toujours animé par son coeur. Et sa fin, il la mérite bien.
Parlons des autres personnages. J'ai vu que beaucoup de "fans" haïssaient Skyler. Je ne comprends toujours pas pourquoi. Elle a simplement la réaction d'une femme normale qui apprendrait que son mari est dealer. Elle se retrouve bloquée dans cette situation et commence une descente aux Enfers tandis que parallèlement son mari devient de plus en plus puissant. Oui, elle exprime son désaccord, et elle a raison. J'aime bien Hank qui a un bon fond même s'il est un peu le beauf de service et qu'il reste légèrement manichéen (pourtant vu son travail il devrait bien savoir ce que c'est mais bon). Saul est juste excellent et c'est une bonne idée de faire une série dérivée sur lui, car ses passages font partie des plus comiques (avec les passages Walter-Jesse bien sûr). J'ai juste adoré Gus Fring dès le moment où on le découvre, il n'a vraiment pas une tête de méchant. Mike devient sympa à partir de la saison 4 aussi. Puis Lydia est cool.
Parlons maintenant de l'enchaînement de tout ça, et là j'émettrai quelques critiques. Certains épisodes sont vraiment captivants, on attend impatiemment le déroulement et les événements s'accélèrent, comme le premier épisode, le début de la saison 5 ou quand Hank découvre le secret de Walter... Et d'autres moments rament complètement, telle la saison 4. Vous vous rendez compte que cette saison n'est basée que sur un truc : tuer Gus Fring ? J'ai beau aimer ce personnage, au bout d'un moment ça devient lassant (même si je n'ai rien à redire sur la façon dont il meurt). Puis il y a des moments où le suspens est carrément brisé. Par exemple quand Hank révèle à Jesse qu'il sait que Heisenberg est Walter, on s'attend à un truc grandiose, qu'il le fasse mijoter un peu, qu'il y ait un dialogue à double-sens... Et bien non, tout simplement : "je sais que c'est mon beau-frère".
En résumé, une série d'une rare qualité qui se laisse bien regarder mais qui n'est parfois pas très équilibrée... Je comprends qu'elle soit aimée mais c'est quand même pas la meilleure série de tous les temps. (ah puis depuis le début je m'attendais à ce que Walter meure de son cancer, comme quoi)
