Broadchurch par Gaby Aisthé

Well well well.
David Tennant pour moi, c'est le Docteur. Bien que je n'ai pas vu beaucoup de ses épisodes, j'avais cette image de lui et cela faisait quelque semaine que l'envie de le découvrir dans un rôle plus sombre et plus réaliste me titillait. Or, il ne faut jamais se laisser titiller trop longtemps alors hier, j'ai sauté le pas.
Pour me farcir les 8 épisodes en deux jours :)

Première chose à savoir, cette série est britannique, il n'y à pas à se tromper. Et pas juste parce que l'action se pase dans un petit patelin paumé d'Angleterre. Non non, ici, on est vraiment sur de l'anglais.

Déjà, le format de la série : 8 épisodes de 45 mn, nous avons déjà un bon point. Et en prime, ces 8 épisodes ne racontent qu'une seule enquête. Bingo !

Pourquoi Bingo ? Parce qu'avec ce genre de format, on nous laisse le temps de bous familiariser avec les personnages. Pas justes les gentils super héros super mignons (qui ne sont d'ailleurs ni super ni mignons), mais aussi avec la famille de la victime, leur entourage, les présumés méchants qui ressemblent à vos voisins et qui, en bons voisins, ont tous quelque chose à cacher et sont tous persuadé qu'ils sont bien meilleur que les autorités.
Bref, nous avons le temps de rentrer dans la série, de chercher nos propres indices, de ne pas se laisser porter par une action trop rapide et une chute d'indice digne du Niagara.

Parlons ensuite de l'histoire. Ici, rien de spectaculaire. Un enfant retrouvé mort, tout simplement. Pas de grands effets spéciaux, pas d'intrigue tirée par les cheveux, pas de machiavélisme, juste une affaire "normale", comme la police en traite trop souvent.

En ce qui concerne les personnages et les acteurs, je me suis trouvée ici fasse à une agréable surprise.
Grosso modo, chaque personnage est l'occasion de se pencher sur un suspect, et donc de creuser un personnage. Mention spéciale pour les personnages de Jack et de Susan, aux backgrounds assez chargés, et qui ont l'intérêt de présenter certains aspects intéressants du comportement humain, et notamment le côté moralisateur. " je ne te connais pas mais les rumeurs disent que tu es mauvais, donc j'ai le droit de te lapider car tu l'es !", "tu as côtoyé un monstre donc tu dois en être un toi même : si j'avais été à ta place, j'aurai su !" Au quotidien nous pouvons être amené à suivre des préjugés, à avoir des idées bien forgées et une ligne de conduite que l'on juge être la meilleur, mais ces préjugés, ces idées, ces certitudes peuvent faire beaucoup de mal et la série en profite, mine de rien, pour nous glisser à l'oreille un petit "ne juge pas trop vite", qui, sans être moralisateur, est plutôt bien amené.

Enfin, je m'égare. La réelle découverte de cette série pour moi est l'actrice principale, Olivia Colman.
Mea culpa, j'avais de gros doutes à son sujet dès le départ. Son personnage est frustré et franchement pas à la hauteur de la situation, ce qui pouvait être dangereux. Ceci dit, Colman fait preuve d'un grand talent et nous montre une DS Miller qui évolue tranquillement mais surement et s'endurcit au contact de ce petit merdeux d'Hardy.
Nous la voyons tour à tour perdue et un peu péquenaude, forte et noyée par sa position dans l'histoire et ses sentiments. Un très joli rôle soutenu avec brio.
Sa performance à même, selon moi, surpassée celle de Tennant en Hardy.
Tennant ne démérite cependant pas et dépeint un détective grincheux et au passé un peu sombre qui vient entacher sa réputation, sa façon d'être et sa santé. On remerciera les producteurs et scénaristes de ne pas avoir fait dans le pathos (du type flic alcoolique ayant perdu toute sa famille dans un drame horrible et qui enchaîne bourde sur bourde) et de ne nous donner que quelques pistes pour mieux comprendre le personnage.

En ce qui concerne la mise en scène, elle nous propose vraiment de belles images. Certains pourront rétorquer que les plans au ralentis et les contre jours sont un peu trop nombreux, mais leur esthétiques permet de très bien les incruster dans la série et de participer à lui donner un rythme qui, sans être soporifique, reste posée. Nous avons le temps de réfléchir, de ressentir, de nous laisser émouvoir par certaines scènes, et le résultat est émotionnellement, visuellement et intellectuellement réussis.

Un petit bonus également pour la musique, qui m'a vraiment hypnotisé, happé, bref, que j'ai adoré.

Mon seul regret à vrai dire (oui, je sais, je chipotte), est un final un peu rapide. Je ne veux spoiler personne ici, donc je ne rentrerai pas dans les détails, mais nous aurions put être témoins des recherches de Hardy quant à son dernier suspect, l'arrestation arrivant un peu trop vite. Ceci dit, l'interrogatoire et le final, la manière dont chacun encaisse la nouvelle, est vraiment très belle et très poignante.

Une excellente série policière donc, avec des acteurs plein de talent, une bonne réalisations, de très belles scènes et une musique magnifique. Que demander de plus ?