Un récit scotchant !

La série peut sembler se traîner un boulet compliqué avec le jeune garçon qui s'attache à une claymore, qui n'a aucune force à amener au combat (même si dans un coin de notre tête, on se dit qu'il pourrait devenir un futur claymore masculin par exception) et qui pleure tout le temps. Les scènes de pleurs dans la VF sont aggravées par les voix aiguës. Mais, c'est à peu près le seul défaut sensible de la série et le garçon est même écarté pour un certain nombre d'épisodes. Dans les premiers épisodes, on sent le mélange de génie avec quelques faiblesses, mais au fur et à mesure on ne remarque plus vraiment de faiblesses. Le traitement psychologique des personnages est original et efficace. Les combats sont commentés et il y a une intelligence des astuces ou de certaines formes de combat. Les transformations bestiales sont saisissantes. D'ailleurs, le manga Claymore et cette série animée du même nom sont des sources d'inspiration évidentes pour le manga qui a fait un bon démarrage avant d'un peu errer Tokyo Ghoul et aussi pour le succès de l'année Kimetsu no yaiba. Le format court en 26 épisodes peut être accusé de trahir le manga, mais du coup on a un bon récit qui a de bonnes proportions, on n'est pas pris dans un récit interminable. Et puis, cela donne un prétexte à aller lire le manga qui a des différences et toute une suite.
Le graphisme, les images et leur ambiances, c'est vraiment très bon. La musique, à part deux morceaux un peu hard rock, et deux trois morceaux avec de l'électronique ou un côté rythme techno, c'est génial également, on a la musique de base d'un film américain sur le même sujet, et c'est super bien intégré, tout en étant assez discret. Il y a un truc original sympa, c'est le travail sur les percussions avec deux emplois originaux que je souligne. A quelques reprises, on a des percussions pour souligner ironiquement qu'un personnage s'en sort mal, humour cruel qui passe super bien, et on a aussi à un moment donné un personnage qui fait son rapport à un autre, et comme nous spectateurs sommes déjà au courant, on remplace ce qu'il dit par un roulement de tambours qui fait ellipse entre deux moments où les personnages se parlent entre eux.
J'ai remarqué pas mal de phrases bien senties, mais je ne les ai pas relevées au fur et à mesure, même parfois des phrases qui ont l'air bêtes ont une bonne résonance, genre "Et c'est pourquoi je ne peux pas m'empêcher de devenir un monstre." Il y en a d'autres : morales de vie, morale pour le courage face aux combats et aux situations désespérées, etc. Le récit est complètement prenant, le scénario fait bien accepter les variations de forces, lesquelles variations changent par ailleurs rarement du tout au tout les situations. Il n'y a que dans le dernier épisode, non respectueux du manga, qu'on a un combat qui se résout un peu trop simplement. La tension est constante, on a aussi un bon mélange des drames et des scènes où les héros s'en sortent, c'est jamais un mouvement de balancier trop tranché, c'est pas trop l'un et un peu de l'autre pour compenser, non le récit se déroule efficacement, sans qu'on ne pense "Tiens! là, il gère le dramatique, là il gère une issue heureuse !" Tout se fait naturellement. Il y a juste l'agacement qu'on peut avoir quand une scène se résout par un apaisement provoqué par des larmoiements gnangnan. Mais ça passe vraiment comme un défaut mineur dans l'ensemble. A la différence de bien des séries qui montrent des héroïnes fortes par une sorte d'abus du fantasme sexuel, ici le fait que les claymore soient quasi exclusivement des femmes est bien justifié scénaristiquement, et on suit vraiment une psychologie de groupe de guerrières féminines. C'est un des cas rarissimes où l'emploi de super héroïnes est parfaitement crédible, et en plus porteur, significatif dans la logique du récit. Il y aurait peut-être à revoir une relative confusion dans les combats où les personnages sont nombreux, car dans ces moments-là il faut identifier les groupes, les personnages, savoir où tout en est à la fois, ce que ne facilite pas le contexte nocturne des images... Sinon, je me suis régalé, c'est un vrai scénario bien senti.