Morale à géométrie variable, ou l'hypocrisie de l'antiracisme.

Passons rapidement en revue la série, pour nous attarder ensuite sur le fond, soit le racisme et la morale. Peu de spoils seront présents sur la série en question, mais si vous préférez garder immaculé votre visionnage, fuyez. Pas plus de politiquement correct, je ne donne que mon avis et ma vision des choses, basées sur mon expérience de vie et ce qui forge à peu près ma culture.

On suit donc ici les déboires juvéniles de Colin Kaepernick, contre lequel toute l'Amérique semble s'être liguée (selon lui, bien sûr), qui rêve de devenir QB (quaterback) alors que tout le monde voudrait qu'il fasse carrière dans le baseball, ayant un lancé puissant et efficace. C'est trop injuste !

Si la partie sportive est intéressante - bien que les phases de jeux soient plutôt rares, ses histoires de cœur et autre bal de lycéen sont absolument inintéressantes, tout comme son apprentissage de la conduite.

Qu'on s'entende, je ne remets pas du tout en question les problèmes de racisme aux Etats-Unis, mais je doute quand même que tout le monde y soit raciste, ce que cette série semble tenir pour un fait établi. Le privilège Blanc, typiquement, qui est un concept absolument inexistant selon moi en Europe aujourd'hui, tout au contraire... On se demandera au final ce qui est véridique ou non dans tout ce galimatias victimaire, car oui, Colin aime bien faire son Calimero. Même les parents adoptifs de Colin en prennent pour leur grade lorsqu'ils critiquent les tresses afro nouvellement tissées par leur fils, qui le font ressembler à un voyou selon eux.

Mais où ça me pose problème, c'est quand on vient à parler de racisme sur des choses spécifiques, par exemple quand Kaepernick explique que les quaterback sont toujours sélectionnés selon le modèle des coachs, c'est-à-dire des hommes Blancs. On peut faire ici le lien avec la série Friday Night Lights, où un coach est sévèrement pris à parti par les médias et la population après des propos douteux, celui-ci décrivant les hommes Noirs comme ayant des qualités physiques supérieurs (raciste !!!), mais cela étant insuffisant pour être crédible il rajoute évidemment qu'ils sont des animaux enragés. Question accessoire: est-ce que le titre du film Les Blancs ne savent pas sauter (un film qu'Obama adore) est raciste ou pas ?...

Cette question épineuse d'ethno-différentialisme, qui divise encore la communauté scientifique aujourd'hui, est intéressante pour son angle de vue sur lequel on se place: dire que les Noirs ont des aptitudes physiques supérieurs est raciste, mais dire que les Blancs sautent moins haut que les Noirs ne l'est pas. On peut citer ici l'ouvrage « Tabou. Pourquoi les athlètes noirs dominent en sport et pourquoi nous avons peur d’en parler », que je n'ai pas lu mais qui avait fait grand bruit à l'époque.

On peut encore faire le parallèle avec le basket et dire que ce sport n'est pas vraiment dominé par les Blancs aujourd'hui, si on voulait jouer la victime façon Colin... Ce n'est pas sans me faire penser à celles qui sont antiracisme mais ne couchent qu'avec des Noirs (j'en ai croisé quelques-unes), ce qui par définition est raciste, mesdames, au passage.

Voilà pour ce qui est du fond, où il y a matière à débat.

Mais finalement, ce qui me dérange le plus avec cette série Colin en noir en blanc, dont la réflexion est aussi absente que les couleurs dans le titre, c'est la cohérence de la morale de ce "héros". Car oui, M. Kaepernick a été loué par les médias pour son courage. Rappelons ici que Kaepernick gagnait quelques millions en NFL, qu'il a touché une indemnité de 8,8 millions d'euros après avoir fait un procès à la ligue qu'il accusait de s'être entendu pour ne plus l'employer après son geste de protestation (refus de se lever pour l'hymne national, ce qui en soit n'est pas interdit), alors que les dernières années de sa carrière ont été vraiment ridicules, ce qui expliquerait plutôt le refus des équipes de l'engager selon moi. Ni héros ni courageux, donc, avec un tel salaire. Même si le geste était noble et que l'avenir lui donnera mille fois raison avec l'affaire George Floyd, il n'en demeure pas moins qu'il n'était pas courageux, simplement justifié.

Cohérence de la morale disais-je, car en surfant sur la Toile on apprend que Colin est féru de sneakers, en plus d'avoir été l’égérie de Nike après son fameux geste. Et pour les moins troglodytes d'entre vous, vous n'êtes pas sans savoir que Nike, avec d'autres grandes marques comme Apple, n'en a strictement rien à faire que des esclaves Ouïghours soient asservis pour fabriquer leur connerie de godasse (Nike ne possède pas d'usine en Chine, et ils ne se préoccupent même pas de savoir qui travaillent pour confectionner leurs chaussures). Et là, que ce soit Colin, grand défenseur des Noirs devant l'éternel, ou Lebron James, pas un de ces Afro-américains superstars n'a le courage de l'ouvrir sur le sujet, pas un geste de protestation, rien. Contrairement à Özil, qui en a payé le prix fort, ou Griezmann qui a cassé son contrat avec Huawei à cause de ça.

En somme, des militants fades qui se cachent derrière un paravent tonique, pour reprendre l'expression de Môrice Bénin. Bref, des pauvres types qui critiquent le système tout en en profitant allégrement.