Un anime unique en son genre

Cowboy Bebop incarnait pour moi l'espoir de réconciliation avec la japanimation, dont j'apprécie certains aspects tout en étant lassé d'autres. Il promettait un anime unique en son genre, plus mature, sérieux et intelligent. Le visionnage a permis de corroborer mes intuitions.

D'emblée, cet anime se différencie des autres. Le générique d'ouverture, tout en jazz et inspiré, entre autres,de James Bond, nous plonge dans une ambiance singulière. Les références cinématographiques sont nombreuses : entre Alien, 2001, Pierrot le Fou et des films de gangster Cowboy Bebop puise son inspiration dans la culture occidentale, en particulier le cinéma des années 70. Il en tire le meilleur pour nous fournir un résultat très convainquant, au-delà des clins d’œil. Ainsi, ce mélange de science-fiction, western, gangster et film noir façonne un univers crédible.

Ce fond est complété par une excellente forme. Malgré son âge (presque vingt ans déjà !), cet anime ne subit que peu le phénomène de vieillissement. Pour cause, il mêle adéquatement les qualités de la "vieille" animation (avec l'utilisation des couleurs "chaudes") avec la récente, usant des couleurs vives. Il représente parfaitement cette transition : sans être particulièrement fluide, l'animation se révèle très bonne. Les décors sont détaillés, certains plans paraissent même cinématographiques. Je déplore seulement quelques incrustations 3D assez moches, notamment pour les planètes. Mais bon, à cette époque, ça devait faire moderne, donc c'est pardonnable. L'OST est évidemment au top, nous livrant des morceaux variés et immersifs.

Tous les "clichés" ne sont pas dérangeants. Par exemple, les quatre personnages principaux auraient pu se résumer à un archétype : le héros sombre et mystérieux, le badass au grand cœur, la femme en petite tenue arrogante et la gamine insupportable. Pourtant, chacun d'entre eux est traité avec justesse : leur passé est révélé au fur et à mesure, sans aucune lourdeur. Ils forment une bonne alchimie, ayant chacun leurs moments de gloire au fil de l'épisode.

D'ordinaire, je déplore les stand-alone quand ceux-ci constituent la majorité de la série, préférant les fils rouges. Or, ici, les épisodes "fillers" composent la majorité des épisodes sans que cela m'ait dérangé. Il s'agit d'un choix narratif qui se présente comme plus audacieux qu'escompté, car les histoires, parfois inégales et pas forcément originales, valent toutes les coups d’œil pour ce qu'elles racontent. L'amitié, l'amour, le rapport entre l'Homme et la technologie, la manipulation des médias, le fanatisme religieux, le voyage, tous ces thèmes sont développés passionnément, et avec pertinence.

Voilà pourquoi j'ai tant apprécie cet anime. En sus de se différencier des autres, en plus de toutes ses qualités intrinsèques, il a offert d'excellents moments qui combinait le meilleur de son fond et de sa forme.

Je remercie Cowboy Bebop : grâce à lui, je me suis réconcilié avec la japanimation présentant autant de qualités que de défauts. Exit la niaiserie, le racolage et le fan-service : ici, on est en présence d'une série mature et intelligente, à l'ambiance unique et au scénario bien mené. Et ça fait du bien.