La mini-série sur le tueur en série est une vraie réussite. Il faut tout d'abord souligner le fait qu'elle s'éloigne assez peu de la réalité, sans essayer de faire dans le voyeurisme, d'ailleurs la plupart des actes abjectes de Dahmer sont en hors champs et c'est sans doute cela qui va susciter la nausée d'autant que, souvent, on voit la voisine prise de nausée en écoutant le couteau électrique résonner dans l'appartement voisin. Très clairement, la série vise le viscéral et l'immersion du spectateur dans l'esprit dérangé du tueur.

Ce qui est perturbant en revanche, c'est le rythme de la narration. Je parle pas de la lenteur du récit, qui va avec le caractère inéluctable de l'affaire, et participe au malaise que la série suscite, mais bien du fait que l'ordre chronologique n'est pas du tout respecté. Au point, qu'il faut soit connaitre déjà l'histoire du tueur, soit compléter en s'informant sur le sujet pour bien tout comprendre l'enchainement des évènements.

C'est peut-etre le seul défaut de la mini-série. Car pour le reste, elle réussi parfaitement à nous immerger dans l'atmosphère et nous faire comprendre dans un premier temps comment Dahmer est devenu qui il est, tout autant que comment il a pu commettre tous ces meurtres et passer plus ou moins inaperçu (en tout cas pour la police) pour ensuite nous faire basculer à mi chemin du coté des familles des victimes, mais aussi, des victimes. Si la série ne s'attarde pas sur toutes les victimes, un épisode entier est consacré à une victime qui aurait pu changer Dahmer, c'est d'ailleurs d'autant plus horrible d'en constater l'échec même si c'est inéluctable.

Le plus rageant est de voir le nombre d'occasion manquée tant par les parents, autorité, voisins de l’empêcher de continuer. Car Jeffrey est conscient de son anormalité et en fait part à sa famille qui choisi d'ignorer cela, est arrêté plusieurs fois, mis en prison, sans que jamais aucun psychiatre n'intervient, mais le summum est bien sur comment Jeffrey parvient à récupérer une de ses victimes, mineur, grâce à des flics homophobes et racistes. Deux policiers qu'on verra s'en sortir et continuer à être d'horribles personnes quasiment en parallèle au moment où Jeffrey fait preuve d'un semblant de culpabilité.

Ainsi la série nous questionne sur la figure du monstre, ce qui lui permet de vivre et de s'épanouir. A un moment d'ailleurs, elle questionne sur pourquoi l’Amérique créer des monstres pareils. Comme la saison 2 de Mindhunter, la série s'attarde aussi sur la question sociale, pourquoi un tueur en série peut agir en quasi impunité dans un quartier pauvre.

Voilà, on peut souligner aussi le travail de la lumière dessus. Beaucoup de clair obscurs, de lumière jaunâtre assez glauque, mais aussi des instants lumineux, celui de l'interrogatoire de Dahmer est étrangement très lumineux, puis après quand vient l'enfermement, on passe à des lumières froides cliniques. A ceci s'ajoute le travail du soundesign et de la musique qui nous enfonce dans l'obscurité et accentue le dégout chez le spectateur. Enfin, il nous faut aussi saluer la prestation des acteurs, tous sont très talentueux, il n'y a pas une seule fausse note au sein du casting.

Sophia
8
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Les meilleures séries de 2022

Créée

le 3 oct. 2022

Critique lue 38 fois

Sophia

Écrit par

Critique lue 38 fois

D'autres avis sur Dahmer : Monstre - L'Histoire de Jeffrey Dahmer

Dahmer : Monstre - L'Histoire de Jeffrey Dahmer
Mots_Passants
5

Critique de Dahmer : Monstre - L'Histoire de Jeffrey Dahmer par Mots_Passants

Série qui raconte le parcours de Jeffrey Dahmer de son enfance jusqu’à son assassinat en prison le 28 novembre 1994.Il n’y a pas de fausse note (historiquement parlant) et l’interprétation est très...

le 23 sept. 2022

26 j'aime

3

Du même critique

Le Locataire
Sophia
8

Aux portes de la folie

Polansky distille à merveille l'étrange, le dérangeant, l'inhabituel dans ce film aux portes du fantastique et de la folie. Trelkovsky est un jeune homme timide, effacé, poli mais maléable qui après...

le 14 janv. 2011

25 j'aime

Sailor & Lula
Sophia
9

Critique de Sailor & Lula par Sophia

Etant une grande fan de David Lynch ça fait longtemps que je voulais regarder ce film. Il y a deux ans, dans un libraire qui faisait aussi tabac et bar en Bretagne, je remarque ces coffrets qui sont...

le 18 nov. 2010

24 j'aime

5

Eyes Wide Shut
Sophia
10

Critique de Eyes Wide Shut par Sophia

C'est curieux, mais Eyes Wide Shut est mon film préféré de Kubrick. Je sais que beaucoup dénigrent ce film, il faut dire qu'il est vraiment différent des autres films de Kubrick. Dépouillé un peu de...

le 5 janv. 2011

21 j'aime

2