Jamais Ryan Murphy n'aura autant déchargé ses démons et ses obsessions dans une série que dans Dahmer: Monster.
Sous ses apparats de mini série documentaire romancée, Dahmer est possiblement une synthèse de tout les productions de l'homme qui ne s'arrête jamais.
Outre son casting qui laisse apparaître quelques têtes biens connues de ses productions à l'instar du personnage titre qui hante totalement l'acteur principal, le scénario nous rappelle à quel point le créateur de Nip/Tuck, AHS, ACS et autres productions plus abordables n'a jamais cessé d'exprimer sa fascination pour la monstruosité.
Celle de Jef est enfouie, comme les nombreux personnages détestables que Ryan Murphy avait imaginé pour son anthologie horrifique à tel point qu'il serait mensonger d'affirmer que tueur y est humanisé. Sans conteste, La série tente surtout de comprendre l'origine de son mal et de ressentir ses pulsion par le prisme de ses fantasmes, sans jamais excuser ce cheminement.
Il est clairement évident que le recul sur ses antécédents familiaux semble adoucir la situation du tueur mais il n'en est finalement rien. Le récit se déploie essentiellement sur une circonvolution autour de cet être, virevoltant régulièrement de la famille, aux voisins, de ses fréquentations aux familles des victimes tout en imprégnant de temps à autres les situations d'un sentiment de malaise.
Un malaise jamais gratuit, rarement démonstratif et majoritairement en hors champs pour que les quelques vignettes horrifiques priment sur un pseudo voyeurisme qui n'aurait finalement rien apporté. Lorsqu'on connait les excès gore de AHS et la sobriété de ses autres série, on s’aperçoit à quel point Tout cela a été dosé.
Cependant, Dahmer reste la star de la série, une entité maléfique starifiée malgré elle, au travers des nombreux médias, autre obsessions de Murphy que la série met en scène, comme cela avait déjà été fait pour ACS.
Au delà des fausses polémiques qui ne nourrissent finalement que la popularité de la plate forme de Streaming qui la diffusent, Dahmer mérite tout de même son visionnage car elle ne méprise aucun éléments de son sujet et ne creuse jamais le sillon du manichéisme primaire.
Pour parfaire le tout, son créateur s'est une fois de plus permis de placer le public américain blanc frontalement à la l'évolution des minorités raciales et sexuelles au sein du système judiciaire, effleurant suffisamment le sujet pour rappeler à quel point les pseudo monstres désignés de l'époque, ceux que l'on ignorait, que l'on insultait, que l'on rejetait ont été jetés en pâture à un homme blanc dont l'innocence apparente camouflait les pire travers de l'esclavagisme américain et des déviances conscientes.
C'est ce monstre éternel qui envahit tout la mini série et qui nous fait prendre conscience qu'il ne dormira jamais.