Alors soit c'est moi qui devient de plus en plus exigent, ou alors plus lucide, ou les deux, mais voilà encore un K-drama que j'estime moyen plus. C'est encore une série où le multi genre est de sortie: du judiciaire, de la médecine et du thriller. Enfin thriller, c'est pas non plus la folie niveau suspense et j'expliquerai pourquoi, il y a des limites à nous prendre pour des cons que certains scénaristes n'hésitent pas à franchir. L'idée de départ est originale puisqu'elle va faire du notre médecin urgentiste le héros principal. Sur la réflexion à en retenir, je me rapproche beaucoup de celle proposée par Presque qui a bien cerné selon moi dans l'ensemble des idées dégagées par ce "Doctor Prisoner". Niveau dépaysement ne vous attendez pas non plus à de la folie, on restera dans la sobriété. Ici pas de romance ce n'est pas le sujet, quoique...Allez je vous "tease" qu'il y aura de l'amour dans l'air, mais de manière cocasse on va dire. Mais revenons à nous moutons, ou plutôt à nos seringues.
Na Yi-Je(Namkoong Min) est un chirurgien brillant qui travaille au sein d'un hôpital privé en tant que médecin urgentiste. Mais un jour on lui fait porter le chapeau pour une erreur médicale qu'il n'a pas commise, après avoir été désigné comme bouc émissaire dans une affaire de faute professionnelle orchestrée par le directeur de l'hôpital aux ordres d'un fils Chaebol. A la suite de cela il passera deux années en prison avec une suspension d'exercice de la médecine. Déterminé à se venger, il se fonde une légende en aidant les prisonniers durant son incarcération. Libéré, il va alors conseiller des détenus influents pour leur octroyer des libérations conditionnelles, ou mieux, des sursis probatoires en leur provoquant des maladies incompatibles avec des incarcérations. Yi-Je utilise tous les moyens légaux dont il dispose pour arriver à ses fins, c'est à dire de remplacer le directeur médical de la prison, le corrompu Sun Min-Sik(Kim Byung-Chul) afin d'accroître son influence et de faire tomber l'hôpital qui l'a trahi. Car derrière celui-ci se cache le véritable coupable de tous ses maux, le redoutable Lee Jae-Joon(Choi Won-Young). Ce dernier est au cœur d'une lutte de pouvoir pour le contrôle de l'entreprise familiale.
La série commence sur les chapeaux de roue et on est de suite impliqué. Il y a pas mal de zones d'ombres et de mystères autour de notre médecin, pour savoir s'il est bon ou mauvais, ou bien si c'est juste un opportuniste prêt à saisir n'importe quelle perche qui lui permettrait d'atteindre son objectif. L'action se déroule en 2019, mais on aura droit à quelques flashback durant la première moitié du drama pour nous distiller les infos nécessaires à une meilleure compréhension de la situation actuelle. On voit rapidement qu'on navigue dans un monde où la corruption est reine pour gravir les échelons et où les parvenus ne sont pas en reste. Yi-Je est dans une optique de vengeance et il ne va rien laisser au hasard. Non seulement il est très intelligent, mais comme un maitre aux échecs, il a toujours un coup d'avance sur ses adversaires. La première partie pose les bases car on ne sait pas qui manipule qui, et surtout on ne sait pas avec qui il va s'allier et à qui faire confiance. Il pourra compter sur la psychiatre de la prison, Han So-Geum(Kwon Na-Ra) dont le frère qui avait séjourné en prison et dont elle est sans nouvelles, et qui connait le secret de Jae-Joon. Mais également sur Oh Jung-Hee(Kim Jung-Nan), une femme avec le bras long et qu'il avait réussi à faire sortir de prison. C'est vraiment prenant dans l'ensemble.
Après 8 épisodes palpitants dans l'ensemble, le drama va progressivement s'alourdir et se perdre, j'ai envie de dire de me perdre. En effet on ajoute des effets de style narratifs qui viennent plomber l'ambiance et ralentir inutilement le rythme. Voilà, en fait on ne va pas se mentir, on va "meubler". Car le problème des séries à 16 épisodes à une seule intrigue, c'est qu'il faut avoir un scénario en béton armé pour éviter ce genre de piège. Ainsi, on pourra facilement passer du 10eme au 14eme épisode sans problème. Autre truc insupportable: la musique! Non seulement elle est trop forte, mais la plupart elle est omniprésente, c'est beaucoup trop, à croire que le réalisateur s'est fait un kiff, mais c'est plus gênant et énervant qu'autre chose. La série n'offre rien n'exceptionnel dans son déroulé: magouilles, trahison, lutte de pouvoir, on est dans un classique. Il y a plus de suspense au début qu'à la fin un comble. Quant aux rebondissements, à partir du moment où on comprend le "gimmick" récurent, on devine tout à l'avance. Ce qui devient lourd surtout, c'est que à part un moment vers la fin, notre héros n'est jamais en danger, il marche sur l'eau. Dans ce cas comment éprouver de l'empathie envers lui? En fait c'est avant tout un pragmatique qui se fout des dommages collatéraux qu'il pourrait dégager.
Notre Doc est un gars spécial et qui a sa propre conception de la justice. Il n'hésitera pas à faire subir des souffrances physiques aux personnes qu'il utilise, même si elles sont consenties la plupart du temps. C'est le postulat à accepter au départ en fait. Mais il saura se mettre dans sa poche le procureur Jung Ui-Sik(Jang Hyun-Sung), Des moments savoureux seront à déguster quand il fera la connaissance de Jung-Hee, de vrais moments drôles à croquer avec ce "couple" atypique. Kim Jung-Nan est impayable, j'adore cette actrice. Mais il y a beaucoup trop d'acteurs sous exploités car trop nombreux. Quel est l'intérêt dans ce cas de les exposer? Ce que j'ai bien aimé surtout, c'est qu'au final, il n'y a pas de personnages 100% clean hormis peut être la psy. Mention spéciale pour la mise en scène et aussi pour Choi Won-Young toujours impeccable et pour Kim Byung-Chul dans le rôle de ce médecin "collabo" qui mange à tous les râteliers. Ces deux acteurs sont les piliers du drama. J'ai été moins convaincu par Namkoong Min qui a toujours tendance à jouer de la même façon, avec son petit air condescendant, se la jouant constamment dandy. Dommage qu'à un certain moment ça devienne un peu rébarbatif. Pour les amateurs de jeux de dupes, de cynisme et de choix immoraux vous allez être gâté par contre.
Autre déception et pas des moindres, le final: aucune surprise, aucun rebondissement, en fait on vous l'amène sur un plateau, juste quelques séquences où Yi-Je va montrer sa faiblesse (enfin!). Oui parce que si arrivé au 15e épisode, vous n'avez pas encore remarqué que ce gars est indestructible mentalement, il serait temps de se réveiller. Et ce qui n'est pas très crédible c'est que seul dans l'adversité, il balaye tout d'un revers de main. A se demander comment il fait pour tenir tête seul face à tous ses ennemis alors que ce n'est qu'un simple médecin sans pouvoirs, ni réseau, ni argent. A croire aussi qu'il est vraiment entouré d'une bande de guignols dans la façon dont il gère les situations, même les pires. On se fout du politiquement correct dans "Dr. Prisoner": au moins la conclusion n'est pas si convenue que ça sur ce point, on envoie chier les donneurs de leçons. La morale c'est que tous les moyens sont bons pour arriver à ses fins, quitte à utiliser les mêmes armes que ses adversaires et les faire se retourner contre eux. J'aurais bien mis un point de plus, mais c'est trop long et la musique m'a trop saoulé!
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